Arthur Conan Doyle (à cheval sur le XIXe et le XXe siècle : 1859 – 1930) est l’auteur d’oeuvres de sciences fiction, de pièces de théâtres, de romans historiques et de poésie ; mais il est surtout mondialement connu pour les romans et nouvelles mettant en scène Sherlock Holmes et son compère le Dr Watson.

Les aventures de Sherlock Holmes furent en leur temps si célèbre que l’auteur, après l’avoir fait mourir, fut contraint de le faire réapparaître et le noyau dur du cycle ne fut définitivement constitué qu’à la mort de l’auteur lui même. Un musée Sherlock Holmes a ouvert à Londres en 1990, au 221b Baker Street, à l’endroit où le personnage est censé partager une chambre avec Watson.

(l’image ci-dessus est une illustration réalisée par David Henry Friston (1820-1906) ; les amateurs auront reconnu une scène de « a study in scarlet »)

Edition de référence :

  • Les aventures de Sherlock Holmes, Omnibus, 2005

l’édition est bilingue (traduction de Eric Wittersheim), sur papier bible, en trois volumes sous coffret. Les illustrations de Sidney Paget (1844-1908) sont reprises de l’édition originale des nouvelles dans le Strand Magazine, où Sherlock Holmes est paru en feuilleton. Edition très agréable si l’on ne s’intéresse qu’au Sherlock Holmes chez Conan Doyle.

76,20 €

(En photo ci-dessus, il s’agit du volume 2 ; Je ne peux plus présenter les volumes en coffret, l’un de mes exemplaires ayant gonflé après avoir pris l’eau à l’aéroport Fiumicino de Rome).

  •  Robert Laffont ou Omnibus ?

J’ai lu sur Wikipedia : « Les titres français retenus sur Wikipédia sont ceux des Éditions Robert Laffont : cette traduction est généralement considérée comme « la meilleure » des trois traductions en plus d’être la plus répandue » (article « Canon de Sherlock Holmes », consulté le 12/05/2020)

L’information est sourcée « Enquête sur Sherlock Holmes« , par Bernard Oudin (2009), Bernard Oudin étant (au moins à cette date) le vice-président de la Société Sherlock Holmes de France (SSHF).

J’ai contacté cette société pour avoir quelques éclaircissements et leurs arguments par rapport à l’édition Omnibus qui a l’immense avantage d’être bilingue. Le Président, Thierry Saint-Joanis, a eu l’amabilité de me répondre très vite et de manière très complète.

Je vous invite à consulter sur leur site nos conversations :

https://www.sherlockians.com/for-holmes

Il en ressort que cette mention Wikipedia est erronée (l’auteur sourcé l’ayant lui-même admis).

  • Robert Laffont, dans sa collection Bouquins, a toutefois le grand mérite d’avoir édité :

Les histoires extraordinaires (bilingue), 12,99 €

Inédits et introuvables, 29,40 €

Les exploits du Pr Challenger et autres aventures étranges, 25,50 €

  • Pas de bonne édition en français du Canon holmésien ?

Les éditions françaises comportent plusieurs problèmes :

– un problème de source : Les sources traduites sont parfois américaines et ne constituent pas les originaux. Les originaux eux-mêmes (pour l’essentiel le magazine le Strand) sont eux-mêmes problématiques, Conan Doyle ayant pu amender le texte ultérieurement. L’utilisation des textes provenant du Strand me paraît cependant la meilleure solution. Même si ce n’est pas le dernier état voulu par l’auteur, cela permet de voir le Sherlock tel qu’il a été connu par son public (Georges Forestier a fait un choix identique lorsqu’il a édité Racine en Pléiade). La question des sources devrait trouver une solution raisonnable si les éditions françaises prenaient la peine de les mentionner.

– des problèmes de traduction (en particulier de l’anglais victorien qui n’est pas toujours compris des traducteurs. Allez voir sur le forum, c’est amusant).

– des problèmes de sélection (coupes, modifications, erreurs d’éditeurs…)

Sur toutes ces questions, je renvoie encore une fois au forum de l’association Sherlock Holmes de France (en particulier nos échanges de mai 2020). Il y a des exemples assez spectaculaires d’erreurs d’édition.

  • Une bonne édition anglaise ?

Retenons l’édition Oxford, dont on se souviendra qu’elle est copieusement annotée et dont les choix éditoriaux sont explicités.

Livre(s) et ressource(s) recommandable(s) :

Le plus logique est peut-être de commencer par s’intéresser à un texte de l’auteur lui-même :

  • Conan Doyle est l’auteur d’une autobiographie, Ma vie aventureuse, Albin Michel (1932), trad. Louis Labat.

Le livre est disponible facilement en édition « Book On Demand » (réimpression à la commande). Je le chroniquerai prochainement.

Sur internet, une source excellente (en anglais) est :

La référence en français est :

A vous de jouer maintenant !

Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.

En commentaires, libre à vous de :

  • discuter des mérites et défauts des différentes éditions
  • de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
  • de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
  • de ce qu’il représente pour vous
  • des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
29 réponses
  1. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Je viens de terminer « mon premier Sherlock Holmes » (après un choc septique/sceptique du côté de Lovecraft…)

    « Une étude en rouge » est le un roman court qui ouvre la série « Sherlock ». Il y a un côté voyeur à le lire, car on y découvre la rencontre de deux personnages, Sherlock et Watson, qui ignorent le mythe culturel qu’ils deviendront. Sur un plan narratif, le lecteur est surpris par une brusque rupture dans le récit : les mémoires de Watson sont interrompues et une seconde partie s’ouvre sur l’errance d’un américain dont on ignore tout et de sa fille adoptive dans un désert américain, très loin du Londres victorien. Pour le reste, le style est parfaitement en accord avec ce que l’on attend, justement, d’un roman de cette époque et la délicatesse policée m’a parfois fait penser à la manière de notre ami Restif, qui a la gentillesse d’intervenir sur Propagerlefeu.fr

    Je poursuis avec enthousiasme ma lecture des Sherlock. Au cas où cela peut intéresser quelqu’un, je me suis amusé à répertorier toutes les astuces de la « méthode Sherlock » : quelle est sa manière de penser ? Comment résout-il les énigmes ?

    Pour « Une étude en rouge », nous avons donc :

    – Sherlock publie un article sur les facultés d’observation qui permettent de déduire la profession d’un homme. « A partir d’une goutte d’eau, un logicien peut déduire l’existence de l’océan Atlantique ou du Niagara sans les avoir vus ni même avoir entendu parler d’eux. »

    – « C’est une erreur capitale que d’échafauder une théorie avant d’avoir tous les éléments. Cela biaise le jugement. »

    – il utilise la mémoire des affaires précédentes. En parlant d’une affaire : « Potassez-la à fond, vraiment. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout à déjà été fait auparavant. »

    – « Le plus important est d’arriver à raisonner à rebours (…) la plupart des gens, si vous leur décrivez une succession d’événements, vous diront quel en sera le résultat. Ils peuvent garder à l’esprit l’ensemble des faits et s’appuyer sur eux pour affirmer que telle ou telle chose va arriver. Rare sont ceux qui, si vous leur donnez un résultat, seront capables de reconstituer mentalement les étapes qui y ont abouti. C’est cette capacité-là que j’ appelle raisonner à rebours, ou de manière analytique. »

    Prochaine lecture : « le signe des quatre ».

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  2. Restif
    Restif dit :

    Ami Draak, je ne commenterais pas ce que vous dites de mon écriture, gentilesse qui jette des rougeurs sur la blancheur liliacée de ma peau acnéique (oui, je sais, c’est contradictoire). Merci quoi qu’l en soit. Ce que je voulais, ici, c’est montrer d’où Conan Doyle le a tiré la méthode holmesienne, car c’est d’un écrivain bien de chez nous : Voltaite. Lisez ce Passage de  » Zagig ou la destinée « :

     » Un jour, se promenant auprès d’un petit bois, il vit accourir à lui un eunuque de la reine, suivi de plusieurs officiers qui paraissaient dans la plus grande inquiétude, et qui couraient çà et là comme des hommes égarés qui cherchent ce qu’ils ont perdu de plus précieux. « Jeune homme, lui dit le premier eunuque, n’avez-vous point vu le chien de la reine ? » Zadig répondit modestement : « C’est une chienne, et non pas un chien. — Vous avez raison, reprit le premier eunuque. — C’est une épagneule très-petite, ajouta Zadig ; elle a fait depuis peu des chiens ; elle boite du pied gauche de devant, et elle a les oreilles très-longues. — Vous l’avez donc vue ? dit le premier eunuque tout essoufflé. — Non, répondit Zadig, je ne l’ai jamais vue, et je n’ai jamais su si la reine avait une chienne. »

    Précisément dans le même temps, par une bizarrerie ordinaire de la fortune, le plus beau cheval de l’écurie du roi s’était échappé des mains d’un palefrenier dans les plaines de Babylone. Le grand veneur et tous les autres officiers couraient après lui avec autant d’inquiétude que le premier eunuque après la chienne. Le grand veneur s’adressa à Zadig, et lui demanda s’il n’avait point vu passer le cheval du roi. « C’est, répondit Zadig, le cheval qui galope le mieux ; il a cinq pieds de haut, le sabot fort petit ; il porte une queue de trois pieds et demi de long ; les bossettes de son mors sont d’or à vingt-trois carats ; ses fers sont d’argent à onze deniers. — Quel chemin a-t-il pris ? Où est-il ? demanda le grand veneur. — Je ne l’ai point vu, répondit Zadig, et je n’en ai jamais entendu parler. »

    Le grand veneur et le premier eunuque ne doutèrent pas que Zadig n’eût volé le cheval du roi et la chienne de la reine ; ils le firent conduire devant l’assemblée du grand Desterham, qui le condamna au knout, et à passer le reste de ses jours en Sibérie. À peine le jugement fut-il rendu qu’on retrouva le cheval et la chienne. Les juges furent dans la douloureuse nécessité de réformer leur arrêt ; mais ils condamnèrent Zadig à payer quatre cents onces d’or, pour avoir dit qu’il n’avait point vu ce qu’il avait vu. Il fallut d’abord payer cette amende ; après quoi il fut permis à Zadig de plaider sa cause au conseil du grand Desterham ; il parla en ces termes :

    « Étoiles de justice, abîmes de science, miroirs de vérité, qui avez la pesanteur du plomb, la dureté du fer, l’éclat du diamant, et beaucoup d’affinité avec l’or, puisqu’il m’est permis de parler devant cette auguste assemblée, je vous jure par Orosmade, que je n’ai jamais vu la chienne respectable de la reine, ni le cheval sacré du roi des rois. Voici ce qui m’est arrivé : je me promenais vers le petit bois où j’ai rencontré depuis le vénérable eunuque et le très-illustre grand veneur. J’ai vu sur le sable les traces d’un animal, et j’ai jugé aisément que c’étaient celles d’un petit chien. Des sillons légers et longs, imprimés sur de petites éminences de sable entre les traces des pattes, m’ont fait connaître que c’était une chienne dont les mamelles étaient pendantes, et qu’ainsi elle avait fait des petits il y a peu de jours. D’autres traces en un sens différent, qui paraissaient toujours avoir rasé la surface du sable à côté des pattes de devant, m’ont appris qu’elle avait les oreilles très-longues ; et comme j’ai remarqué que le sable était toujours moins creusé par une patte que par les trois autres, j’ai compris que la chienne de notre auguste reine était un peu boiteuse, si je l’ose dire.

    « À l’égard du cheval du roi des rois, vous saurez que, me promenant dans les routes de ce bois, j’ai aperçu les marques des fers d’un cheval ; elles étaient toutes à égales distances. Voilà, ai-je dit, un cheval qui a un galop parfait. La poussière des arbres, dans une route étroite qui n’a que sept pieds de large, était un peu enlevée à droite et à gauche, à trois pieds et demi du milieu de la route. Ce cheval, ai-je dit, a une queue de trois pieds et demi, qui, par ses mouvements de droite et de gauche, a balayé cette poussière. J’ai vu sous les arbres, qui formaient un berceau de cinq pieds de haut, les feuilles des branches nouvellement tombées ; et j’ai connu que ce cheval y avait touché, et qu’ainsi il avait cinq pieds de haut. Quant à son mors, il doit être d’or à vingt-trois carats ; car il en a frotté les bossettes contre une pierre que j’ai reconnue être une pierre de touche, et dont j’ai fait l’essai. J’ai jugé enfin par les marques que ses fers ont laissées sur des cailloux d’une autre espèce, qu’il était ferré d’argent à onze deniers de fin. »

    Tous les juges admirèrent le profond et subtil discernement de Zadig  »

    Rendons à César…

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  3. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Formidable. Je suis à l’extérieur et j’ai deux Lagavulin dans les veines (afin que d’esponger les pistaches), et je ne suis donc pas sûr de moi, mais cela me fait penser à un passage semblable au début du Nom de la Rose, où Guillaume « de Baskerville » (ça y est, je suis sûr de moi !) donne des indications sur un cheval perdu. Poupées russes de références…

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  4. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture du second roman court de la série Sherlock Holmes, « Le signe des quatre » (The Sign of Four, paru en février 1890 dans le Lippincott’s Monthly Magazine).

    Tous les éléments d’un bon suspense sont réunis : un père disparu, un trésor, des perles reçues une fois par an et envoyées par un inconnu, un homme à la jambe de bois, l’exotisme des colonies indiennes et des îles Andaman…
    Sur le plan de l’histoire du couple Holmes / Watson : Première apparition de la nette addiction de Sherlock Holmes à la cocaïne (par ennui), et demande en mariage de Watson.

    Quant à la « Méthode Sherlock », j’ai noté :

    – Premier chapitre consacré à la différence entre observation et déduction. Remarquer la terre rouge sur les chaussures de Watson, c’est de l’observation. Comprendre qu’il est allé à un certain bureau de poste, c’est de la déduction. A ce sujet, Holmes dit : « Je ne devine jamais. C’est une habitude détestable, nuisible aux facultés de raisonnement. » Sherlock applique ses capacités de déduction à la montre de Watson, qui doutait de ses capacités.

    – « Éliminez tous les autres facteurs et celui qui reste doit être le vrai. » (et, p. 257 de l’édition Omnibus : « Combien de fois vous ai-je dit que lorsque vous avez éliminé ce qui est impossible, la solution qui demeure, aussi improbable soit-elle, doit représenter la vérité. »)

    – « il est primordial de ne pas laisser votre jugement être affecté par des qualités personnelles [= la beauté d’une femme]. Un client n’est pour moi tout au plus qu’un élément, un facteur dans un problème. »

    – Il laisse son esprit se détendre pour trouver la solution : « Voilà, j’ai laissé mon esprit se détendre complètement en me livrant à une analyse chimique. L’un de nos plus grands hommes d’Etat a dit que changer de travail est la meilleure façon de se reposer. C’est exact. Quand je fus parvenu à dissoudre l’hydrocarbure sur lequel je travaillais, je revins au problème des Sholto et considérai de nouveau toute l’affaire. » (p.322)

    – Sherlock aurait aimé le big data. « – Quelqu’un dit de l’homme qu’il est une âme dissimulée dans un animal, suggérai-je [Watson].
    -Winwood Reade est bon sur ce sujet-là, dit Holmes. Il fait remarquer que si l’homme, en tant qu’individu, est une énigme insoluble, dans la masse, il devient une certitude mathématique. Vous ne pouvez jamais, par exemple, prédire ce que fera un homme donné, mais vous pouvez dire précisément ce que sera capable de faire un groupe d’un certain nombre d’entre eux. Les individus varient, mais les pourcentages restent constants. C’est ce que dit le statisticien. »

    « – (…) l’amour est affaire d’émotion, et tout ce qui est émotionnel s’oppose à la raison froide et implacable, que je place au-dessus de tout. Je ne (me) marierai jamais moi-même, de peur de voir mon jugement biaisé. »
    (le « me » entre parenthèses est manquant dans mon édition ; coquille par analogie avec l’expression anglaise, sans doute).

    Le volume 1 (sur 3) d’Omnibus se poursuit par « les Aventures de Sherlock Holmes », une série de nouvelles plus courtes.

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  5. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture des premières « aventures de Sherlock Holmes », nouvelles parues en 1891 dans le « Strand », après les publication des romans « Une étude en rouge » et « Le signe des quatre » :

    – « Un scandale en Bohême », dans laquelle Sherlock doit retrouver une photo compromettante prise avec la très habile Irène Adler. N’étant pas un féru Holmesien, je ne connais pas la suite des aventures, mais ce personnage féminin mériterait de réapparaître ultérieurement.

    – « La ligue des rouquins », dans laquelle Sherlock Holmes résout le mystère d’un homme engagé par cette étrange ligue pour recopier l’Encyclopaedia Britannica trois heures par jour.

    – « Une affaire d’identité », au cours de laquelle une femme s’inquiète de la disparition de son fiancé.

    – « Le mystère de la vallée de Boscombe » au cours de laquelle Sherlock tente d’innocenter un jeune homme de l’accusation du meurtre de son père.

    L’époque, l’originalité du personnage et des situations, la relation avec Watson… Tout cela est très attachant.

    Sur le plan de l’histoire : Watson est donc fiancé et a quitté l’appartement de Baker Street. Il n’intervient dans les enquêtes de son ami Sherlock qu’à l’appel de celui-ci ou au hasard d’une visite.

    Sur les « méthodes Sherlock », que je m’étais promis de recenser : Pas de grandes nouveautés. Les nouvelles exploitent les méthodes exposées dans les deux premiers romans.

    Dans « un scandale en Bohème » :

    – Holmes fait la distinction entre « voir » (ex : des marches d’escalier) et « observer » (ex : savoir combien il y a de marches). (En sortant d’un concert assis (Zaz), hier soir, ma femme m’a demandé combien il pouvait y avoir de personnes dans la salle. Je m’en suis voulu de ne pas avoir compté les rangées afin de fournir une réponse fiable qui l’aurait impressionnée, et cette distinction entre voir/observer m’est venue à l’esprit) ; cette faculté d’observation est le point fort de Holmes, déjà notée dans « une étude en rouge » ; observation devant mener à la déduction (ainsi que noté dans « le signe des quatre »).

    – « Je n’ai encore aucune information. C’est une erreur capitale que de bâtir des théories avant d’avoir aucune donnée. Insensiblement, on commence à tordre la réalité pour la faire coller aux théories, au lieu de faire coller les théories à la réalité » (une remarque très importante à mon sens, qui s’applique à bien des domaines : économie, politique…)

    Dans « une affaire d’identité » :

    – Importance des détails : « Ne vous fiez jamais à l’impression générale, mon garçon, mais concentrez-vous sur les détails. Mon premier regard va toujours vers les manches chez une femme. »
    Dans « Le Mystère de la vallée de Boscombe » :

    – « Les preuves indirectes sont sujettes à caution, répondit Holmes d’un air pensif. Elles peuvent avoir l’air d’indiquer clairement une chose, mais si on modifie légèrement son point de vue, il arrive de constater qu’elles désignent, de façon tout aussi nette, une chose tout à fait différente. »

    – « Il n’y a rien de plus trompeur qu’un fait évident. »

    Conan Doyle, dans ces quatre nouvelles, reprend souvent le thème de la banalité par rapport à l’exceptionnel :

    – « En règle générale, plus une chose semble bizarre et moins elle s’avère mystérieuse, en définitive. Ce sont les délits banals, ordinaires qui sont les plus déroutants, comme un visage banal est très difficile à identifier. » (dans « La ligue des rouquins »)

    – « [les détails] constituent pour un observateur l’essence vitale de tout problème. Croyez-moi, il n’y a rien d’aussi peu naturel que le banal. » (dans « Une affaire d’identité »)

    – « En réalité, j’ai remarqué que c’est habituellement dans les problèmes mineurs qu’il existe un champ pour l’observation, et pour l’analyse rapide des causes et des conséquences qui fait le charme d’une enquête. Les grands crimes sont souvent les plus simples, car plus un délit est important et plus son mobile est évident : c’est la règle. » (dans « Une affaire d’identité »)

    – « La singularité est invariablement un indice. Plus le crime est sans relief et banal, plus il est difficile à comprendre. » (dans « le Mystère de la vallée de Boscombe »)

    L’édition Omnibus est toujours agréable à lire. Pouvoir se reporter au texte original en regard est intéressant. Une faute énorme (infinitif au lieu d’un participe passé) m’a fait souffrir de l’oeil ; mais c’est toujours moins que j’en aurais fait moi-même.

    Il est connu que l’on ne trouve pas dans les romans et nouvelles le fameux « élémentaire, mon cher Watson » (qui provient d’adaptations théâtrales ultérieures), j’ai toutefois noté un :
    « Tout cela est amusant, bien que plutôt élémentaire, mais je dois me remettre au travail, Watson. » (Dans « une affaire d’identité »).

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  6. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture de la suite des « Aventures de Sherlock Holmes » :
    – Les cinq pépins d’orange
    – L’homme à la lèvre tordue
    – L’escarboucle bleue
    – La bande tachetée
    – Le pouce de l’ingénieur
    – L’aristocrate célibataire
    – Le diadème de béryls
    – Les Hêtres-Dorés
    …Parus dans le Strand magazine, entre novembre 1891 et juin 1892.

    Sur les « méthodes Sherlock » :

    – Dans « les cinq pépins d’orange » :
    Beau parallèle avec le biologiste qui reconstitue un animal d’après un os : « le logicien idéal, remarqua-t-il [Sherlock], devrait être capable, quand on lui a montré une seule fois un fait particulier sous tous ses aspects, de déduire de celui-ci non seulement toute la succession d’événements qui y a mené, mais aussi toutes les conséquences qui en découleront. A l’instar de Cuvier, qui pouvait donner une description exacte d’un animal complet à partir d’un seul os, l’observateur qui a pleinement pris la mesure d’un maillon dans une série d’incidentes devrait être capable de déterminer précisément tous les autres, ceux qui précèdent comme ceux qui en découlent. Nous n’avons pas encore saisi les résultats auxquels notre seule raison peut parvenir. On peut résoudre dans un bureau des problèmes qui ont tenu en échec tous ceux qui en ont cherché la solution à l’aide de leur sens. Pour hisser néanmoins cet art à son plus haut degré, il faut que le logicien soit capable d’utiliser tous les faits qui ont été portés à sa connaissance, et cela implique, comme vous le verrez rapidement, une maîtrise complète de toutes les sciences, ce qui, même en ces temps d’éducation gratuite et d’encyclopédisme, est assez rare. »

    Il faut noter que cet argument de la « maîtrise complète de toutes les sciences » est en contradiction avec « une étude en rouge », où Sherlock ne maîtrise pas quelques sciences de bases : « [Waston parle] Ma surprise atteignit néanmoins son comble quand je découvris qu’il ignorait la théorie copernicienne et la composition du système solaire. Qu’un être humain civilisé ignore, au XIXe siècle, que la terre tourne autour du soleil me parut si extraordinaire que j’avais du mal à le croire. »

    – Dans « L’homme à la lèvre tordue » :
    « (inspecteur Bradstreet) – (…) J’aimerais bien savoir comment vous parvenez à vos résultats.
    – Je suis parvenu à celui-ci, dit mon ami, en m’asseyant sur cinq coussins et en fumant une once de tabac brun. »

    – Dans « L’escarboucle bleue » :
    C’est dans cet épisode, à mon avis, que l’on note la plus grande artificialité littéraire des méthodes d’observation de Sherlock.
    Holmes examine un chapeau et déduit :
    – Le diamètre lui révèle une certaine intelligence (la physiognomonie avait du succès à l’époque de Conan Doyle…)
    – La qualité lui révèle une certaine aisance
    – Mais l’usure lui révèle que cette aisance fait partie du passé
    – Un élastique (contre le vent) lui fait dire que le propriétaire est prévoyant
    – Mais le fait qu’elle soit cassée et non réparée lui apprend qu’il est moins prévoyant qu’il ne l’a été (!)
    – Les tâches dissimulées lui font dire que le propriétaire n’a pas perdu toute estime de lui-même
    – Les peluches sur le chapeau révèlent l’état intérieur de la maison
    – Les marques de moisissure révèlent un homme qui sue facilement et n’est pas en bonne santé
    – Sa femme le laisse sortir avec un chapeau poussiéreux : elle ne l’aime plus !
    – Tâches de suif : prouvent que l’homme n’a pas le gaz.

    Pour obtenir des informations de quelqu’un qui ne veut pas les lui donner, Sherlock parie qu’il les connaît et perd son pari. Mais le parieur, pour prouver qu’il a gagné, a dû les lui révéler.

    – Dans « la Bande tachetée », on constate qu’une fois de plus, la méthode de base de Sherlock est l’observation. Mais cette observation est si poussée qu’elle en est comique :
    « Il se jeta à plat ventre, la loupe à la main, et rampa rapidement dans un sens et dans l’autre, inspectant minutieusement les fentes entres les lattes. »

    – Dans « Le pouce de l’ingénieur », Sherlock déduit la distance parcourue par un cheval d’après ce qu’on lui dit de sa fraîcheur.

    – Dans « l’aristocrate célibataire », une note sur les preuves indirectes :
    « les preuves indirectes sont parfois les plus convaincantes, et sautent aux yeux, comme une truite dans du lait, selon l’expression de Thoreau. »
    Rappelons toutefois que dans « le mystère de la vallée de Boscombe », Sherlock prévenait :
    « Les preuves indirectes sont sujettes à caution, répondit Holmes d’un air pensif. Elles peuvent avoir l’air d’indiquer clairement une chose, mais si on modifie légèrement son point de vue, il arrive de constater qu’elles désignent, de façon tout aussi nette, une chose tout à fait différente. »
    …Il faut donc se méfier des truites qui sautent dans du lait.

    Amusante réplique de Sherlock à Lestrade :
    –  » [Lestrade à Sherlock] (…) il m’a semblé que si les habits se trouvaient là, son corps ne devait pas se trouver très loin.
    – D’après ce merveilleux raisonnement, le corps de tous les gens que l’on rencontre devrait se trouver non loin de leur penderie. »

    – Dans « le diadème de béryls » :
    « C’est une de mes vieilles maximes : quand vous avez écarté l’impossible, la solution qui subsiste, aussi invraisemblable qu’elle paraisse, doit représenter la vérité. »
    (Effectivement, c’est une maxime de Sherlock. On la retrouve dans « Le signe des quatre », où « invraisemblable » est remplacé par « improbable »)

    – Enfin dans « les Hêtres-Dorés » :
    Toujours cette mise en avant du banal, de l’ordinaire, du non-exceptionnel :
    « C’est souvent des manifestations les moins importantes et les plus humbles que proviennent les plaisirs les plus délicats. »

    Sherlock rappelle qu’il ne devine pas :
    « Des faits ! des faits ! des faits ! me répondait-il d’un ton agacé. On ne peut pas fabriquer des briques quand on n’a pas d’argile. »

    Importance de l’environnement familial (l’observation d’un membre renseigne sur un autre) :
    « Mon cher Watson, en tant que médecin, vous savez que l’on apprend toujours beaucoup de choses sur les dispositions d’un enfant en étudiant ses parents. Ne voyez vous pas que le contraire est également vrai ? J’ai souvent obtenu mes premiers vrais renseignements sur des parents en observant leurs enfants. »

    Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      « C’est alors que je vis mon ami Draak se jeter à plat ventre, la loupe à la main, sur les oeuvres complètes grand in-folio de Conan Doyle, et ramper rapidement dans un sens et dans l’autre, inspectant minutieusement les fentes entres les lignes. »
      Puis, provoquant de ma part une intense admiration, il en tira des raisonnements et des conclusions d’une luminosité aveuglante !

      Pardon pour cette amicale taquinerie.

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  7. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture des nouvelles aventures de Sherlock Holmes (éditées sous le titre « Les mémoires de Sherlock Holmes ») :

    – Flamme d’argent
    – Le visage jaune
    – L’employé de l’agent de change
    – Le « Gloria Scott »

    (Ces quatre premières nouvelles dans le tome 1 de l’édition Omnibus)

    – le rituel des Musgrave
    – Les propriétaires de Reigate
    – L’estropié
    – Le patient à demeure
    – L’interprète grec (dans laquelle apparaît le frère de Sherlock, Mycroft Holmes)
    – Le traité naval
    – Le dernier problème (qui introduit Moriarty et avec lequel Conan Doyle tente de se débarrasser de son encombrant personnage).

    (Ces nouvelles dans le tome 2 de l’édition Omnibus).

    Ces « Mémoires » ont paru dans le Strand Magazine entre décembre 1892 et décembre 1893.

    Sur « La Méthode Sherlock » :

    – Dans Flamme d’argent

    Importance de repartir des faits incontestables :
    « – Voici une affaire où l’art du logicien devrait être utilisé à passer les détails au crible plutôt qu’à rechercher des preuves supplémentaires. (…) nous souffrons d’une pléthore de suppositions, de conjectures et d’hypothèses. La difficulté est de séparer les faits de base – absolus et indéniables – des embellissements que théoriciens et journalistes leur ont apportés. Puis en nous appuyant sur cette base saine, notre rôle sera d’observer les conclusions que nous pouvons en tirer, et les points particuliers autour desquels le mystère gravite. »

    Exposer les faits à autrui peut aider :
    « – (…) car rien n’éclaircit autant un mystère que de l’exposer à quelqu’un d’autre (…) »

    De manière un peu étonnante, Holmes souligne l’importance de l’imagination :
    « – Vous voyez l’importance de l’imagination, dit Holmes. C’est la seule qualité qui fasse défaut à Gregory [un policier]. Nous avons imaginé ce qui avait pu se passer, nous avons agi suivant cette supposition et constaté que nous avions raison. Continuons. »
    …C’est étonnant car, Holmes l’avait indiqué précédemment à Watson (dans « un scandale en Bohème »), l’imagination et la construction de théories ne peuvent s’appuyer que sur des faits préalables :
    « Je n’ai encore aucune information. C’est une erreur capitale que de bâtir des théories avant d’avoir aucune donnée. Insensiblement, on commence à tordre la réalité pour la faire coller aux théories, au lieu de faire coller les théories à la réalité »
    …idée un peu similaire dans la toute première nouvelle (une étude en rouge) :
    « c’est une erreur capitale que d’échafauder une théorie avant d’avoir tous les éléments. Cela biaise le jugement. »

    Les déductions s’enchaînent :
    « – (…) une déduction exacte en suggère invariablement de nouvelles. »

    – Dans « Le visage Jaune »

    Sherlock bâtit une théorie :
    « – [Sherlock à Watson] Que pensez-vous de ma théorie ?
    – Ce ne sont que des suppositions.
    – Mais au moins, cela couvre les faits. Quand nous aurons connaissance de faits nouveaux que ma théorie ne parvient pas à expliquer, il sera temps de la reconsidérer ».

    …à rapprocher encore une fois du contradictoire (dans « un scandale en Bohème »):
    « Je n’ai encore aucune information. C’est une erreur capitale que de bâtir des théories avant d’avoir aucune donnée. Insensiblement, on commence à tordre la réalité pour la faire coller aux théories, au lieu de faire coller les théories à la réalité »

    …Mais bon :
    « N’importe quelle vérité est préférable au doute absolu. »

    – Dans « L’employé de l’agent de change »

    Je me demande si j’ai raison de répertorier les « méthodes Sherlock » :
    « Comme tous les raisonnements de Holmes, la chose paraissait être la simplicité même une fois expliquée. Il lut cette pensée sur mon visage, et son sourire exprimait une pointe d’amertume.
    – Je crains de me trahir un peu en expliquant, dit-il. les résultats livrés sans leurs causes sont beaucoup plus impressionnants. »

    – Dans Le « Gloria-Scott »

    Rien de particulier sur les méthodes du détective, mais on retiendra qu’un message ne se lit pas forcément de manière linéaire et qu’il est parfois bon de lire un mot sur trois.

    – Dans « Le rituel des Musgrave »

    Se mettre à la place d’une personne, afin de juger de son comportement, tout en ajustant le tir en fonction de ce que l’on connaît de son intelligence :
    « Vous connaissez mes méthodes en pareil cas, Watson : Je me mets à la place de la personne et, ayant au préalable jaugé son intelligence, j’essaie d’imaginer comment j’aurais moi-même agi dans des circonstances identiques. En l’occurrence, le problème était simplifié par le fait que les capacités de Brunton étaient de tout premier ordre, si bien qu’il n’était pas nécessaire de compte de l’équation personnelle, comme disent les astronomes. »

    – Dans « les propriétaires de Reigate »
    – [Watson parle] J’ai toujours trouvé qu’il y avait de la méthode dans sa folie.
    – [l’inspecteur Forrester] Certains diraient qu’il y a de la folie dans sa méthode.

    Sentiment étrange que Conan Doyle s’adresse directement à moi :
    Sherlock : « (…) il a toujours été dans mes habitudes de ne rien cacher de mes méthodes, ni à mon ami Watson ni à quiconque y prêterait un intérêt attentionné. »

    Comme d’habitude, il faut repartir des seuls faits :
    « (…) je mets un point d’honneur à ne jamais entretenir le moindre préjugé et à suivre docilement le chemin où me mèneront les faits. »
    …En les triant éventuellement :
    « Il est de la plus haute importance, dans l’art de l’enquête, de se montrer capable de distinguer, parmi un certain nombre de faits, ceux qui sont secondaires et ceux qui sont cruciaux. Sinon votre énergie et votre attention se diluent au lieu de se concentrer.  »

    – utilisation de la graphologie : nombre de scripteurs / leur âge / leur même appartenance familiale.

    – Dans « L’estropié » et dans « le patient à demeure » : pas de nouvelle méthode particulière. Examen des traces laissées.

    – Dans « L’interprète grec »
    (L’histoire où apparaît Mycroft Holmes)
    On avait déjà compris que la modestie n’était pas la qualité première de Sherlock, mais il s’en justifie de manière convaincante :
    « Mon cher Watson, dit-il, je ne peux être d’accord avec ceux qui classent la modestie parmi les vertus. Pour le logicien, toutes les choses doivent être vues exactement comme elles sont, et se sous-estimer revient à s’écarter de la vérité autant que lorsqu’on exagère ses propres mérites. »

    Noter qu’à la vue d’un homme qui fait les courses, Mycroft et Sherlock déduisent qu’il a perdu sa femme !

    Traces de roues : la profondeur des traces indique le poids du chargement.

    – Dans « Le traité naval »

    Remarque assez étrange de Holmes/Doyle
    « Rien n’existe où la déduction soit plus nécessaire que pour la religion, dit-il en s’adossant aux volets. Elle peut être élevée au rang de science exacte par le logicien. La meilleur preuve de la bonté de la providence me semble résider dans les fleurs. (…) cette rose est un luxe. »
    (Dans ce passage, Holmes détourne sans doute l’attention pour étudier les parterres de fleurs derrière la fenêtre ; il n’empêche, l’idée de faire de la religion une science exacte par la déduction paraît singulièrement obsolète à un bon athée du XXIe siècle).

    « Le délit le plus difficile à identifier est celui qui n’a aucun mobile. »

    – Dans « Le dernier problème », il n’y a pas de résolution d’enquête, la nouvelle étant habilement construite pour faire disparaître Sherlock avec panache.

    Répondre
  8. Domonkos Szenes
    Domonkos Szenes dit :

    J’ai trouvé, ces derniers temps, chez mon bouquiniste, la vieille édition des Oeuvres de Conan Doyle, chez Laffont, en volumes reliés cartonnés, recouverts de jaquettes bariolées presque intactes (ce qui est rare), très bon état, bon marché (toujours chez mon bouquiniste secret du piémont cévenol)… Non seulement les Sherlock Holmes, mais aussi les romans d’Aventures, d’Anticipation ou Fantastiques, et. les romans Historiques…
    Très agréables à voir figurer dans une bibliothèque, encore plus à tenir en main et à la lecture très confortable pour les (vieux) yeux. Sans parler de la touche rétro !
    Édition très recommandable, donc (je ne me résigne aux « Bouquins » qu’en cas d’extrême nécessité, ce qui arrive plus souvent que je ne voudrais), en attendant… la Pléiade Conan Doyle (??? !!!)

    J’ai entamé la lecture, en commençant par les romans historiques ; mais, nul doute que, lorsque j’en arriverai aux SH je me référerai à vos notes de lecture, pour ajouter vos condiment à la sauce Conan-doylesque…

    Répondre
    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      L’avantage de l’Omnibus et de Bouquins est qu’il s’agit d’éditions bilingues. Il est parfois intéressant d’avoir l’original en regard.

      Bonne lecture !

      Répondre
      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        Impardonnable ignorance de ma part (mais que je me pardonne tout de même facilement, parce que, au fond, je m’aime bien et ne saurais rester longtemps fâché avec moi-même : que me resterait-il comme véritable ami ?)

        Plus sérieusement : mon misérable niveau d’anglais, me permet seulement de deviner le sens, en risquant tous les trois pas le contresens, et d’hériter assez rapidement de solides maux de têtes.

        Il n’y a qu’en poésie que j’apprécie – que je trouve indispensable – le bilinguisme. Totalement incapable de penser dans une autre langue que la mienne, lorsqu’il s’agit de roman ou d’essai, je puis au moins, en poésie, entendre quelquefois les échos d’une musique, sentir ou pressentir, être éclairé par des fulgurances.

        Et, sur le plan pratique, le texte, moins dense graphiquement, ressemble moins, à mes yeux, à un mur hostile. Il s’y ouvre des fenêtres.

        Répondre
  9. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Deux notes supplémentaires sur la nouvelle « L’estropié » :

    Il est connu que l’on ne trouve pas dans les romans et nouvelles le fameux « élémentaire, mon cher Watson » (qui provient d’adaptations théâtrales ultérieures). J’avais toutefois noté un « élémentaire » dans « Une Affaire d’identité ».
    Dans « L’estropié » également, à Watson qui lui dit : « Excellent ! », Sherlock répond « Elémentaire. Voici un exemple par lequel le logicien peut produire un effet qui semble remarquable à son voisin, parce que celui-ci a manqué le petit détail qui sert de base à la déduction. »

    J’avais aussi noté une petite mise en abîme du récit, amusante, lorsque Sherlock dit à Watson : « On peut dire la même chose, mon cher ami, de l’effet produit par certains de vos petits récits, qui est totalement factice puisqu’il tient au fait que vous gardez pour vous quelques éléments du problème qui ne sont jamais communiqués au lecteur. »

    Répondre
  10. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture du Chien des Baskerville.
    Rappel du contexte :
    – C’est le troisième roman de Sherlock par Conan Doyle (après « une étude en rouge » et « le signe des quatre »).
    – C’est le principal texte du Canon Holmésien (s’il ne fallait en lire qu’un…) ; On se souvient bien sûr qu’Umberto Eco a nommé son personnage principal (le très perspicace Guillaume de Baskerville) d’après ce roman.
    – Le roman est paru en feuilletons en 1901/1902 dans le Strand Magazine. C’est le retour de Sherlock après sa disparition dans la nouvelle « Le dernier problème », parue en 1893. Conan Doyle n’a rien publié sur Sherlock depuis 8 ans, donc. La réapparition de Sherlock n’est pas justifiée dans le roman. La nouvelle a été qualifiée de « hors chronologie » par Doyle. Mais on peut supposer que l’aventure prend place avant « le dernier problème », car Sherlock précise à plusieurs reprises que Watson et lui affrontent leur ennemi le plus intelligent, ce qu’il ne ferait certainement pas s’il avait déjà rencontré Moriarty. Par contre, l’aventure prend place après 1884 (date à laquelle le Dr Mortimer a reçu une canne en cadeau en quittant le Charing Cross Hospital ; à la suite de quoi il s’est installé en campagne, s’est marié, et a fait connaissance de Charles Baskerville). Cela laisse un champ assez étroit (quelques années après 1884, mais avant 1891, date de la disparition de Sherlock dans les chutes de Reichenbach).

    Une rermarque :
    Il faut définitivement enterrer l’idée que « élémentaire » n’a jamais été prononcé par Sherlock dans les écrits de Conan Doyle. Il s’agit donc d’une légende urbaine (même s’il ne s’agit jamais de l’exact « élémentaire mon cher Watson. »)
    Au début du roman, en observant la canne du Dr Mortimer :
    « Intéressant bien qu’élémentaire, dit-il en se retournant sur le coin préféré de son canapé. »

    Sur les « méthodes Sherlock » :

    Sur son sens de l’observation :
    – Sherlock devine ce que fait Watson dans son dos car il a « une cafetière en argent bien astiquée en face de [lui]. »
    – « Mon œil est entraîné à voir les visages, pas leurs atours. C’est la première des qualités nécessaires à un enquêteur criminel que de savoir percer un déguisement. »
    – « le monde est plein de choses évidentes que personne ne remarque jamais. »

    Sur les connaissances de Holmes :
    – « Il y a soixante quinze sorte de parfums, qu’il est nécessaire à l’expert criminel de savoir distinguer les uns des autres, et plus d’une affaire, je l’ai expérimenté moi-même, s’est joué sur leur identification rapide. »

    Sur le point important chez Conan Doyle du détail qui sort de l’ordinaire :
    – « Plus un incident est grotesque et outré, plus il exige un examen attentif, et le détail même qui semble compliquer une affaire est aussi celui qui, considéré froidement et étudié scientifiquement, est le plus à même de l’élucider. »

    Sur l’ambiance qui permet à Sherlock de bien réfléchir :
    – Sherlock aime les atmosphères confinées pour réfléchir : « C’est une chose étrange, mais je trouve qu’une atmosphère confinée aide à la concentration. Je ne suis pas encore allé jusqu’à m’enfermer dans une boîte pour réfléchir, mais c’est là l’aboutissement logique de mes convictions. »

    Sur les méthodes de déduction de Sherlock : On sait déjà qu’il déduit, mais ne devine pas (Cf. Le Signe des quatre) ; il est donc en terrain ferme (tout le contraire des bourbiers de la lande du Dartmoor) ; On sait qu’il utilise la statistique (Cf. Le Signe des quatre) ; qu’il bâtit des théories seulement sur des faits. Après la statistique, nous avons ici les probabilités :
    – « (…) nous en arrivons à évaluer les probabilités et à choisir la plus plausible. C’est une manière scientifique de se servir de son imagination, mais nous avons toujours quelque base concrète sur laquelle démarrer nos suppositions. »
    …Mais Sherlock suppose-t-il ou déduit-il ? À Watson qui parle de suppositions, Sherlock répond : « – Je ne suppose rien. »

    Prochaines lectures : Les nouvelles regroupées sous le titre « Le retour de Sherlock Holmes », dont la première (« la maison vide ») officialise le retour de l’enquêteur après sa chute dans les eaux glacées de Reichenbach.

    Répondre
  11. Quentin
    Quentin dit :

    Zut, mon message a disparu dans la nature… L’avez-vous bien reçu ?
    J’indiquais la parution d’une nouvelle traduction de Sherlock Holmes chez Gallmeister, qui semble bien partie pour être LA trad française de référence que les holmésiens attendaient tous…

    Répondre
    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Bonjour Quentin,
      Pas de message ici, non. Si vous pouvez donc développer un peu: Pourquoi cette traduction pourra être la référence ?

      Répondre
      • Quentin
        Quentin dit :

        Zut, c’est ballot, parce que je développais et là j’ai la flemme de tout refaire. Je vais être succinct :

        – livre de 841 pages paru dans la nouvelle collection Litera de chez Gallmeister consacrée aux classiques. On est sur un niveau de « luxe » proche des Pléiade, en moins austère. Le format est maniable. Extrêmement agréable.

        – contient les deux 1ers romans et le 1er recueil de nouvelles, tous traduits par Pierre Bondil (je suppose que la suite du canon sera répartie sur deux tomes, mais l’éditeur n’a pas communiqué à ce sujet).

        – traduction basée sur l’édition Oxford de 1993 (les nouvelles sont basées sur le premier recueil publié en 1892 à partir des textes parus dans le Strand. « Un scandale en bohème » collationné au manuscrit original).

        – la comparaison rapide avec les trad de l’édition Bouquins (je n’ai pas l’édition Omnibus) fait ressortir la précision de celle de Bondil. Par exemple, dans « Le Mystère de la vallée de Boscombe », Sherlock jette bien les journaux sur le filet à bagage et non par la fenêtre (ils vont être contents à la SSHF !). 😉

        – présence de notes contextuelles sur certains éléments concrets ou culturels de la réalité victorienne, qui n’ont pas été transposés par analogie.

        – je n’ai pas fait de lecture cursive pour dégager une appréciation globale de la nouvelle traduction mais ça m’a paru très bon ; moins daté (tournures, vocabulaire) sans commettre de modernisation anachronique, et mieux tenu sur les différentes registres de langue.

        Voilà. Ah et je vous félicitais dans mon message pour l’existence de ce site. Tout en regrettant qu’il ne soit pas plus actualisé. 🙂

        Répondre
      • Vidar
        Vidar dit :

        Ma lecture du volume Litera m’a donné une excellente impression. Il y a trente pages d’introduction qui n’a pas grand chose de remarquable, mais, surtout, une note sur la traduction s’en suit, avec sources des textes, justification etc. Il y a ça et là des notes qui éclairent des noms propres (lieux etc.) ou tout mot commun rare (item d’époque etc.). La mise en page est vraiment très agréable.

        La lecture, sur le fond, un délice. Vivement les deux autres tomes.

        Répondre
  12. Truchon
    Truchon dit :

    Je ne suis pas spécialiste mais pas sûr du tout que la version Litera soit irréprochable si l’on admets l’évidence – pourtant peu reconnue comme telle – que la première qualité d’un traducteur, c’est la parfaite maîtrise de sa langue natale. Si vous reconnaissez cela, le seul traducteur français (qui atteindront bientôt la dizaine.Voir les notices sur le site NooSFERE ) reste Jean-Pierre Naugrette. Il n’a pas tout traduit malheureusement, loin de là. Procurez-vous Le chien des baskerville, chez Gallimard Jeunesse; La figure jaunes et autres aventures de SH, chez Folio Junior, et enfin L’aventure de l’homme qui rampait dans Nouvelles fantastiques anglaises, au Livre de poche. De plus, il faut parler du prix de luxe de l’ouvrage Litera : 42 Euro ! Multipliez par 3 puisque l’intégrale sera certainement en trois volumes. Démarche éditoriale très contestable (se faire du blé un max) de la part de Gallmeister qui nous avait habitué à mieux, par exemple, avec les nouvelles traductions en trois volumes de poche des nouvelles de Poe (traduites par Bondil et Le Ray), supérieure, pour les mêmes raisons, à celle de Phébus. Donc boycott de ma part de l’édition Litera

    Répondre
  13. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Cher Truchon,

    Dire que le SEUL traducteur valable soit untel ou untel est peut-être un peu court.

    Sur Pierre Bondil, traducteur du SH dans la collection Litera :

     » Né à Saint-Cloud le 14 février 1949, Pierre Bondil a mené en parallèle une carrière de professeur d’anglais et d’histoire du cinéma et d’une carrière de traducteur de plus de 120 livres : romans, des nouvelles, scénarios. À présent en retraite, il se consacre à la traduction. Pierre Bondil a traduit de nombreux auteurs parmi lesquels Tony Hillerman, Charles Willeford, Jim Thompson, W. R. Burnett, George V. Higgins, Thomas Kelly, Christopher Cook, Elmore Leonard, Ken Bruen, Dashiell Hammett. Pierre Bondil participe également à la revue de l’association 813, à Translittératures (revue de l’ATLF), au Dictionnaire des littératures policières dirigé par Claude Mesplède, à Hard-boiled Dicks… Texte © Le Chien jaune, festival de polar de Concarneau »

    … Mais vous dites que la traduction de Poe par le même Pierre Bondil est supérieur « pour les mêmes raisons » (?) à celle de Phébus.

    Quant au prix : il m’apparaît normal s’agissant d’une édition relativement qualitative de près de 900 pages, avec nouvelle traduction. Mais, hors cet aspect subjectif : C’est le prix proposé. Qui veut achète, qui ne veut pas ne prend pas.

    Répondre
    • Truchon
      Truchon dit :

      Pas de bras, pas de chocolat! Merci pour cette leçon d’accès à la littérature pour le plus grand nombre!
      Et bien sur, vous n’êtes pas du tout en lien avec Litera, 🙂

      Répondre
  14. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Cher Truchon,
    Je vous accueille un peu rudement, je dois le reconnaître. Mais je n’ai pas bien saisi votre argumentation.
    Et, non, aucun lien avec Litera. Je n’en ai pas encore acquis, même si je vais sans doute sauter le pas. Les alternatives à la Pléiade (?) méritent au moins qu’on s’y penche.

    Répondre
    • Truchon
      Truchon dit :

      Bonjour
      Retour sur mon message précédent concernant Litera.
      Mon propos sur la (les) meilleure (s) traduction(s) concernai(en)t aussi les traductions chez Folio et Pocket bilingue. A lire par défaut lorsque Naugrette ne l’a pas fait. Mais on reste toujours loin du compte.

      Sur l’édition Litera, petit comparatif de la première ligne de la nouvelle « the adventure of the speckeld band » :

      Traduit chez Litera : Le bandeau moucheté. Première ligne :”En jetant un regard sur mes notes relatives aux quelque soixante-dix enquêtes au cours desquelles j’ai, ces huit dernières années, étudié les méthodes de mon ami Sherlock Holmes, j’en trouve beaucoup de tragiques, quelques- unes de comiques, un grand nombre de seulement étranges, mais aucune de banale ; car travaillant, comme il le faisait, davantage pour l’amour de son art que pour l’acquisition de richesses, il refusait de s’associer à des investigations qui ne tendaient pas vers l’inhabituel, voire même le fantastique.

      Chez Pocket bilingue (dans le recueil : Conan Doyle : Sherlock Holmes : Deux aventures/Two Adventures). Titre de la nouvelle traduite : La Bande mouchetée. Première ligne :
      Lorsque je parcours les notes se rapportant aux quelque soxante-dix affaires grâce auxquelles j’ai, ces huit dernières années, étudié les méthodes employées par mon ami Sherlock Holmes, je m’aperçois que beaucoup d’entre elles ont un caractère tragique, que certaines sont comiques, un grand nombre tout simplement étranges, mais qu’aucune n’est dépourvue d’intérêt ; en effet, étant donné qu’il travaillait pour l’amour de son art plutôt que pour s’enrichir, il refusait de s’intéresser à toute enquête qui n’eût participé de l’extraordinaire, voire du fantastique.

      Eh bien, néanmoins, la meilleure au niveau du français et au niveau du respect du texte original semble, dans le cas présent, penchée pour l’édition Litera, non ? Mais pourquoi ne pas traduire plus fidèlement le titre original ?

      Répondre
  15. Truchon
    Truchon dit :

    Autre chose : il existe une étude formidable en anglais de l’œuvre de Conan Doyle : Arthur Conan Doyle’s Art of Fiction : A Revalutation, par Nils Clausson. Elle explique bien pourquoi, par exemple, Une étude en rouge et La vallée de la peur ont deux parties très distinctes, au grand déplaisir des holmésiens mais logique lorsqu’on lit l’explication de Clausson sur le projet littéraire doylien.
    Cette étude novatrice mériterait amplement qu’elle soit traduite en français (mais on peut toujours rêver).

    Répondre
  16. Truchon
    Truchon dit :

    Second (et donc dernier) échantillon de comparaison. Cette fois entre la traduction récente Litera et celle de Naugrette, la plus fidèle et élégante que je connaisse. Aucune valeur scientifique mais cela donne une indication probante permettant de confirmer le bien fondé de mon doute concernant le fait qu’avec Litera, nous tiendrions (enfin) la traduction ultime.
    Début de la nouvelle « Le pouce de l’ingénieur » dans la traduction Naugrette : De tous les problèmes qu’eut à résoudre mon ami M. Sherlock Holmes durant les années de notre intimité, deux seulement lui avaient été soumis par mon entremise, celui du pouce de M. Hatherley et celui de la folie du Colonel Warburton. Ce dernier a peut-être fourni un champ plus subtil à l’acuité de cet observateur original, mais le premier à démarré de manière si étrange, et s’est caractérisé par des détails si dramatiques qu’il est peut-être plus digne d’être relaté, même s’il donna à mon ami moins d’occasion d’exercer ses méthodes de raisonnement déductif, grâce auxquelles il obtenait de si remarquables résultats. L’histoire, c’est vrai, a été racontée plus d’une fois dans la presse, mais comme tous les récits de cette sorte, le résultat est moins frappant quand le texte tient sur une demi-colonne que lorsque les faits évoluent lentement sous nos yeux et que le mystère se dissipe peu à peu à mesure que chaque nouvelle découverte constitue un pas de plus vers la vérité complète.
    Traduction Litera : Au fil des années de camaraderie que nous partageâmes et de toutes les enquêtes qui furent soumises à mon ami, M. Sherlock Holmes, afin qu’il les résolve, il n’y en eut que deux que je portai à sa connaissance, celle du pouce de M. Hatherley, et celle de la folie du colonel Warburton. De ces deux-là, la dernière aurait pu offrir un terrain plus profitable à un observateur original et avisé, mais l’autre connut un début si étrange, et développa des détails si dramatiques, qu’elle et peut-être celle qui mérite le plus de figurer dans les annales, même si elle donna à mon ami peu de possibilités d’utiliser ses méthodes de raisonnement déductifs grâce auxquelles il obtenait de si remarquables résultats. Cette histoire a, je crois, été relatée plus d’une fois dans les journaux, mais, comme tous les récits de ce genre, son effet est beaucoup moins frappant lorsqu’il est exposé en bloc*, dans une seule demi-colonne imprimée, que si les événements évoluent lentement sous vos yeux et que le mystère s’éclaircit graduellement alors que chaque nouvelle découverte constitue une étape qui aboutit à [fin de la première page de la nouvelle dans l’édition Litera].

    Pour ne pas alourdir ce message, je laisse le soin de comparer avec le texte original (en anglais) que l’on peut trouver facilement sur le web. Mais, par exemple, Litera bouleverse la structure du début de la première phrase, emploie trop fréquemment la conjonction de subordination « que » alourdissant inutilement la traduction, etc., etc. – il y a bien d’autres choses à dire mais j’arrête là. Personnellement, le doute n’est plus permis : je n’achèterai pas Litera et il faut se cotiser tous:) pour que Naugrette entreprenne la traduction de l’intégralité des aventures de SH (ou forme quelqu’un à la traduction pour réaliser cette tâche!).

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