Howard Philipps Lovecraft  (1890 – 1937. souvent cité H.P. Lovecraft, comme on dirait « H.G. Wells ») est un écrivain américain du début du XXème siècle. Il est l’auteur d’œuvres d’horreur/de fantastique (dont la qualité lui fait dépasser le stade « d’auteur de genre ») et le créateur d’une mythologie cosmique dont l’influence culturelle est immense pour le genre. On peut le comparer à Edgar Allan Poe, qui fut sa principale inspiration (aux côtés de Lord Dunsany) ; même si les thèmes et l’écriture d’H. P. Lovecraft en font un nouveau jalon original de l’écriture du fantastique.

Ses titres les plus connus sont sans doute :

  • La Couleur tombée du ciel
  • Le cauchemar d’Innsmouth
  • L’appel de Cthulhu

(le « C » de Cthulu devant se prononcer à la manière du « j » (jota,) espagnol : un raclement de gorge.)

Le réalisme de ses créations (dont un grimoire secret, le Nécronomicon) ont pu faire douter de la fictivité des objets ou des mythes qu’il a inventés. Retenons qu’il n’a jamais cru à ses propres mythes, qui étaient pour lui des outils littéraires, et qu’il serait vain de chercher une cohérence parfaite dans cette cosmogonie.

Au-delà des nouvelles ou des romans (courts), Lovecraft est l’auteur d’une correspondance gigantesque. Les estimations varient (de 40.000 à 100.000 lettres). Cette correspondance est la véritable clé de la compréhension de l’auteur.

On a beaucoup glosé sur le racisme de Lovecraft. Mais pour l’essentiel, il ne s’agissait que du racisme ordinaire de son époque. Si sa répulsion était réelle et indiscutable, on chercherait en vain dans ses textes les appels haineux au meurtre lancés par d’autres auteurs. Lovecraft n’est pas Céline. Rappelons-nous, par exemple, que sa femme était juive. Ce racisme doit cependant être évoqué pour bien comprendre l’oeuvre elle-même, où la peur de l’inconnu, le dégoût et l’indicible tiennent une place prépondérante.

Parallèlement à ce racisme, l’on peut retenir que Lovecraft est un WASP (Blanc ; Anglo-saxon ; mais athée)  ayant conscience de son déclassement ; ceci expliquant peut-être cela.

Au rang des idées reçues, on peut aussi oublier « le reclus de Providence ». Lovecraft était au contraire particulièrement sociable ; mais sans doute sa sociabilité était elle limitée par ses moyens fort modestes.

Il est aussi intéssant de connaître le goût de Lovecraft pour la science, et en particulier l’astronomie, pour bien appréhender son oeuvre.

« J’aspire à un monde de mystères magnifiques et gigantesques, de splendeurs et de terreurs, dans lequel ne règne aucune autre limitation que celle d’une imagination sans contrainte. » Cette aspiration a sans doute trouvé son épanouissement dans la littérature.

Lovecraft a influencé de nombreux auteurs. Pour quitter la littérature : Un jeu de rôle, L’appel de Cthulhu, a marqué les années 1980 et continue de paraître épisodiquement. J’ai moi-même fait l’acquisition récente de « Londres au XIXe siècle« , paru dans le cadre d’une déclinaison de ce jeu de rôle ; un livre intéressant sur le Londres de l’époque Victorienne.

Un point m’a toujours frappé chez Lovecraft : sa capacité à choisir ses noms. Dagon, Cthulhu, Yog-Sothoth, Necronomicon, l’arabe dément Abdul Al-Hazred, shub niggurath, Nyarlathotep… Un mot suffit pour, déjà, basculer dans une autre réalité.

Editions de référence :

  • Les éditions Mnémos [par défaut, dans l’attente de commentaires]

Les éditions Mnémos ont publié en août 2021 une intégrale Lovecraft. La traduction, due à David Camus, est entièrement nouvelle.

C’est pour commencer un bel objet : 7 beaux volumes sous un solide coffret, avec illustrations, pour un poids total de 6,005 kilos (me dit ma balance de cuisine). Le genre de livres que vous n’emportez pas sur un bord de plage, mais que vous devez lire sagement à la maison. Pour une lecture en extérieur, il faudra vous rabattre sur l’édition Bouquins, qui était la référence jusque-là (Cf. infra)

Je chroniquerai ultérieurement, mais dans l’attente, je cite un extrait de David Camus, le traducteur, et directeur du projet [volume 1, p. 27/28] :

« (…)  je me posai évidemment cette question : « pourquoi une nouvelle traduction ? » Que puis-je, moi, David Camus, apporter à l’excellent travail d’Arnaud Mousnier-Lompré, qui a récemment retraduit « La Quête onirique de Kadath l’inconnue » ? Et au travail de Paul Pérez à qui l’on doit les nouvelles de « Dagon » (chez Belfond et J’ai Lu). La question se posait moins pour la traduction de Bernard Noël (10/18), trop éloignée du texte originel, et cependant non dépourvue de trouvailles : c’est à lui que l’on doit ces « maigres bêtes de la nuit » qui hantèrent plus d’un rêve.

Un ancien éditeur de mes amis, aujourd’hui disparu, m’avait dit, et il avait raison, qu’il fallait « repeigner » les traductions à peu près tous les 25 ans, car pour une étrange raison elles vieillissaient plus vite que les textes originaux. Celle de Démons et merveilles, datant de 1955, avait le poil excessivement hirsute – des semaines de brossage intensif n’y auraient pas suffi. (Le commentaire de Jean Cocteau : « Lovecraft, qui est américain, a inventé un terrifiant monde de l’espace-temps, son style gagne encore à la traduction » a de quoi laisser pantois…) Au point que deux textes du présent recueil (« La Clé d’argent » et « A travers les portes de la Clé d’argent ») peuvent être considérés comme totalement inédits en français. La traduction des nouvelles comprises dans « Dagon » (1969) se révéla de meilleure facture, mais – travers de l’époque ? – une bonne partie du texte anglais manquait : le tiers d’une phrase par-ci, plusieurs lignes par-là. Un éditeur fou aurait-il expurgé ces nouvelles des phrases responsables de sa démence ? S’agissait-il de protéger ces cartésiens de Français d’un auteur qui les aurait, peut-être, détournés des voies de la raison et de la profitabilité ? Ou, plus simplement, de sabrer parce qu’il est dans la nature d’un éditeur de sabrer ? Allez savoir… La traduction d’Arnaud Mousnier-Lompré, datant de 2005, avait encore le poil gominé de frais, avec une belle raie au milieu. Mais il était tombé dans l’ornière que je n’avais évitée que de justesse : le texte anglais dont il était parti était partiellement incomplet et comportait, ça et là, quelques coquilles – qu’il avait d’ailleurs pour la plupart, brillamment repérées et corrigées.

J’ai dû jongler entre trois versions anglaises pour arriver à un texte qui tienne la route, dépourvu de ces coquilles les plus innommables (« galley » au lieu de « gallery », « red masters » au lieu de « real masters », « wild au lieu de « mild », etc.). A toutes fins utiles, voici l’adresse du site Internet où j’ai trouvé la version dont je suis parti pour ma traduction :

http://www.hplovecraft.com/

 »

  • Bouquins, chez Robert Laffont

Edition présentée et établie par Francis Lacassin.

3 volumes, reprenant à ma connaissance l’intégrale de l’auteur (hors la correspondance, qui n’est ici présente qu’en sélection), ses notes de travail, ses brouillons abandonnés ; ainsi que bon nombre de textes de continuateurs ou de pasticheurs.

31 € par volume, neuf.

  • La correspondance

…N’est malheureusement pas disponible en français.

La maison Arkham House Publishers a édité ses « selected letters » en 5 volumes. Non traduites exhaustivement en français à ma connaissance.

Livre(s) ou ressource(s) recommandable(s) :

En mars 2019, la traduction de la biographie de Howard Philips Lovecraft par est parue aux Editions ActuSF :

  • Je suis Providence, Vie et oeuvre de H.P. Lovecraft, par S.T. Joshi (en 2 volumes, d’environ 700 pages chacun) est, incontestablement, la référence biographique. Edition sous la direction de Christophe Thill, aidé d’une équipe de dix traducteurs.

A l’heure où ces lignes sont écrites, j’ai lu les six premiers chapitres ; suffisamment pour me faire une bonne idée de ce travail. La biographie est précise. Les assertions sont documentées (deux à trois notes par pages, en général les références bibliographiques). L’auteur nous fait part de ses doutes ou de ses hypothèses. Le second volume comprend un index d’une quarantaine de pages, ainsi qu’une bibliographie de dix pages (essentiellement américaine ; le complément bibliographique en français ne fait que souligner la pauvreté des sources disponibles dans notre langue). La police de caractère utilisée (plus petit que le garamond de la Pléiade (sic) – on doit être en taille 8, voire 7) réservera cette biographie aux lecteurs ayant une vue parfaite ou aux véritables passionnés ! Le texte comprend quelques coquilles assez étonnantes (mot manquant ; phrase tronquée…) qui ne gênent pas la lecture ou la compréhension générale. Défaut d’une première édition ; Mais on ne va pas faire la fine bouche tant est grande la chance de pouvoir lire ce travail en français. La lecture, hormis la taille des caractères, est très agréable.

Dans l’introduction à l’édition française, le maître d’oeuvre (Christophe Thill) nous signale que la collection « Bouquins » des œuvres complètes a servi de référence. Je cite :

« De ce fait, elle demeure d’une grande utilité, mais n’est pas dénuée d’erreurs, qui à certains moments peuvent s’avérer gênantes par rapport aux analyses présentées. Dans ce cas, nous ne nous sommes pas privés de les signaler, et d’en proposer une correction qui rende les choses compréhensibles.

Une importante source complémentaire est l’ensemble des deux volumes de nouvelles traduits par David Camus et publiés chez Mnémos : Les Contrées du rêve (2010) et Les Montagnes hallucinées et autres récits d’exploration (2013). Les 19 nouvelles qui y sont rassemblées sont parmi les plus importantes de Lovecraft, et leur traduction, si elle a pu être discutée sur certains points de forme, est solide pour ce qui est du fond. Pour les nouvelles en question, elle se substitue donc à l’édition « Bouquins » en tant que référence. »

  • Maurice Levy est l’auteur d’un essai précurseur en France : LOVECRAFT ou DU FANTASTIQUE, paru en 1972 chez 10/18.

L’essai a bonne réputation et, parait-il n’a pas vieilli (bien que son auteur soit revenu, 37 ans plus tard, sur son enthousiasme de l’époque). J’en ferai le commentaire détaillé prochainement (dans sa réédition de 1985 chez Christian Bourgeois)

Dans l’attente, il est chroniqué sur Persée : – lien externe vers la chronique sur Persée 

  • Michel Houellebecq est l’auteur de H. P. Lovecraft : Contre le monde, contre la vie. Disponible en poche chez 10/18 pour moins de 6 €, alors autant se faire une petite idée.

L’essai de Michel Houellebecq est un véritable chant d’amour à l’oeuvre de Lovecraft (qui renseigne aussi bien sur Lovecraft que que Houellebecq, d’ailleurs). Après une belle introduction de Stephen King, l’essai est divisé en trois parties :

Première partie, l’auteur pose son sujet, rappelle les débuts de Lovecraft après son premier effondrement nerveux. Il pose le « matérialisme absolu » de l’auteur (dont les créatures ne sont pas des êtres éthérés, mais ont une nature physique, comme la nôtre, assortie de pouvoirs que nous ignorons). Il s’étonne des continuateurs de Lovecraft, qui ont approfondi son univers, utilisant les « briques » créées par lui et utilisant les mêmes expressions (beau parallèle avec le « style formulaire » chez Homère). Autre beau parallèle avec l’oeuvre de Conan Doyle (page ouverte sur propagerlefeu.fr !) qui a fait aussi l’objet d’un engouement énorme et dont l’oeuvre a connu continuateurs et parodies.

La seconde partie s’intéresse proprement au style de Lovecraft et l’oppose au standard classique du fantastique, où un univers banal se fissure. Chez Lovecraft, au contraire : entrée en matière directe (chapitre 1). Houellebecq cite Lovecraft (« je ne crois pas que le réalisme soit jamais beau« ) et justifie que celui-ci ne s’intéresse pas à deux réalités essentielles de notre monde : le sexe et l’argent (chapitre 2). Le chapitre 3 évoque le goût de l’architecture qui se retrouve dans les nouvelles et textes longs. Le chapitre 4 décrit l’utilisation des sens (ouïe, odorat…) dans l’oeuvre. Les matières annexes (archéologie, biologie, astronomie…) qui nourrissent l’oeuvre de Lovecraft font l’objet du chapitre 5. Le chapitre 6 décrit encore quelques procédés stylistiques : la mise en relation entre des données temporelles très larges (des centaines de millions d’années) et d’autres d’autant plus précises (onze heure et quart) ; et d’autres procédés de narration visant à donner une impression d’objectivité : articles de journaux, rapports de police, compte rendus de travaux scientifique…

La troisième partie reprend des données biographiques et prend le temps de s’interroger sur le racisme de l’auteur, exacerbé après son expérience new-yorkaise. Tout à son amour de Lovecraft, Houellebecq évacue un peu vite les reproches de style qui lui ont été faits : « Leur conclusion [aux critiques] a été que l’individu avait une imagination étonnante (il fallait bien, malgré tout, expliquer son succès), mais que son style était déplorable. Ce n’est pas sérieux. Si le style de Lovecraft est déplorable, on peut gaiement en conclure que le style n’a, en littérature, pas la moindre importance ; et passer à autre chose. »

Michel Houellebecq note à juste titre à quel point notre monde actuel dégoûterait Lovecraft : mécanisation/modernisation ; idéaux de liberté et de démocratie ; credo indiscuté du progrès ; capitalisme libéral / mercantilisme / publicité / culte de l’efficacité économique ; libéralisme étendu au domaine sexuel.

A vous de jouer maintenant !

Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.

En commentaires, libre à vous de :

  • discuter des mérites et défauts des différentes éditions
  • de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
  • de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
  • de ce qu’il représente pour vous
  • des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
92 réponses
  1. francis moury
    francis moury dit :

    Le titre original de l’étude de Lévy est « Lovecraft ou du fantastique » et cela dès son édition originale U.G.E., coll. 10/18.
    « Lovecraft, ou, du fantastique » est erroné. Il n’y a pas de virgule de séparation entre les ces éléments.

    L’article belge en lien sur Persée commet une ahurissante erreur de format : ce n’est pas un in-8°, c’est un livre de poche. Coquille probable, au demeurant.

    Les titres les plus connus de Lovecraft furent ceux de ses recueils de nouvelles, pas ceux de ses nouvelles sauf dans le cas où une nouvelle a donné, en France, son titre au recueil dans lequel elle se trouvait. Par exemple « Le cauchemar d’Innsmouth » appartenait au recueil « La couleur tombée du ciel » auquel appartenait bien évidemment aussi cette seconde nouvelle qui donnait son titre au recueil chez Denöel.

    Les éditions « présentées et établies » par Francis Lacassin sont traduites par qui ? Si par Jacques Papy, alors très bien. Si par quelqu’un d’autre, venu plus tard, nécessité d’une comparaison impérative avec la traduction de Jacques Papy qui fait référence et que Jean Cocteau jugeait même supérieure à l’original américain, un peu comme, à une époque, on a pu considéré qu’il valait presque mieux lire William Faulkner traduit par Maurice-Edgar Coindreau. que dans le texte américain.

    Les éditions de référence des traductions françaises de Lovecraft sont les éditions Denoël, collection Présence du futur, d’abord grand format pour les plus anciens, puis format poche pour les moins anciens ou pour les rééditions des plus anciens chez le même éditeur.
    On a par la suite trouvé du Lovecraft chez divers éditeurs : je cite de mémoire Pierre Belfond, Christian Bourgeois collection Dans l’épouvante (notamment LE RODEUR DEVANT LE SEUIL co-signé par August Derleth), J’ai lu (rééditions poche), etc.

    L’étude de Lévy dispose d’une petite bibliographie mais elle est insuffisante : Lévy se contente de mentionner les titres des recueils Denöel sans mentionner leur contenu. En revanche, il a donné une bibliographique chronologique nouvelle par nouvelle, ce qui est très bien.

    L’autre étude française de référence sur H.P. Lovecraft demeure le Cahier de l’Herne qui lui fut consacré. C’était une revue prestigieuse, rassemblant des articles variés d’un collectif d’auteurs sélectionnés. Même principe et mêmes qualités (y compris plastiques) que les revues proches en exigence telles que L’Arc ou Nouvelle Ecole.

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    • Apokrif
      Apokrif dit :

      « la traduction de Jacques Papy qui fait référence »

      Ce n’est pas Papy justement qui a commis la traduction *non complète* (mais non annoncée comme telle !) de l’_Affaire Charles Dexter Ward_ ?

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    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Bonjour Francis,

      Merci de vos interventions. Plusieurs points :
      Sur le titre de l’essai de Levy, merci de me corriger. Je vais cependant vérifier ce soir en rentrant chez moi car je suis un peu surpris d’avoir fait ce genre d’erreur (la profondeur de ma médiocrité m’étonnera toujours).
      Je vous donnerai également le nom des traducteurs de l’édition Bouquins. Je ne pense pas que l’on puisse dénigrer leur travail avant de les avoir lus ; effectivement, la comparaison serait intéressante.
      Vous donnez la préférence aux éditions Denoël ; auriez-vous quelques arguments pour fonder cette préférence (hormis, peut-être, l’antériorité ou, si je comprends bien, la traduction ?)
      Dans les lectures recommandées, je note de référencer le Cahier de l’Herne, qui est bien sûr une référence. Pas plus tard que ce matin, dans ma navigation, un bandeau publicitaire me proposait la revue Europe, qui chronique dans un même numéro Lovecraft et Tolkien. Je me suis aussi promis de la référencer (après lecture ; mais je ne me la suis pas encore procurée, mon budget de janvier/février ayant déjà été mangé par Homère, Euripide, et quelques livres étonnants du XIXe…)

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    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Vu : Le livre de Maurice Levy est référencé avec les virgules sur Amazon ; titre repris tel quel ici avant réception du livre (la confiance me tuera). L’essai est titré simplement « Lovecraft » en couverture et « LOVECRAFT ou DU FANTASTIQUE » en page intérieure. Je corrige.

      L’édition Bouquins reprend les traductions d’autres éditeurs :
      – traductions de Paule Pérez aux éditions Belfond.
      – traductions de Yves Rivière aux éditions Denoël
      … Selon les nouvelles.
      – traduction de Jacques Papy et Simone Lamblin aux éditions Denoël (pour « La Couleur tombée du ciel », « L’Affaire Charles Dexter Ward », « L’Abomination de Dunwich », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Le Cauchemar d’Innsmouth », « La Maison de la Sorcière », « Le Monstre sur le seuil », « Dans l’Abîme du temps »)
      …Ces traductions concernent donc l’essentiel des « textes longs » de Lovecraft, et ceux d’importance, hormis « Les Montagnes Hallucinées » (traduction de Simone Lamblin, seule, aux éditions Denoël).

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  2. Restif
    Restif dit :

    Je viens de regarder dans l’édition Bouquins et les traductions sont de J.Papy et Simone Lamblin ou de Papy seul ou de Simone Lamblin seule. A vrai dire tous les noms des traducteurs proviennent soit de l’édition Denoël soit de l’édition Belfond. Je n’ai pas regardé touchant les œuvres « venues d’ailleurs » mais j’ai tout lieu de croire que, là aussi, on a repris les traductions anciennes quand elles existaient. Donc… Sinon, sur l’analyse de Lovecraft, je me souviens d’un article de Jacques Goimard paru dans Métal Hurlant (j’ai acheté toute la collection) qui analysait le style de Lovecraft et qui était ma foi excellent. S’il m’en souvient bien il observait l’importance du négatif dans la stylistiques lovecraftienne. Ainsi dans « La couleur tombée du ciel : « A Arkham les collines sont sauvages et il est des vallée dont les bois profonds N’ONT JAMAIS subi la hache. Il est d’étroites et sombres gorges où de minces ruisselets filtrent sans JAMAIS avoir reflété l’éclat du soleil .. » Un tout petit peu plus loin l’idée de « négatif », d’absence, se développe, s’articule de manière plus fine à travers ces « chaumières trapues (…) mais toutes sont vides. Les gens d’autrefois s’en sont allés (…) Non qu’il y ait quoi que ce soit qu’on puisse voir, entendre ou toucher (…) le vieil Ammi Pierce ne leur a jamais raconté » . Bon, j’arrête là, ce n’est peut-être pas passionnant . Cependant, il me semble que cela indique l’un des biais par lesquelles Lovecraft travaille sur notre imagination : c’est plus que du non-dit, c’est un vide que notre esprit va remplir peu à peu de ses phantasmes. Voir l’absence de réelle description de créatures dont tout ce qu’on sait c’est qu’on s’évanouit à les voir -bien sûr, il y a les traits des habitants d’Insmouth, il y a quand même description, mais si peu dès qu’il s’agit d’Azathoth et autres On a dit, trop souvent, que Lovecraft écrivait mal, et c’est aussi pourquoi il n’ y a pas de Pléiade Lovecraft.Or c’est faux, et le petit exercice de Goimard (enfin, deux pages quand même, deux grandes pages équivalent à 4 en poches) m’a paru excellent.
    J’ai lu Lovecraft assez jeune -11 ans- grâce aux Denoël poches à couvertures blanches ornées d’une sorte d’une sorte d’atome en devenir, grâce en soit rendue à mon père qui les avait achetés. On peut dire que je ne m’en suis jamais remis, et pour toujours, je suis d’ailleurs.

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Une sorte d’atome en devenir ?… Moi j’y voyais plus une galaxie lenticulaire ou bien le fantôme d’un ovni… A part ça, plus personne n’ose dire je crois que Lovecraft écrivait, tant son écriture produit de la fascination et notamment pour les raisons que vous avez dites.

      Répondre
      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        J’irais jusqu’à dire que son imaginaire – hors normes également – n’aurait peut-être pas suffi à lui assurer la position éminente qu’il occupe aujourd’hui, et à garantir sa survie à part et au-dessus de ses collègues de l’époque et que son écriture est un élément essentiel.

        Répondre
          • Domonkos Szenes
            Domonkos Szenes dit :

            Sa façon de transcrire l’univers qu’il a créé (ou plutôt de l’évoquer) n’est pas moins originae que l’univers en question. Celui-ci, réduit à son seul contenu se distinguerait toujours d’autres, moins originaux, mais pas sûr qu’il nous provoquerait en nous le même trouble.
            D’ailleurs Lovecraft était parfaitement conscient d’être un véritable écrivain et non pas un simple raconteur d’histoire, et il était très préoccupé par les questions d’écriture.
            Je ne le qualifierais certainement pas de « styliste » pour autant.

            Répondre
            • Domonkos Szenes
              Domonkos Szenes dit :

              Sa façon de transcrire l’univers qu’il a créé (ou plutôt de l’évoquer) n’est pas moins originale que l’univers en question. Celui-ci, réduit à son seul contenu se distinguerait toujours d’autres, en ce qu’il a d’inouï, mais pas sûr qu’il susciterait en nous le même trouble.
              D’ailleurs Lovecraft, très préoccupé par les questions d’écriture, était conscient d’être un véritable écrivain et non pas un simple raconteur d’histoire.
              Pour autant, je ne le définirait pas comme un « styliste ».

              Répondre
  3. Restif
    Restif dit :

    Ps Pardon Draak, je ne sais pas comment j’ai manqué votre commentaire; du coup ça fait double emploi. J’avais pourtant bien regardé. J’ai du oublier d’actualiser la page. Mea culpa.

    Répondre
    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Tout va bien, cher Restif ; mea culpa : propagerlefeu.fr est jeune et n’est pas aussi bien conçu que je le voudrais. En particulier, je suis le seul à recevoir des mails lorsqu’il y a des commentaires/réponses. J’imagine que pour vous, devoir aller sur le site et penser à vérifier s’il y a des nouveautés, puis les situer dans le fil de conversation n’est pas pratique.
      Votre remarque sur la négation est très intéressante ; je me suis promis de relire Lovecraft et j’aurai cela en tête.
      Il y a beaucoup à dire sur Lovecraft, mais une chose est sûre : ses effets et son écriture étaient le résultat d’une vraie réflexion (même si quelques unes de ces idées sont devenues des évidences de page-turners et peuvent faire sourire ; par exemple son idée de première phrase coup de poing (reprise à E Poe) et qui trouve son illustration dès Dagon : « C’est dans un état bien particulier que j’écris ces mots, puisque cette nuit je ne serai plus. »)
      Il a bien sa place parmi les classiques et ne déparerait pas en Pléiade.

      Répondre
  4. francis moury
    francis moury dit :

    Bonjour

    L’édition originale U.G.E., coll. 10/18, Paris 1972 donne LOVECRAFT en première de couverture, LOVECRAFT OU DU FANTASTIQUE en page de titre. De mémoire, police et taille des caractères identiques pour les quatre mots mais à vérifier sur un exemplaire papier. Et aucune virgule de séparation, bien évidemment.

    Pourquoi Denoël comme éditeur de référence pour Lovecraft chez nous ? Parce que c’est l’éditeur qui a révélé Lovecraft en France d’une part, parce que Jacques Papy était, pour l’essentiel, son traducteur principal et que Papy fut un des plus grands passeurs de la littérature fantastique anglaise et américaine sur un double plan : sa capacité à sélectionner et constituer des anthologies de contes fantastiques anglais et américains, sa capacité à les bien traduire. Roger Caillois lui a rendu hommage dans la préface de son ANTHOLOGIE DU FANTASTIQUE (1958 puis 1965 revue en deux tomes chez Gallimard-NRF) car il l’avait aidé pour le domaine anglais et américain.
    Pour résumer, si Lacassin et l’éditeur Robert Laffont ont repris toutes les traductions de Papy existantes pour les textes originaux de Lovecraft, c’est parfait. Les autres traducteurs (vous ne les mentionnez pas tous dans votre liste, il y en a d’autres) sont moins connus, ce qui ne signifie pas que leur travail soit indigne d’être connu ni d’être repris.

    Comme vous le savez, je demeure persuadé que H.P. Lovecraft mériterait d’être à la Pléiade, en oeuvres complètes. Et commercialement, la Pléiade aurait certainement bien plus de lecteurs d’une telle édition que de certains autres auteurs américains ou anglais qu’elle a pourtant jugé dignes de figurer dans ses rangs.

    Simplement, il faudrait faire pour Lovecraft ce qu’on fait pour une édition critique usuelle : collations, établissement du texte original, comparaison des traductions d’un même texte, bibliographie, biographie, établissement des variantes, etc.

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  5. Restif
    Restif dit :

    Imaginez un Album Pléiade Lovecraft ! Il serait (presque) aussi recherché que le Necronomicon!

    Cher Draak, je reconnais bien là votre magnanime aménité. Propager le feu est jeune, sans doute, mais il n’en est pas moins vrai que si quelque intelligence artificielle lui baillait sa voix il pourrait à juste s’exclamer : « Je suis jeune il est vrai mais aux âmes bien nées/ La valeur n’attend pas le nombre des années. »

    Domonkos, vous avez raison, plutôt un fantôme d’ovni. Mais j’avoue qu’une paresse descriptive m’a saisi. depuis le temps, bien avant la lecture même, depuis l’enfance la plus lointaine où je voyais à travers les vitres des bibliothèques ces étranges couvertures, elles sont devenues pour moi le symbole même du mystère. Il n’ y avait pas que Lovecraft d’ailleurs. Et c’est ainsi que la Sf et le fantastique se sont présentés à moi costumés de cet énigmatique halo. Et bien sûr que l’écriture de Lovecraft est au niveau de son imaginaire, puisque elle en est non seulement la transcription mais aussi la mise en scène et la narration. L’ambiance secrétée par sa prose est telle que la peur suppure de l’atmosphère. Il faudrait parler de l’importance des odeurs (celle du poisson notamment évidemment), des bruits -Celui qui chuchotait dans les ténèbres -, ce sentiment de déréliction qui sourd du paysage même, cette dégénérescence qui marque les traits et les esprits, quand ce n’est pas quelque terrible savoir ou expérience qui a posé sa foudre indélébile sur la chair du survivant. Lovecraft est expert dans l’art de faire s’exprimer une nature, humaine ou urbaine, sauvage ou domestique profondément corrompue, à travers les signes emblématiques d’une horreur abyssale l’expérience de l’indicible se lit, se dit. Quant à l’horreur cosmique, qui ne l’a ressentie le lisant les récits du reclus de Providence?

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Quand j’étais petit (cela se perd dans l’Abîme du Temps) deux portes ouvraient pour moi le domaine de l’imaginaire : Présence du Futur pour la SF (la Couleur tombée du Ciel, en quelque sorte, qui, parfois, me faisait croire que Je suis d’Ailleurs) et les noirs Marabout pour le Fantastique classique ou contemporain : Celui qui Hantait es Ténèbres. Et tout cela hantait mes nuits, Par-delà le Mur du Sommeil…

      Lovecraft incomparable, insurpassable, parmi ces Grands Anciens qui ont construit les colonnes de notre moderne mythologie (et de notre Géographie imaginaire : s’il n’y avait eu celle de Lovecraft, Stephen King aurait-il construit la sienne ?). Sans parler de son vocabulaire.

      Il est d’ailleurs stupéfiant – et significatif – de voir combien cette oeuvre si datée et produite dans une espèce de ghetto de la « sous-littérature », est partie prenante de notre modernité !

      ……………………………

      Oui, un coffret Pléiade Lovecraft – avec une part significative de la correspondance, SVP – honorerait la collection et ne pose pas la moindre question, tant sa nécessité ressort de l’évidence.

      …………….

      Quant à son racisme – indéniable – qui s’exprime dans des termes parfaitement odieux dans certaines lettres et même nouvelles, il est partie prenante de son univers horrifique : son fantasme du wasp menacé dans son existence même par l’invasion des races dégénérées n’est pas très différent de sa conception de l’homme, moins que microbe, à peine particule, dans un univers dont les forces aveugles et insensibles menacent de le broyer sans même s’en apercevoir.

      Ce n’est pas tant que ça le racisme ordinaire de son temps et de sa classe – même si ça l’est en partie – et Lovecraft me semble plus l’héritier d’un Gobineau, avec son horreur du métissage, qu’un cousin de Céline. Le racisme de Céline a des racines plus populaires qu’intellectuelles. Il ne joue pas un grand rôle dans son oeuvre – à part, bien entendu, dans les pamphlets – et, s’il s’exprime crûment dans certains passages des romans tardifs, il ne les féconde pas, n’est pas une source d’inspiration. Le racisme de Lovecraft joue un rôle dans les fondements de sa création. Il me paraît inutile de s’en affliger, encore plus impossible et vain de vouloir l’extirper. Loin d’en sortir « purifiée » l’oeuvre lovecraftienne en sortirait émasculée.

      Par ailleurs la charge vénéneuse de ce racisme est nulle pour les lecteurs d’aujourd’hui, tant sa forme est grossière et obsolète : littéralement « illisible ».

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      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        Fort heureusement – Azatoth nous en préserve ! – nul ne songe à mêler le nom de Lovecraft ni à faire appel à son « autorité » en la matière, dans les actuels débats sur les migrations…

        Répondre
      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        La correspondance entre Lovecraft et Howard est particulièrement intéressante : le préjugé voudrait voir, au départ, la brute représentée par le Texan, auteur des Conan le Barbare, et l’intellectuel en la personne du Gentleman de Providence ; à l’arrivée il semble bien que l’humaniste serait du côté du « Barbare » et l’inhumanité du côté du « Civilisé »…

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      • francis moury
        francis moury dit :

        Cher Domonkos

        Votre commentaire sur votre choix de jeunesse entre la SF Présence du futur et le fantastique Marabout, appelle une précision d’histoire de l’édition française et de l’édition belge.

        Présence du futur publiait aussi du fantastique (« Malpertuis » de Jean Ray, par exemple) et Marabout publiait aussi de la science-fiction (« Les Hommes frénétiques » d’Ernest Pérochon).
        Certains titres tels que, encore lui, « Malpertuis » de Jean Ray ont même fait partie des deux catalogues des deux collections.
        Pas au même moment, bien sûr.

        La série science-fiction de la Bibliothèque Marabout des éditions Gérard & Cie a débuté un peu avant 1970 – plusieurs années après le début de la série fantastique dans la même Bibliothèque – alors que la collection Présence du futur des éditions Denoël est bien antérieure (Ray Bradbury y était traduit dès avant 1955)

        Il y aurait un sujet de thèse (a minima) ou même de livre à écrire sur la réception de la littérature fantastique et de la littérature de science-fiction en France. Les catalogues des éditeurs et les dates d’impression des volumes constituant leur matière première.

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        • Domonkos Szenes
          Domonkos Szenes dit :

          J’en conviens tout à fait. Mais, (était-ce une impression personnelle ou bien était-ce un préjugé partagé ? je ne sais), j’identifiais plutôt PF à la SF et Marabout au Fantastique (en ce qui concerne cet éditeur, d’ailleurs, j’avais auparavant déjà lu les grands classiques populaires, Dumas, Sue, Féval et même le Mouron Rouge de la Baronne Orczy (est-ce que quelqu’un sait encore de quoi il s’agit aujourd’hui ?). Vous comprendrez qu’on ne peut pas se défaire d’une telle empreinte venue de l’enfance.

          Récemment, je me suis mis à reconstituer et compléter ces collections Marabout. Il s’y trouvait tout de même des perles (je pense, par exemple, à une Vernon Lee que, durant près d’un siècle, seul Marabout a publié en France, jusqu’à ce que récemment un éditeur toulousain entreprenne de l’exhumer).

          Ensuite, pour la SF, je suis passé aux J’AI LU qui a publié (presque) toutes les oeuvres majeures jusqu’aux années 70. (Une dernière remarque, je ne sais s’il s’agissait d’une question de prix ou de diffusion, mais il me semble que les Marabout m’étaient plus accessibles que PF à l’époque ; en tous cas, je les trouvais dans toutes les bibliothèques.)

          Et, oui, tout cela mériterait d’être affiné et étudié sérieusement.

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          • francis moury
            francis moury dit :

            Je comprends bien que vous ne puissiez que difficilement vous départir de cette impression d’enfance car elle fut aussi la mienne. Globalement, Marabout était d’abord le fantastique, Présence du futur d’abord la science-fiction. Mais concernant Marabout, la science-fiction a rapidement constitué une série à part entière dès les années 1970.

            Je vous félicite de tenter de reconstituer une collection Marabout.

            Je vous signale qu’il y a eu trois périodes graphiques distinctes : certains titres n’appartiennent qu’à une seule période. D’autres aux trois périodes.
            Je crois par exemple que le volume « LES EPEES DE L’EFFROI Histoires surnaturelles » de Vernon Lee dont vous parlez, n’a été publié que durant la seconde période graphiques.

            Les titres édités par les périodes graphiques sous volumes distincts, le furent en général avec illustrations distinctes de couverture.

            La couverture du DRACULA de B.S. que lit LA COLLECTIONNEUSE dans le film d’Eric Rohmer est celle de sa première édition Marabout.

            L’idéal, à mon avis, pour aller au plus simple et au plus mignon, est de tenter de reconstituer complètement l’une des trois périodes. Ce serait déjà bien d’y parvenir.

            En ce qui me concerne, c’est la seconde période, donc celle de l’année 1970, qui est ma favorite sur le plan graphique.

            Jean-Pierre Andrevon chroniquait régulièrement, dans la revue FICTION, les publications de la Bibliothèque Marabout et il avait noté les changements esthétiques des couvertures, y compris les changements du symbolique oiseau marabout.

            Je vous renvoie aux divers sites qui reproduisent les couvertures Marabout sur Internet : vous constaterez aisément les trois variantes correspondantes aux trois périodes.

            Présence du futur, pour sa part, a connu deux périodes : graphisme identique mais changement de format, passage au format poche à partir de l’année 196x ou 197x, à vérifier.

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            • Domonkos Szenes
              Domonkos Szenes dit :

              Ah oui, le fameux oiseau marabout et son évolution vers un dessin de plus en plus épuré… Quand on a aussi été lecteur des Bob Morane cela permet de situer immédiatement, au premier coup d’oeil sur le dos de couverture, de la période de publication ou de republication du bouquin… Amusant. (J’ai toujours supposé qu’il avait été créé à l’imitation du Penguin anglais, mais je n’ai jamais pris la peine de vérifier les dates de création ?…)

              Ne croyez pas cependant que je sois un vrai collectionneur passionné, je ne cherche pas à être absolument exhaustif en ce qui concerne la collection, mais plutôt à recréer cet univers qui fut, pour moi et d’autres, dans les années 60-70 une sorte de terre promise de l’imaginaire fantastique, à l’époque où il n’y avait pas tant de portes d’entrée, encore moins d’internet… Je dois reconnaître, cependant, qu’au fur et à mesure, on se prend au jeu.

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  6. Restif
    Restif dit :

    Où diable (ou plutôt par Shub-niggurath) avez-vous donc eu ça Domonkos ?J’ai le tome 1 (qui resta unique) de la Correspondance chez Bourgeois avec Derleth et Wandrei, mais ça, je ne le vois nulle part. Un type en 2013 parlait de le traduire puis, rien. Je n’ai pas suivi… Ça doit être épuisé.

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  7. Restif
    Restif dit :

    Alors je ne saurai jamais où vous avez eu cette Correspondance Domnkos? sur le net, nada, néant, macache walou comme on dit dans les cercles universitaires. Une histoire de la réception de la Sf française devrait aussi passer par Galaxie et Fiction. Ah, l’anthologie Caillois du fantastique, mes premières amours. Avec plus tardivement, la remarquable anthologie de Goimard et Jeneaisplus qui (un nom italien. Ah, Roland Stragliatti je crois) en presse-pocket « Histoire de cauchemars.De vampires etc),

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Ben, ça alors ! Que le grand Yog Sothoth me patafiole ! mais je m’aperçois que je n’en sais rien moi-même ! Décidément la dégradation de ce qui me sert de cerveau s’aggrave plus vite que je ne pensais…

      Ne cherchez pas un ouvrage parmi votre bibliothèque lovecraftienne, vous ne l’y trouverez pas, même si elle est aussi bien fournie que la mienne qui est quasiment exhaustive. En fait, je me souviens qu’il s’agissait d’un choix de lettres échangées entre Howard et H.P., faisant une soixantaine de pages bien remplies, avec des commentaires entrelacés… J’ai tout d’abord cru que cela se trouvait dans un recueil du Gentleman de Providence, puis je me suis souvenu que le commentaire était plutôt celui d’un partisan du Barbare texan… alors j’ai cherché dans les ouvrages de celui-ci en ma possession, et je n’ai pas eu plus de succès.

      J’en viens à me demander si, franchissant les Portes de Corne et d’Ivoire, je n’ai pas rêvé, quelque part dans les parages de Kaddath, ce dialogue entre les deux Maîtres !

      Bon, je vais avaler un tube d’aspirine…

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      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        Je me souviens notamment de passages où l’auteur de Conan le Barbare voyait avec bien plus de lucidité ce qu’il y avait d’inhumain dans la doctrine de M. Mussolini que l’auteur de l’Affaire Charles Dexter Ward.

        Mais dans quel monde parallèle du multivers ai-je bien pu lire ça ?

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  8. zino
    zino dit :

    Cher Restif, cher Domonkos,
    Je pense que pour faire bonne mesure, il faudrait, également, ajouter le nom de Jacques Sadoul, qui a tant œuvré pour la reconnaissance, en France, des grands maîtres de la SF et du fantastique américain, notamment par le biais de ses merveilleuses anthologies. Je garde un souvenir ému de ses astounding stories et autres weird tales. Quand on a 11 ans et qu’on a ce genre de livres entre les mains, forcément, ça marque…

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  9. Restif
    Restif dit :

    Vous avez évidemment raison cher zino. J’ai moi-même connu les anthologies de Sadou, souvent excelentesl. Bon, je trouve que certaines étaient peu intéressantes et que des fonds de tiroirs furent recyclés, mais assez boudé son plaisir, car s’en était un que de découvrir ce fameux « âge d’or » (le premier) de la SF américaine. J’en profite pour dire que la revue Fiction a joué un rôle délétère et même néfaste sous la houlette de Dorémieu lorsqu’il en confiât les manettes à Bernard Blanc et Sthephane Nicot. Ils démolirent tout ce qui n’était pas SF politisée, et ne cessèrent der prôner une SF française ennuyeuse, sur-écrite, habitée d’obsessions littéraire au pire sens du mot, une SF prétentieuse, les rédacteurs, les critiques (sauf Richard .D. Nolan le fils de P. Manchette) et les auteurs prétendaient faire le Grand soir à travers les mots en oubliant le scénario. L’éditeur Kesselring fut le symbole de cette stylistique bitumineuse qui ne parlait que d’oppression et d’immonde Kapital.Voir les BD de Chantal Montellier tout à fait dans cette mouvance qu’elle symbolise à merveille.

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Ca y est, nous ne pouvons nous empêcher de digresser, et nous éloignons de Lovecraft… Draak va être obligé de nous rappeler à l’ordre, comme Brumes !
      Tant pis, je prends tout de même le risque d’abonder dans votre sens, Restif – ce fut un véritable suicide de la SF française (qui prétendait prendre modèle sur la new wave anglaise, mais sans le talent des Moorcock, Ballard, Watson, Priest, etc.) Une seule réserve : Chantal Monteiller pouvait être insupportable à afficher au premier degré son féminisme agressif, sa haine des flics, son obsession du fascisme rampant, mais elle n’était pas dépourvue de talent, sur le plan stylistique elle avait une esthétique personnelle intéressante (c’était glaçant, certes, mais pas sans intérêt). Dans un paysage bd qui était alors presque exclusivement masculin elle représentait quelque chose.

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      « une SF française ennuyeuse, sur-écrite, habitée d’obsessions littéraires au pire sens du mot, une SF prétentieuse…. » là je plaide coupable, cher Restif, et m’applique mot pour mot votre réquisitoire, car à l’époque c’est ce que nous écrivions, deux ou trois petits camarades et mo,i et tentions de faire publier (certains y sont parvenus, que par fidélité à notre amitié je ne dénoncerai pas) ; quant à moi, je présentai mes « travaux » à Robert Louit qui dirigeait la collection « Dimensions » chez Calmann-Lévyn, lequel me déclara lucidement que je n’étais pas doué pour la SF (snif !) mais que mes textes comportaient des promesses (je me demande encore où il les avait dénichées, il ne pouvait s’agir que de compassion) et m’envoya à son collègue Roger Vrigny qui me fit travailler et publia mon premier roman dans la collection « normale » de Calmann-Lévy… Comme quoi, la SF de l’époque, que je biberonais itnensivement, fut ma mère et mon père tout à la fois.

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  10. Restif
    Restif dit :

    OUi, je suis d’accord, le graphisme de Montellier est intéressant, et j’ai regretté sa disparition des pages du Psykopat ou sa Bd « Le Normologue » était loin d’être intéressante. Je crois d’ailleurs qu’elle s’est calmée question idéologie pur rouge, au point qu’il y a un petit parum de désillusion chez elle qui me touche. Et pour toucher un vieux crocodile comme moi !

    Sur Lovecraft, il existe -vous l’avez peut-être, je l’ai revendue parce que ma foi ça ne me plaisait pas tant que ça et je désirais acheter autre chose – un somptueux
    Port Folio où sont parus pour la première fois ses poèmes de Lovecraft « Les Fungi de Yuggoth ». C’est LA plus belle édition de ses poèmes. (Voilà, histoire de me racheter un peu de ma digression).

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Merci du renseignement, j’aimerais avoir une belle édition des poèmes de Lovecraft, mais j’évite les port folio, trop chers, trop encombrants, ne répondant pas vraiment à mon goût en fait.
      Pour Chantal Monteiller, je l’avais rencontrée, à deux reprises, lors d’un petit festival de bd dans une commune limitrophe de Marseille (un truc à taille humaine, très peu de dessinateurs, pas de stars, beaucoup de disponibilité) et elle m’avait plu humainement : j’avais effectivement ressenti ce côté un peu désenchanté, et avais été ému par sa fidélité malgré tout à ses idéaux (mais un peu moins encombrés d’idéologie qu’autrefois). Elle était très heureuse de pouvoir discuter et non pas simplement exécuter un travail de signature. Pas du tout aussi psycho-rigide dans l’échange direct qu’il paraît dans ses anciens livres.

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  11. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Qu’est ce que ça fait, quand un étudiant de l’université Miskatonic tape au hasard sur son clavier ?
    – Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn !
    (C’était la petite blague du soir, de rien ; Non vraiment)

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  12. Restif
    Restif dit :

    Il faut un clavier spécial! L’alphabet n’est pas du tout le notre, là vous n’avez qu’un vague rendu des phonèmes. Voyez plutôt « *phonétique de la langue enochienne » par -Randolph Carter, « Précis de lexicologie de l’azathotien ancien » et bien sur le monumental « Grammaire, philologie et historique des parlers Grands-anciens » par le professeur N.Thotep. On ajoutera utilement « Les glyphes dans le proto yog sothien » par Abdul al-Hazred. Il existerait une abominable bibliographie établie par un certain NêhoByrthseth. Mais là nous quittons la science pure pour aborder aux rivages du mythe…

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  13. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Je vais jeter un pavé dans ma propre mare, mais après avoir lu l’essai très enthousiasmant (et enthousiaste) de Michel Houellebecq sur Lovecraft (Cf. supra), je me suis mis à la lecture de l’auteur lui-même dans l’édition Bouquins (supra itou). La lecture des deux premiers récits courts, Dagon et de Nyarlathotep me laisse un peu désarçonné. Le style est quand même très « adolescent ». Cette profusion d’adjectifs… (« C’est dans l’automne brûlant qu’en compagnie de foules agitées je traversai la nuit pour aller voir Nyarlathotep ; à travers la nuit étouffante, le long d’escaliers interminables qui menaient à une salle suffocante. Je vis, projetées sur un écran, des formes encapuchonnées, au milieu des ruines, avec des visages jaunes maléfiques qui guettaient par-delà des monuments effondrés. », etc.) Je vais – une fois de plus ne me fera pas de mal – passer pour un ignare fini, mais j’écrivais ainsi quand j’avais treize ans (mais avec moins d’imagination, me rétorquera-t-on sans doute).
    L’essai de Houellebecq (qui met en parallèle très justement Conan Doyle et Lovecraft) m’a donné envie de lire Conan Doyle. Le premier roman, « une étude en rouge » est antérieur d’une trentaine d’année à Dagon, de Lovecraft. Que l’on me pardonne mais, si Doyle avait moins d’ambition littéraire, il savait mieux écrire. La lecture parallèle des deux auteurs est assez spectaculaire.
    Alors, oui, on aime que Lovecraft en fasse trop. Oui, cette sur-adjectivation (?) est un style en soi… Peut-être. J’attends de lire la suite pour fixer mes idées. Mais je trouve un peu court de dire, comme Michel Houellebecq, « Si le style de Lovecraft est déplorable, on peut gaiement en conclure que le style n’a, en littérature, pas la moindre importance ; et passer à autre chose. »
    Peut-être faut-il aller plus loin, lire les « textes longs », ou certainement les textes postérieurs…
    En feuilletant le volume, je vois que le début du très court Azathoth, s’il est également »adjectivé » m’a l’air très prometteur…

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Je tiens à vous « rassurer » Draak, Dagon et Nyarlathotep ne font pas partie des chef-d’oeuvre de HPL, plutôt d’essais balbutiants… On ne les prend en considération que parce qu’ils participent de la fondation et de la construction de son univers.
      Ceci étant dit, ne résoud pas la question difficile du style de HPL… La phrase citée de Houellebecq ne peut pas être autre chose qu’une provoc’ et une facilité pour évacuer la question.
      Pour autant, il ne sera jamais dit que HPL pourrait être comparé à Proust dans le domaine du style ou de l’écriture.

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  14. Restif
    Restif dit :

    La valeur du style de Lovecraft… Ma foi, je ne me lancerais pas dans ce type de débat. Lovecraft a le style qu’il faut à ses contes. Mais je vais vous faire une sorte de cadeau cher Draak. Oh, modeste. C’est un texte d’Apollinaire qui m’avait happé l’œil et que je destinais pour quelque débat chez Brumes (qui se porte bien j’espère). Le voilà, vous comprendrez la raison de ma citation.
    « La lecture des romans populaires d’imagination et d’aventures est une occupation poétique du plus haut intérêt. Pour ma part, je m’y suis toujours livré par à-coups,mais complètement, huit, dix jours de suite. Ce sont même, je crois, les seuls livres que j’aie bien lus et j’ai eu le plaisir de rencontrer nombre de bons esprits qui partageaient ce goût avec moi (…) Fantomas est, au point de vue imaginatif, une des œuvres les plus riches qui existent  » (Remplacez « Fantomas » par Lovecraft^^). Apollinaire Œuvres en prose, Tome III, Pléiade, p.215.
    J’ajouterais que je rejoins entièrement Domonkos sur ce qu’il vous dit de Dagon et de Nyarlathotep (seul le nom est génial). Mais lisez « L’abomination de Dunwich », « Le cauchemar d’Insmouth », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Dans l’abîme du temps », « Les montagnes hallucinées » et quelques autres et je crois que vous goûterez, vous aussi, ce plaisir dont parle si bien Apollinaire. C’est tout le mal que je vous souhaite.

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    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Merci à vous deux. Et, oui, vous prêchez un converti : la littérature populaire est de la littérature et, sans doute aucun, un pan important de la culture. C’est dans cet esprit que les pages Lovecraft, Lyman Frank Baum, Arthur Conan Doyle, Jules Verne sont déjà ouverte sur ce site, alors même que Corneille patiente encore. Je continue donc ma lecture parallèle des horreurs cosmiques et de mon opiomane.

      Répondre
  15. Restif
    Restif dit :

    Apollinaire est un poète du début 20eme. Douteux. N’a-t-il pas chanté la guerre et ses atrocités ? : « Ah Dieu ! que la guerre est jolie/ Avec ses chants ses longs loisirs »… Ce nationaliste étroit et borné, engagé volontaire en 14, pue le racisme le plus éhonté (« Elle se mettait sur la paille/ pour un maquereau roux et rose/ C’était un juif il sentait l’ail/ Et l’avait venant de Formose/Tirée d’un bordel de Shanghai « – où l’on voit que sont rigoureusement observés les pires stéréotypes sur le juif paresseux, avide, avec cette obsession de l’érotisme judaïque typique des grands racistes). Enfin ce cocardier antisémite qui n’est pas sans avoir préparé les heures les plus sombres de notre histoire, défendant l »indéfendable, a soutenu l’ultra fasciste Marinetti dans sa rubrique du Mercure de France. Certains le défendront au nom de l’art, au prétexte qu’il aurait écrit. de fort beaux poèmes et des contes tout en finesse et imagination (L »Heresiarque et compagnie notamment). C’est oublier, messieurs les esthètes, vous les dandys dépolitisés, que l’art ne permet pas tout, qu’il ne saurait être le paravent des pensées les plus immondes. Nous restons vigilants,: l’art ne sera pas le cache sexe du néo-nazisme ni le réparateur de pucelage des traîtres et de tout ceux qui ont failli aux Principes Républicains et Humanistes, tout ces valets de l’obscurantisme qui ont tenté de couvrir de boue les immortels Droits de l’Homme !

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    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Ah ah… Ceux qui ne vous connaissent pas ou ne suivent pas en parallèle vos interventions sur le site de Brumes vous liront au premier degré.
      Sur le sujet très sérieux de la pollution de l’art par la morale (pour faire court), j’attire votre attention sur mon intervention/rapport du 17 février dernier sur la page :
      http://propagerlefeu.fr/les-classiques/
      Il y a danger. Tout comme on peut rire du créationnisme jusqu’au moment où ils censurent l’enseignement.

      Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      C’est bien vrai tout ça, merci de le rappeler et de réveiller notre sens moral. Je vais expurger ma bibliothèque de tous ces écrivains qui n’ont leur place ailleurs qu’au banc des accusés, et ne conserverai que les irréprochables Procureurs, genre : Aragon, Neruda, Sartre… Il est temps de remettre ce monde à l’endroit.

      Répondre
  16. Domonkos Szenes
    Domonkos Szenes dit :

    Bon, allez, je vais y aller de mon petit blasphème (une de mes spécialités) qui me vaudra certainement la haine et l’opprobre de la part des deux sectes : quand je lis ces lignes fameuses, « Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible », il m’arrive d’être incertain de ma destination… Est-ce que je m’embarque pour la traversée d’Aurelia ou bien pour la Quête onirique de Kaddath l’Inconnue ? Dans mon propre imaginaire les deux ne sont guère séparés.

    Il me semble que le rapprochement n’est pas interdit entre ces deux refus de la séparation du monde du réel et de celui du rêve.

    Répondre
    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      « Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d’un spectacle étrange. Un être d’une grandeur démesurée — homme ou femme, je ne sais, — voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d’haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d’une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie d’Albrecht Dürer. — Je ne pus m’empêcher de pousser des cris d’effroi, qui me réveillèrent en sursaut. »

      Ah, oui, en effet.

      Répondre
  17. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Un commentaire rapide, simplement pour attirer l’attention sur la traduction, en mars 2019, de la biographie de Lovecraft par S.T. Joshi : près de 1.400 pages très qualitatives ; parution chez actuSF.
    Pour très longtemps la référence biographique en français (voir ci-dessus la chronique rapide de cette biographie).
    La lecture des premières nouvelles (Dagon et de Nyarlathotep) m’avait considérablement refroidi, mais la lecture de la biographie par S.T. Joshi m’a donné envie de m’y remettre…

    Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Ha ha ha ! Guère convaincu par les textes d’un auteur, vous n’hésitez pas pourtant à ingurgiter 1400 pages consacrés à ce même auteur ? C’est plus que du scrupule.
      Moi qui ai lu tout ce qui, de Lovecraft, est passé dans notre langue, aurai-je ce même courage ? Dois-je vous remercier, vous qui portez le nom d’un démon, de m’avoir tendu cette pomme tentatrice ?
      Bah, je plaisante, bien sûr. Je sais à quel point ce travail peut être incontournable, car je sais le rôle que tient Joshi dans l’histoire moderne de l’édition et de la réception de Lovecraft. Non sans provoquer quelques débats, ce qui est un signe de santé. Il y a un Lovecraft d’avant Joshi et un Lovecraft d’après Joshi.

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      • DraaK fut là
        DraaK fut là dit :

        Fidèle Domonkos,
        Pour l’instant, j’ai lu plus de Joshi que de Lovecraft ! Mais je compte réparer cette injustice et, à mon rythme d’ordre géologique, mettre à jour ce site (quand bien même ce serait pour analyser pourquoi je n’aime PAS Lovecraft).

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        • Domonkos Szenes
          Domonkos Szenes dit :

          Je ne peux que renchérir sur l’intervention de Restif (plus haut, mars 2018 je crois) qui vous disait très justement : « lisez « L’abomination de Dunwich », « Le cauchemar d’Insmouth », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Dans l’abîme du temps », « Les montagnes hallucinées » et quelques autres… »
          Personnellement j’aime aussi les voyages oniriques de Randolph Carter « à la recherche de Kadddath », qui sont d’une autre veine, plus poétique qu’horrifique… (L’écriture de son ancien traducteur, Bernard Noël, lui-même poète très honorable, y est peut-être pour quelque chose ?)
          Si après ça vous n’aimez toujours pas, vous êtes un cas désespéré, que Cthulhu vous emporte !

          Au fait, Rétif me manque, pas à vous ?

          Répondre
        • Domonkos Szenes
          Domonkos Szenes dit :

          La première phrase, c’est du Nerval… « Trois fois Randolph Carter rêva de la merveilleuse Kadath et trois fois il en fut repoussé alors qu’il s’arrêtait sur la haute terrasse qui la surplombe. »

          Il est vrai également que Nyarlathotep « le Chaos rampant », c’est une appellation géniale !

          C »est un charme auquel on succombe ou pas, et peut-être vaut-il mieux n’y pas succomber, car il ouvre des portes qui devraient rester fermées, et il vaut mieux ne pas invoquer ce qu’on trouve au-delà, car, n’oubliez pas que « N’est pas mort ce qui à jamais dort, Et au cours des siècles peut mourir même la Mort. »

          Notez que, si vous n’aimez pas Lovecraft, il ne vous aime pas non plus, puisque vous êtes Français : « je hais ces Français jacasseurs, avec leurs petites manières affectées & leur attitude mielleuse, & je défendrais la culture & la tradition anglaises jusqu’à la dernière goutte de mon sang. »

          Il est vrai qu’il précise un peu plus loin :

          « Mais de la même façon, je peux clairement voir que les Français ont une culture plus riche que la nôtre… que leur perspective intellectuelle est infiniment plus claire que la nôtre, & que leurs goûts sont infiniment plus éloignées de la simplicité animale. Quel Anglo-Saxon aurait pu écrire « La comédie humaine » de Balzac ou les « Fleurs du mal » de Baudelaire ? Ce n’est que dans le domaine des sentiments POETIQUES généraux que nous pouvons surpasser les Français, si bien qu’en termes de civilisation, il n’y a que des figures comme Shakespeare, Milton & Coleridge, Byron, Shelley & Keats que nous pouvons honnêtement placer au-dessus d’eux. Ils sont les Grecs du monde occidental moderne, de la même façon que nous en sommes les Romains. »

          Alors, on peut bien lui pardonner.

          Répondre
          • DraaK fut là
            DraaK fut là dit :

            Ah, oui. Voltaire ne goûtant pas Shakespeare : une longue histoire, que cette incompréhension littéraire entre voisins. Lovecraft a bien résumé la chose.

            Répondre
  18. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Oui, Restif me manque. J’ai même était choqué que, sur le site de Brumes, personne ne s’inquiète véritablement de son absence.
    J’ai profité d’avoir son adresse mail personnelle pour m’enquérir de sa santé (il y a environ six mois).
    Malheureusement, pas de réponse. Je crains le pire.

    Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      C’est bien ce qu’il me semblait, hélas. Dans ses derniers messages où il laissait prévoir son absence, on avait l’impression que cela tenait plus à des problèmes personnels qu’à un « dégoût » de Brumes (même s’il avait déjà pris quelque distance).
      J’avais tenté de lancer l’interrogation une fois, mais sans écho. Espérons que, tel le Phénix, il réapparaîtra.
      En tous cas, « l’âge d’or » de Brumes semble derrière nous…
      Certains ont beau se plaindre d’être étouffés et interdits de parole par quelques trois ou quatre caïds, quand ces trois ou quatre caïds supposés s’éloignent, personne ne vient remplir le vide.
      J’en ai un peu fait mon deuil, même si je passe encore de temps en temps, c’est un chapitre qui se referme, mais je regrette nos dialogues (même parfois trop passionnés).
      Les occasions d’échanger des idées avec des personnes intéressantes ne sont pas si courantes et surtout de rencontrer des passionnés de littérature : une espèce en voie de disparition dans la « vraie vie ».

      Répondre
  19. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture de la nouvelle « La cité sans nom », terminée en 1921 (H.P. Lovecraft aura bientôt 31 ans).

    Gros plaisir de trouver la première mention du « poète fou » Abdul Alhazred et de ses vers énigmatiques :

    « N’est pas mort ce qui à jamais dort
    Et au long des siècles peut mourir même la mort. »

    On sent d’ailleurs poindre le début d’une mythologie, avec une cité « trop ancienne pour que l’Egypte et Méroé en aient gardé le souvenir (…) » et des noms existants ou inventés de lieux anciens (Sarnath la Maudite, le pays de Mnar et « Ib aux pierres grises »). Lovecraft convoque une culture éclectique (Damascius, Gauthier de Metz, Afrasiab, le fleuve « Oxius » (Oxus ?)…), qu’il mêle à ses inspirations (lord Dunsany) et ses propres créations (Alhazred, l’arabe fou), ce qui, d’après-moi, est son principal trait de génie (en plus de savoir choisir excellemment ses noms…)

    Thèmes des temps très anciens, des architectures sacrées, de l’impossibilité de raconter (« Donner une idée de ces monstres serait impossible. »), de la perte de raison qui rend floues les expériences et de la persistance de leur souvenir (« (…) il est est impossible d’y croire, sauf aux heures redoutables et secrètes du petit matin, où l’on sollicite en vain le sommeil. »)

    Le style est moins adjectivé et plus agréable que dans les premières nouvelles.
    Toujours cette phrase d’accroche : « Dès que j’approchai de la Cité sans Nom, je compris qu’elle était maudite. »

    Voilà mon enthousiasme ranimé pour la suite de ma lecture.

    Pour avoir vu et avoir été très impressionné par « la statue de Memnon sur les bords du Nil », on peut comprendre qu’elle(s) enthousiasme(nt) l’auteur et ce que signifie une civilisation antique dont il ne reste que d’énigmatiques monuments.

    Répondre
  20. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Lecture de la nouvelle « Le Molosse », écrite en 1922, où le héros nécrophage aurait mieux fait de ne pas remuer une certaine tombe d’un cimetière hollandais.

    Le narrateur est encore une fois le protagoniste de l’histoire (narrateur homodiégétique / autodiégétique, si je ne m’abuse).
    Pour la première fois, j’ai ressenti une petite angoisse que je n’avais plus perçue depuis ma lecture adolescente des Stephen King.

    J’ai été excité de trouver la première mention du Nécronomicon (« l’ouvrage interdit de l’Arabe fou Abdul Alhazred »), dont un exemplaire au moins appartient au narrateur et auquel il se reporte.

    A la lecture de cette quatrième nouvelle (dans l’ordre de lecture de l’édition Bouquins), on identifie déjà les thèmes récurrents : l’horreur qui poursuit le narrateur et à laquelle il ne pourra pas échapper (ce que j’appelle pour ma part « la malédiction Frankenstein »), la tentation du suicide.

    La sensation angoissante est produite par un vocabulaire univoque (« agonisantes », « maudit », « terreur », « pourriture », etc.), la suggestion de choses indescriptibles (« [des] choses inexplicables qui se mêlaient faiblement au vent nocturne » / « la collection la plus inimaginable de trophées recueillis dans les tombes » / « l’abominable au-delà de toute description » / « il était impossible de savoir ce qu’on entendait vraiment »). Les derniers mots de la nouvelle sont d’ailleurs : « indicible et innommable ».

    L’intervenant Restif avait noté plus haut l’utilisation de la négation dans le style de Lovecraft. On trouve ce procédé ici pour suggérer l’indescriptible ou l’impossibilité de dire (« Je ne peux dévoiler ici le détail de toutes nos expéditions condamnables, ni même commencer le recensement [etc.] »), ce qui est un formidable aiguillon pour l’imagination.

    Incipit : « Dans mes oreilles agonisantes [sic] résonne sans cesse et toujours s’agite un cauchemar composé de bruits giratoires [sic itou], de claquements d’animaux et d’un lointain et distant aboiement, qui pourrait être celui de quelque gigantesque molosse. »

    A deux ou trois reprises j’aurais bien aimé pouvoir me reporter au texte original et me faire une idée de la traduction. J’ai regretté qu’il ne soit pas disponible comme il peut l’être dans l’intégrale des Sherlock Holmes, que je lis parallèlement. Il me semble que, au moins pour les textes anglophones (mais sans doute pour les autres aussi), la meilleure édition possible doit être une édition bilingue.

    Ces notes que je partage n’ont bien évidemment d’intérêt que pour moi. Elles me forcent à une lecture attentive et seront un aide-mémoire utile lorsqu’il s’agira de revenir sur la lecture complète de l’œuvre.

    Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Le charme commence à opérer.
      Effectivement, la caractéristique de Lovecraft réside dans le fait qu’il ne décrit jamais les monstres qu’il évoque. Il ne parle que de la sensation, de l’angoisse qu’ils provoquent.
      Et, cette manie de dire ce qu’ils ne sont pas pas, ce qui ne se produit pas, ce qui ne peut arriver, ce qu’on ne peut imaginer. C’est obsessionnel et cela finit par ressembler aux cauchemars (en tous cas les miens) où on ressent l’angoisse sans pouvoir former de véritables images.
      Ce doit être pour ça que personne n’a jamais produit la moindre adaptation cinématographique digne d’être mentionnée. Les rares tentatives sont de sombres nullités.
      En bande dessinée, il y a une seule « adaptation » qui atteint une certaine grandeur, une grande qualité artistique, c’est celle du maître argentin Breccia : Breccia, justement, ne cherche pas à donner une vision « réaliste » des monstres lovecraftiens, il en donne une vision stylisée, avec un extraordinaire travail sur la matière même (encres, papiers) éloigné de tous les canons du fantastique ordinaire. Et il est d’une fidélité exemplaire au texte. Un grand livre.
      Si les adaptations de ses nouvelles et romans sont nulles et non avenues, son univers par contre, exerce une grande influence, notamment, paraît-il, dans celui du jeu vidéo (que je ne connais pas).

      A part ça, vous lisez Sherlock Holmes. Tout à fait par hasard j’ai mis la main sur quelques volumes, et je me suis pris à les relire dans l’ordre de parution, depuis plusieurs semaines. Il faudrait relire tous les livres au moins deux fois : une première fois dans sa jeunesse, où on se laisse entraîner par le récit, par certains effets, par le plaisir de la découverte, une deuxième fois, à l’orée de la vieillesse, quand on a le temps, qu’on n’est plus distrait ou retenu par le récit, l’anecdote, les effets inattendus, et qu’on peut prendre son temps et goûter la véritable saveur d’un texte.
      Conan Doyle en sort prodigieusement grandi ! La première fois, je lisais les aventures de Sherlock Holmes, maintenant je lis les livres d’un véritable écrivain.

      Répondre
      • DraaK fut là
        DraaK fut là dit :

        Merci Domonkos. J’ai commandé le Breccia à mon libraire.
        Et, oui, Sherlock a du charme : suffisamment pour que cela m’ait donné l’envie de lire les autres écrits de Conan Doyle.

        Répondre
  21. Domonkos Szenes
    Domonkos Szenes dit :

    Bonjour Draak,

    Totalement hors sujet, je vous en demande pardon. Consultant le blog de Brumes que nous avons beaucoup fréquenté, je constate depuis plusieurs jours qu’il affiche « commentaires fermés » et qu’effectivement on n’y peut plus intervenir. Je ne pense pas qu’il puisse s’agir d’un problème de ma connexion. Avez-vous fait le même constant ? Avez-vous une idée du pourquoi : maintenance ? fermeture définitive ?…

    J’avoue que, même si mon enthousiasme s’était fort refroidi ces derniers temps, et si le débat me semblait quelque peu languissant, ce n’est pas sans regret que je verrais disparaître ce lieu de rencontre…

    Désolé de venir déplorer chez vous l’éventuelle fermeture de « la boutique d’en face » !

    Bien à vous
    Domonkos

    Répondre
    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Il est vrai qu’il avait perdu depuis longtemps l’essentiel de sa pertinence, depuis que Sa Seigneurie Brumes elle-même n’y intervenait presque plus et qu’il n’apportait plus guère d’informations sur la vie et le devenir de la Pléiade, personne n’ayant pris son relais (moi, moins que tout autre). Je pourrais concevoir que Brumes ne voit plus de raisons de laisser continuer ce fil en roue libre.

      Mais c’est tout de même comme si je venais de perdre d’un coup une bande entière d’amis, disparus dans une catastrophe ou ayant disparu sans laisser d’adresse (au sens littéral du mot).

      Sans compter que, continuer à me passionner pour les parutions de Pléiade, sans pouvoir partager cet intérêt et ce plaisir avec quiconque (point ne compte dans mon entourage le moindre commensal en ces festins de littérature), s’apparente à se livrer à quelque plaisir égoïste avec son cortège de frustration. Qui sait même si je continuerai à trouver à la Belle de si beaux avantages et si je lui demeurerai fidèle ? (Je n’étais point si fervent admirateur d’scelle avant de trouver aultres jouvenceaux, item vieux et fidèles amants, avec qui rivaliser dans la Cour que nous lui faisions.)

      Répondre
  22. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Bonjour Domonkos,
    J’ai le même message. Je parie sur une erreur technique suite à une mise à jour de WordPress. Je pense notre hôte trop poli pour briser sans un mot d’explication.
    La « boutique d’en face » n’est pas concurrente. Je pense que ni Brumes ni moi ne cherchons à accaparer le temps d’attention disponible d’un lecteur (ce singulier se justifie en ce qui me concerne : vous devez être mon seul lecteur !)
    Nous sommes sur des terrains différents et je lui laisse avec respect (et gratitude) toutes les informations concernant la Pléiade (qui ne m’intéresse plus tant ; non que j’aie été déçu, mais j’en ai une centaine d’avance à lire, et j’ai aussi découvert d’autres éditions…) Je ne fais qu’offrir, par passion, un terrain de discussion organisé par auteur, ce que ma méticulosité pointilleuse ne trouvait pas ailleurs. À ce propos, pour les discussions « non Lovecraftienne », il y a un lien en page d’accueil vers « le Salon », que je vous propose d’inaugurer.
    Si Brumes a fermé par un mouvement d’humeur : la peine est moins lourde quand les orphelins sont nombreux. La littérature réunira bien une partie de la fratrie.

    Répondre
  23. Vidar
    Vidar dit :

    Bonjour,

    Je signale une édition intégrale de Lovecraft à paraître (date annoncée, possible retard : premier trimestre 2021). Les traductions sont entièrement refaites par un unique traducteur, Renaud Camus. L’édition intégrale est augmentée d’une sélection de lettres, d’essais et études, un lexique, une chronologie, des cartes et diverses illustrations. Cinq volumes, plus deux de suppléments. Prix annoncé au catalogue : 150 euros.

    J’ai pour ma part pré-commandé cette édition. Voici le lien pour les curieux : https://www.mnemos.com/catalogue/lovecraft-lintegrale-prestige

    Répondre
      • Vidar
        Vidar dit :

        120€ en effet. J’ai cité de mémoire, et me suis planté.

        Sans pouvoir m’avancer sur preuves, l’édition a l’air au moins faite de façon consciencieuse. Nous verrons bien.

        Répondre
        • DraaK fut là
          DraaK fut là dit :

          Les traducteurs de Joshi citent les éditions Mnémos comme une référence pour les nouvelles. C’est déjà un bon signe. Et, oui, ça a l’air d’être une édition travaillée. J’avais été radin, mais je suis content que vous m’ayez fait céder.

          Répondre
  24. Vidar
    Vidar dit :

    Un mot pour vous dire que j’ai enfin reçu il y a quelques jours l’intégrale Lovecraft des éditions Mnémos. Je l’ai rapidement feuilleté avant de la prêter à un de mes élèves qui doit travailler sur Lovecraft pour son épreuve de Grand Oral. L’ensemble est de belle qualité en tout cas. Le coffret et les volumes sont soignés. Les volumes sont quelque peu annotés. Bref, j’ai hâte de m’y plonger quand on me l’aura rendue. Je conseille les yeux fermés cette édition. La traduction a l’air très sérieuses, des nombreux documents supplémentaires sont présents (essais, sélection de correspondance, illustrations etc). Le prix de 120 euros m’apparaît comme fort modique pour ce qu’on a. De quoi en faire une édition de référence ici il me semble.

    Répondre
  25. Lombard
    Lombard dit :

    Vidar votre avis sur les traductions comparées serait d’un grand intérêt pour le site. J’en suis resté aux éditions de poche « classiques » parues dans la collection Présence du futur. Mon attachement indéfectible au Maître de Providence date cette lointaine époque et, depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts – de cette eau qui abrite Cthulhu et Ceux des profondeurs. J’espère que cette discrète allusion à l’Indicible – à l’Innommable ? – n’entraînera pas la malédiction sur Propager le feu le bien nommé qui est sans nul doute sous la protection des Chtoniens.

    Répondre
    • Vidar
      Vidar dit :

      Cher Lombard,

      Je ne possède pas les trois volumes chez Bouquins ou les volumes individuels puisque, quand j’ai envisagé de les acheter, j’ai découvert le projet Mnémos pour l’intégrale. J’ai donc acquis celle-ci puis attendu patiemment son achèvement. Je ne peux donc rien offrir concernant la comparaison de traductions. Cependant, je ferais remarquer que David Camus avait déjà traduit quelques textes dans des éditions saluées, y compris à l’étranger. Le fait qu’il retraduise intégralement et seul Lovecraft est de fort bon augure pour la cohérence à travers l’œuvre du Maître de Providence. J’ai lu avec attention ses comptes-rendus de traduction au fur et à mesure du projet, et ceux-ci laissaient augurer un travail très sérieux et très soucieux de bien-faire et de donner une traduction de référence à l’ensemble du corpus. Voilà ce que je peux en dire pour l’instant, puisque je ne devrais récupérer mon intégrale qu’aux alentours du mois de janvier, quand l’un de mes élèves aura terminé de travailler dessus.

      Répondre
  26. Vidar
    Vidar dit :

    Excellente nouvelle pour celles et ceux qui auraient manqué l’intégrale prestige chez Mnémos puisque l’éditeur commence à publier les volumes de cette intégrale un par un (en édition non limitée donc).

    Répondre
  27. Vidar
    Vidar dit :

    Ayant finalement récupéré mon intégrale des mains de mon élève, j’ai pu enfin lire Lovecraft, pour la première fois de ma vie. Je viens ainsi d’achever l’Affaire Charles Dexter Ward. Ce fût un grand plaisir. La traduction m’est apparue minutieuse, et nullement indigeste – Lovecraft n’étant pas une écrivain si facile à lire par ailleurs. On ressent un grand plaisir à lire la traduction de documents d’un des personnages, écrits dans un anglais ancien, et restitué dans un moyen français fort agréable. En comparant avec le texte original, on ne peut que saluer à mon sens cette traduction.

    Répondre
  28. Lombard
    Lombard dit :

    Merci pour votre retour, Vidar. Je pense acquérir deux ou trois volumes sinon l’intégrale dont j’ai vu que le coffret était certes très beau mais tout de même assez onéreux. Ce sera un plaisir de redécouvrir Lovecraft des années plus tard, surtout dans cette nouvelle traduction que vous nous conseillez. Plusieurs générations ont tremblé à la lecture de ces écrits mythiques et beaucoup ont passé quelques nuits blanches autour d’une partie de L’Appel de Cthulhu. Le temps jugera, mais sans nul doute le maître de Providence restera comme l’un des écrivains américains majeurs du XXe siècle.

    Répondre
    • Revpop
      Revpop dit :

      Sur le forum hardware se trouve le topic le plus fourni sur l’œuvre de Lovecraft (plus de 85 pages d’infos)
      Outre un travail exhaustif sur les éditions françaises et américaines, les experts de ce forum se sont amusés à comparer plusieurs traductions françaises.

      https://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Arts-Lecture/lovecraft-oeuvre-cthulhu-sujet_689_59.htm#t52791335

      https://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Arts-Lecture/lovecraft-oeuvre-cthulhu-sujet_689_68.htm#t55921124

      https://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Arts-Lecture/lovecraft-oeuvre-cthulhu-sujet_689_74.htm#t56266273

      En conclusion de ces fans, on peut dire que « Les traductions parues chez Bragelonne semblent de (très) bonne facture. Tandis que celles de François Bon font systématiquement l’unanimité contre elles. Chez Bouquins-Laffont, on est très loin de la mauvaise image qui est véhiculée. Enfin, le travail de David Camus convainc très moyennement. »

      Mais pour moi, le véritable joyau des traductions lovecraftiennes est paru récemment (fin 2020) aux éditions Rue Saint Ambroise sous le nom des « meilleures nouvelles de H.P. Lovecraft », recueil de 8 nouvelles sous la direction d’Isabelle Barat. C’est ici que j’ai trouvé (enfin) la fameuse écriture, le style ahurissant de Lovecraft, ici point de recherches de modernisation ou de lisibilité illusoires : « Mais le monstre véritable, c’est l’écriture – les rubans secs et tentaculaires de ses phrases démesurées, découpées par les points-virgules, qui se dédoublent et s’entortillent dans le récit ; les amoncellements outranciers et méticuleux d’adjectifs et d’adverbes en équilibre précaire ou pervers » et qui aboutit à « une écriture archaïque, austère, quelquefois élégante puis brutalement gauche, aux rythmes amples et puis rompus, cahotants, aux sonorités gracieuses, soudain flûtées, vaguement dissonantes » (Introduction d’Isabelle Barat).

      J’en veux pour preuve un extrait du poème en prose « Le festival » (nouvelle préférée de son ami et grand styliste Clark Ashton Smith) :
      « Nous sortîmes dans le dédale tortueux de cette ville sans âge, sans lune ; nous sortîmes tandis que les lumières s’effaçaient une à une derrière les rideaux des fenêtres et que Sirius grimaçait sur la cohorte de silhouettes encagoulées, entortillées dans leurs capes, qui s’écoulait sans un bruit par chaque porte pour remonter la rue en une écœurante procession et qui, dépassant les enseignes gémissantes et les pignons antédiluviens, les toits de chaume et les fenêtres à carreaux losangés, se coulait par les allées vertigineuses où les maisons pourrissantes se grimpaient les unes sur les autres pour se décomposer ensemble, par les cours ouvertes et les cimetières où les lanternes en oscillant composaient des constellations ivres et surréelles »

      Je ne peux que vous conseiller cette édition (partielle il est vrai) et surtout (moment vertigineux, plus que lovecraftien) l’écoute, on ne peut plus stressante, (en apnée) de cette nouvelle par une voix d’outre-tombe et sous les airs d’un oratorio funèbre, proposée sur le facebook de l’éditeur :
      https://www.facebook.com/RueSaintAmbroise/videos/218208183073639/

      Bonnes lectures (et bonne écoute)

      Répondre
  29. Vidar
    Vidar dit :

    Après l’examen d’autres passages traduits comparés aux originaux, je suis un peu moins enthousiaste sur certaines passages traduits par David Camus. Les traductions parues chez Bragelonne semblent en effet de bonne facture. Cependant, les premières ne sont pas à jeter pour autant. Finalement, je suis tenté de lire le texte original qui ne semblent pas trop difficile, et dont la musicalité est tout autre par rapport aux traductions françaises.

    Répondre
    • DraaK fut là
      DraaK fut là dit :

      Pour les textes anglais/américains, la bonne édition sera toujours une édition bilingue. Dommage qu’elle n’existe pas pour Lovecraft.

      Répondre
      • Revpop
        Revpop dit :

        On peut trouver les originaux de Lovecraft très facilement sur le Web.
        Voici d’ailleurs l’extrait proposé sous la plume de Lovecraft :
        « We went out into the moonless and tortuous network of that incredibly ancient town; went out as the lights in the curtained windows disappeared one by one, and the Dog Star leered at the throng of cowled, cloaked figures that poured silently from every doorway and formed monstrous processions up this street and that, past the creaking signs and antediluvian gables, the thatched roofs and diamond-paned windows; threading precipitous lanes where decaying houses overlapped and crumbled together, gliding across open courts and churchyards where the bobbing lanthorns made eldritch drunken constellations. »

        Pour mieux comparer voici la traduction parue chez Bragelonne et faite par Sonia Quemener:
        « Nous sortîmes dans le dédale sans lune et tortueux de cette ville incroyablement ancienne, tandis que les lumières filtrant à travers les rideaux tirés des fenêtres s’éteignaient une à une et que Sirius lorgnait la foule de silhouettes dissimulées sous leurs manteaux et leurs capuches qui se déversaient de chaque maison en silence pour former une monstrueuse procession. Ces dernières longeaient différentes rues : certaines passaient devant les enseignes grinçantes et des pignons antédiluviens, des toits couverts de chaume et des fenêtres en losange ; d’autres suivaient des venelles abruptes où des maisons en décrépitude, entremêlées, menaçaient de s’entraîner les unes sur les autres dans le même effondrement ; d’autres encore traversaient en silence des places et des cimetières où les oscillations des lanternes dessinaient d’aberrantes constellations ivres. »

        Au fait que propose David Camus chez Mnémos ?

        Bonnes lectures

        Répondre
  30. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Chez Mnémos, tome 4, page 103 :
    « Nous sortîmes dans le réseau tortueux, sans lune, de cette ville incroyablement ancienne ; nous sortîmes alors que derrière les fenêtres aux rideaux baissés les lumières s’éteignaient une à une et que dans le ciel Sirius suivait d’un air mauvais la foule de silhouettes drapées et encapuchonnées qui se déversaient en silence depuis toutes les maisons et formaient de monstrueuses processions qui remontaient cette rue et bien d’autres, passant devant les enseignes grinçantes et les pignons antédiluviens, les toits en chaume et les fenêtres à carreaux losangés ; longeant les ruelles abruptes où les maisons délabrées se chevauchaient les unes les autres comme pour ne pas s’écrouler ; glissant à travers des cours et zigzaguant à travers des cimetières, où des lanternes ivres formaient des constellations d’outre-tombe. »

    Répondre
  31. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Mon avis est partagé sur les traductions :

    Contre Bragelonne : Petite maladresse où, avant de poursuivre la lecture, il y a un moment de flottement où l’on pense que les capuches se déversent quelque part (maladresse redoublée par « Ces dernières » qui pourrait aussi se rapporter à « capuches »).

    Le rythme de l’original, une phrase longue, entrecoupée de points-virgules, est moins respecté (alors qu’à l’évidence, la longue phrase suradjectivée est très typique de Lovecraft).

    Je préfère les « fenêtres à carreaux losangés » chez Mnémos que les « fenêtres en losange » de chez Bragelonne (on remarquera que l’image qui vient à l’esprit n’est pas du tout la même).

    Pour Bragelonne : L’image des lanternes qui dessinent des constellations ivres me semble mieux rendue, alors que chez Mnémos, l’image de « lanternes ivres qui forment des constellations d’outre-tombe », me semble moins évocateur de l’effet procuré par le mouvement des lanternes.

    Au global, je préfère la traduction de chez Mnémos ; mais chacun aura son propre avis.

    Répondre
    • Revpop
      Revpop dit :

      Merci pour l’extrait venant de chez Mnémos et de votre avis.

      Personnellement ma préférence va toujours vers la version d’Isabelle Barat aux éditions Rue Saint Ambroise, et de loin; même si David Camus respecte le mieux la phraséologie de l’original (une longue phrase entrecoupée ici et là de points-virgules).
      Au-delà du choix d’une longue phrase sans aucun temps mort, arquée sur de nombreuses subordonnées relatives, et qui symbolise au mieux ce long et étrange défilé, la plus value de la version d’Isabelle Barat, pour ma part, vient du choix de son vocabulaire : incisif et des fois quelque peu décalé (hors cliché). En voici quelques exemples :
      « dédale tortueux » au lieu de « réseau tortueux « ;
      « Sirius grimaçait sur la cohorte de silhouettes.. » au lieu de « Sirius suivait d’un air mauvais la foule de silhouettes »;
      « en une écœurante procession » au lieu de « de monstrueuses processions »;
      « les enseignes gémissantes » au lieu de « les enseignes grinçantes »;
      « par les allées vertigineuses » au lieu de « les ruelles abruptes  »
      « les maisons pourrissantes se grimpaient les unes sur les autres » au lieu de « les maisons délabrées se chevauchaient les unes les autres  »
      « où les lanternes en oscillant composaient des constellations ivres et surréelles  » au lieu de « où des lanternes ivres formaient des constellations d’outre-tombe. »

      Bonnes lectures

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  32. JCurwen
    JCurwen dit :

    Je m’étais risqué à traduire en partie The Festival — travail amateur, avec en regard les autres traductions : Sonia Quénemer pour les éditions Bragelonne, Paule Pérez (Belfond/J’ai Lu/Robert Laffont), et David Camus (Mnémos). Ce n’est que plus tard que j’ai accédé à la traduction d’Isabelle Barat, et j’ai vraiment été soufflé par ses trouvailles. Cette traductrice a un authentique sens de la formule, et parvient à conserver le sens et le rythme de la prose lovecraftienne sans introduire de maladresse.

    Au jeu des comparaisons, voici trois courts extraits, issus du début de cette nouvelle :

    1er E X T R A I T :

    …and I knew it [the sea] lay just over the hill where the twisting willows writhed against the clearing sky and the first stars of evening.

    David Camus : « et je savais qu’elle s’étendait juste derrière la colline où les saules noueux se tordent, sur fond de ciel où scintillent les premières étoiles du soir. »
    → « Sur fond de ciel » : c’est d’un pataud… Clearing sky = « ciel » sans précision. La notion d’affrontement ou de contraste (« against ») entre les saules noueux et le ciel dégagé est totalement éludée par David Camus. Une virgule vient d’ailleurs freiner le rythme original de la phrase.

    Sonia Quénemer : « je savais qu’elle s’étendait de l’autre côté de la colline où les saules tordus convulsaient leur silhouette contre le ciel qui se dégageait et les premières étoiles du soir. »
    → C’est mieux : « ciel qui se dégageait » pour clearing sky ; « convulser leur silhouette contre le ciel » : la traduction est plus forte, avec une certaine outrance je dirais. Le rythme originel de la phrase est ici rendu avec plus de fidélité.

    Paule Pérez : « et je savais qu’elle s’étendait de l’autre côté de la colline, où les saules noueux se tordaient contre le ciel et les premières étoiles du soir. »
    → Clearing sky = ciel. Sinon, pas grand-chose à redire, si ce n’est que la traduction pêche par excès de simplicité.

    Isabelle Barat : « et je savais qu’il était de l’autre côté de la colline, là où les saules déformés se tordaient contre le ciel qui s’apaisait aux premières étoiles du soir »
    → Les saules noueux se tordent contre le ciel : tout y est, et c’est plus limpide et moins heurté que la traduction de Quénemer où les arbres convulsent leur silhouette. Le ciel qui s’apaise : petite merveille de traduction, qui contraste parfaitement avec l’image torturée de la végétation, et qui est bien plus élégante que le « ciel qui se dégageait ». Cette traduction est évidemment plus proche de l’original que Camus et Pérez qui ne s’encombrent pas à traduire le mot « clearing ».

    2er E X T R A I T :

    I pushed on through the shallow, new-fallen snow along the road that soared lonely up to where Aldebaran twinkled among the trees;
    Camus: « je poursuivais ma route dans la neige fraîche et peu profonde, et remontais le sentier qui s’élevait, solitaire, jusqu’à ce point où Aldébaran scintille parmi les arbres »
    Quénemer : « je poursuivais mon chemin à travers la neige fraîche, peu épaisse, le long de la route qui s’élevait, solitaire, jusqu’au point scintillant d’Aldébaran entre les arbres »
    Pérez : « je continuais ma route à travers la neige fraîche et profonde, route qui s’élevait solitaire vers l’endroit où Aldébaran clignotait parmi les arbres. »

    La difficulté réside ici dans la formulation de l’idée de route, qui est solitaire et qui s’élève vers une étoile. S’élever jusqu’à ce point ; s’élevait jusqu’au point ; s’élever vers l’endroit… Trois traductions assez proches. Voici maintenant Isabelle Barat :
    « je m’acharnais dans la couche légère de neige fraichement tombée, le long de la route qui s’élançait solitaire vers ce point où Aldébaran scintillait entre les arbres ».
    Isabelle Barat respecte le rythme d’origine de la phrase, et sa traduction est bien moins prosaïque. La route *s’élance* vers Aldébaran : c’est juste parfait et surtout bien moins pataud que les autres propositions.
    On notera que pour Paule Perez, shallow snow est traduit par neige profonde, alors qu’elle est peu épaisse, légère couche ou peu profonde ailleurs…

    3eme E X T R A I T :

    I was glad I had chosen to walk, for the white village had seemed very beautiful from the hill; and now I was eager to knock at the door of my people, the seventh house on the left in Green Lane, with an ancient peaked roof and jutting second story, all built before 1650.

    DC : « Je me réjouissais d’avoir choisi de faire ce trajet à pied, car, vu depuis la colline, le village enneigé m’avait vraiment paru magnifique. J’étais désormais impatient de frapper à la porte des miens, la septième maison sur la gauche dans Green Lane, avec son vieux toit pointu et son premier étage en saillie – tous construits avant 1650. »

    SQ : « Je me réjouissais d’avoir préféré la marche, car les toits tout blancs avaient paru fort beaux depuis la colline, mais à présent j’avais hâte de frapper à la porte de la demeure familiale, la septième maison sur la gauche dans Green Lane. Elle était coiffée d’un antique toit pointu, et le troisième étage formait une saillie sur la rue. Le tout datait d’avant 1650. »

    PP : « Je fus heureux d’avoir choisi de marcher, car, vu de la colline, le village blanc m’avait paru magnifique, et maintenant j’étais impatient de frapper à la porte de ceux de mon peuple, la septième maison à gauche dans Green Lane, avec son vieux toit pointu et ses deux étages construits avant 1650. »

    On pourra dans cet extrait comparer la ponctuation (deux traducteurs modernes préfèrent faire deux phrases voire trois phrases au lieu d’une, l’un ajoute même une incise). J’ai choisi cet extrait parce que la comparaison est amusante dans le décompte des étages. Aux États-Unis, une maison à n étages correspond à n-1 étages chez nous, puisque notre RDC est leur premier étage. Le « second story » de Lovecraft est converti par David Camus en 1er étage ; Sonia Quénemer évoque un 3e étage ; Paule Pérez contourne et mentionne « deux étages ».

    La traduction d’Isabelle Barat :
    « J’étais heureux d’avoir choisi de marcher, parce que la ville toute blanche m’avait paru très belle depuis la colline ; j’étais impatient d’aller frapper à la porte des miens, la septième maison sur la gauche dans Green Lane, avec sa toiture pointue et son second étage qui se projetait en saillie au-dessus de la rue, le tout datant d’avant 1650. »
    Isabelle Barat choisit ici de conserver « second étage » ; on notera surtout qu’elle maintient la phrase unique et colle une fois encore bien plus près au rythme imprimé par l’auteur.

    Je pourrais multiplier les comparaisons, mais la lisibilité en serait réduite sur cet espace de discussion. Je risque aussi d’en faire une comparaison à charge.

    Je termine par une petite statistique. The Festival est une nouvelle qui compte 3659 mots. La traduction de David Camus nécessite 4345 mots (+19%), Sonia Quénemer 4197 (+15%) et Paule Pérez 3571 mots (-2,5%). Je n’ai pas de chiffres pour la traduction d’Isabelle Barat. C’est sans dire que la première traduction française de cette nouvelle est lacunaire. Paule Perez supprime certaines phrases, et à de très nombreuses reprises simplifie les descriptions lovecraftiennes. La lisibilité en est certes accrue. David Camus est par endroit assez « bavard » et j’ose le mot, parfois maladroit à mon sens. Son « sur fond de ciel où scintillent les étoiles » n’en est qu’un exemple. Ce n’est pas lui faire insulte que de dire qu’il n’est pas un grand styliste : on peut lire ses romans pour s’en convaincre.

    De manière générale, j’ai trouvé les traductions de David Camus et de Sonia Quénemer assez proches en termes de fidélité : fidélité plutôt perfectible dans les deux cas. Selon les extraits, l’une ou l’autre peut sembler meilleure. Dans les deux cas, les traducteurs s’éloignent souvent de la structure syntaxique d’origine : on crée plusieurs phrases, ajoute des incises… En charpentant ainsi le texte lovecraftien, les traducteurs en facilitent la lecture, et c’est sans doute le but recherché. Dans l’ensemble les deux traductions sont comparables en qualité et en défauts. Je précise que l’édition Bragelonne est assurée par trois traducteurs, et que sur les 49 nouvelles traduites par l’éditeur spécialisé, seules quatre sont traduites par Sonia Quénemer. Il ne faut donc pas que ces extraits servent d’étalon pour entreprendre un classement des éditions entre elles.

    Quant à la traduction d’Isabelle Barat, une comparaison attentive témoigne de sa nette supériorité : elle me semble plus belle, plus fidèle, plus limpide même. On peut évidemment critiquer ça et là quelques points de traduction, mais elle vole au-dessus de la mêlée. Du moins sur cette nouvelle, que S.T. Joshi qualifie de poème en prose. Personne pour l’embaucher chez Gallimard en vue d’une Pléiade ?

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  33. Igniatius Reilly
    Igniatius Reilly dit :

    Bonjour, contrairement à ce qui est dit, une (toute petite) partie de l’innombrable correspondance a été traduite en français :
    Lettres choisies d’un gentleman anachronique, Saint-Jacques, 2022
    Lettres choisies du gentleman de Providence, Saint-Jacques, 2023
    Cordialement,
    Igniatius

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        • JCurwen
          JCurwen dit :

          Bonjour Draak,
          pour saisir une adresse de livraison, depuis un ordinateur du moins, connectez vous à votre compte Ulule. Cliquez à en haut à droite sur médaillon ou le nom associé à votre profil.
          Dans le menu déroulant, cliquez sur « mon profil ».
          Sur la gauche, sous le médaillon, cliquez sur « modifier mon profil ». Une page s’ouvre, et vous allez pouvoir saisir un certain nombre d’info sans grande importance. Vous noterez la présence de 5 onglets : Mon compte/mot de passe/notifications email/confidentialité/adresses de livraison.

          C’est dans ce dernier onglet que l’adresse de livraison doit être remplie.

          Mnémos va de toute manière battre le rappel des adresses de livraison une fois la campagne finie, et lorsque le projet sera en passe d’être finalisé (i.e. à l’approche de l’impression).

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  34. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Merci JCurwen. Je penserai à vous quand je feuilletterai cette correspondance Lovecraft / Howard
    Je reçois aujourd’hui les « lettres choisies » signalées par Igniatius dans son intervention du 15 mars 2023. Apparemment, elles ne sont vendues que sur Amazon.
    L’anglais américain ne devant pas poser de problèmes insurmontables, si quelqu’un a une bonne source de la correspondance étendue, en langue originale, je suis preneur.

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  35. JCurwen
    JCurwen dit :

    La correspondance a fait l’objet d’un travail d’édition systématique par David E. Schultz et l’inusable S. T. Joshi aux éditions Hippocampus Press :

    https://www.hippocampuspress.com/h.p-lovecraft/collected-letters

    C’est donc là que vous trouverez les sources les plus exhaustives et les plus fiables. L’entreprise éditoriale vise d’ailleurs une publication de la totalité de la correspondance de Lovecraft ; un petit appareil de notes accompagne chaque lettres. Les derniers volumes devraient paraître ces prochaines années (voire cette année, je ne suis plus certain).

    N’hésitez pas à poster un retour sur la traduction de Vincent-Pierre Angouillant. C’est effectivement de l’auto-édition, avec un bon millier de pages de traduction parues sur deux ans.

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