George Orwell (1903 – 1950), de son vrai nom Eric Arthur Blair, est un journaliste et un auteur britannique.

Il est surtout connu pour deux de ses romans :

  • La Ferme des animaux (1945)
  • …et 1984 (1948)

Le dernier, en particulier, (une dystopie qui met en scène un régime totalitaire) reste d’une actualité totale : C’est à force de le voir cité, de semaines en semaines, que m’est venue l’idée d’ouvrir la page d’Orwell.

Signe habituel d’un grand classique : une partie du vocabulaire du roman est passé dans le langage courant (le/la novlangue, l’adjectif « orwellien », Big Brother…)

Concernant le novlangue (newspeak, en anglais / novlangue est masculin dans la traduction d’Amélie Audiberti) : L’appauvrissement de la langue comme moyen de limiter la pensée critique ne peut que parler aux lecteurs que nous sommes. A bien y réfléchir, la lecture de ce roman pendant mon adolescence est peut-être ce qui explique que je sois en train d’écrire ces mots en ce moment même.

Orwell est l’auteur d’autres romans, dont le nostalgique :

  • Un peu d’air frais (1939)

…et s’est fait connaître par un récit autobiographique :

  • Dans la dèche à Paris et à Londres (1933)

Pour reprendre la conclusion de Simon Leys (voir infra) : « Aujourd’hui, je ne vois pas qu’il existe un seul écrivain dont l’oeuvre pourrait nous être d’un usage pratique plus urgent et plus immédiat »

Orwell est donc un classique qui a toute sa place sur le site. Non pas tant pour le style (Simon Leys écrit de manière très pertinente : « Le style d’Orwell est à la littérature ce que le dessin au trait est à la peinture : On en admire la rigueur, le naturel et la précision, mais on ne laisse pas d’éprouver parfois qu’il y manque une dimension. ») que pour les idées immensément actuelles (bien qu’elles visaient à l’époque un totalitarisme précis).

Il suffit de lire les premières pages de 1984 pour trouver : « Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu. » 

(petitrien, sur le site de Brumes, nous donne l’original de ce passage dans son intervention du 13 février 2020 : « There was of course no way of knowing whether you were being watched at any given moment. How often, or on what system, the Thought Police plugged in on any individual wire was guesswork. It was even conceivable that they watched everybody all the time. But at any rate they could plug in your wire whenever they wanted to. You had to live – did live, from habit that became instinct – in the assumption that every sound you made was overheard, and, except in darkness, every movement scrutinized.« )

Les GAFA ont remarquablement ravivé l’actualité d’Orwell. A l’heure de la post-vérité, cela ne peut être qu’une saine lecture.

S’il faut retenir quelques éléments biographiques pour comprendre Orwell, il s’agit de ceux-ci :

  • Internat difficile à Saint-Cyprian (Eastbourne, East Sussex) (L’un de ses amis dira : « Orwell me dit que (…) les souffrances d’un enfant inadapté dans un internat sont peut-être le seul équivalent qu’on puisse trouver en Angleterre de l’isolement qu’éprouve un individu dissident dans une société totalitaire. ») ;
  • Scolarité à Eton, ce qui se fait de mieux en Angleterre. Il y sentira le décalage de sa classe sociale  : Il appartenait à « la frange inférieure de la classe moyenne supérieure.« 
  • Officier de police coloniale en Birmanie (Son père était lui-même un membre de l’administration coloniale). Cette expérience birmane dure 5 ans. Eric Arthur Blair y prendra conscience du comportement impérialiste de l’Angleterre et du vrai visage du colonialisme.
  • Dans les années 1927-1928, il rencontre les classes laborieuses à Londres et à Paris. Son socialisme essaie de trouver la solution au problème : comment communier avec les opprimés ? Mais cela reste un simulacre, puisqu’après ses plongées dans le caniveau, il a tout le loisir de retourner à sa vie relativement privilégiée.
  • Engagement dans la guerre d’Espagne, où il vit une expérience forte du socialisme. Blessure par balle au cou.
  • Orwell, journaliste est un critique littéraire remarquablement lucide.
  • Fin de vie difficile. Orwell meurt à 47 ans d’une pneumonie. Son dernier roman, qui l’aura épuisé, est « 1984 ».

Sa biographie est maintenant indissociable de « l’Affaire de la Liste ».

petitrien, encore lui, nous rappelle le contexte de cette affaire (intervention du 15 février 2020 sur le site de Brumes)

« Quelques rappels sur la liste. Le 29 mars 1949, Celia Kirwan, amie d’Orwell qui travaillait pour l’Information Research Department au Foreign Office, lui a rendu visite au sanatorium de Cranham dans le Gloucestershire pour lui demander de lui indiquer le nom de personnes disposées à s’engager dans la lutte contre la propagande communiste. Orwell lui répond :

6 April 1949

Cranham

Dear Celia,

I haven’t written earlier because I have been rather poorly, & can’t use the typewriter even now so I hope you will be able to cope with my handwriting.

I couldn’t think of any more names to add to your possible list of writers except Franz Borkenau (the Observer would know his address) whose name I think I gave you, & Gleb Struve (he’s at Pasadena in California at present), the Russian translator and critic. Of course there are hordes of Americans whose names can be found in the (New York) New Leader, the Jewish monthly paper Commentary, & The Partisan Review. I could also, if it is of any value, give you a list of journalists & writers who in my opinion are crypto-Communists, fellow-travellers or inclined that way & should not be trusted as propagandists. But for that I shall have to send for a notebook which I have at home, & if I do give you such a list it is strictly confidential, as I imagine it is libellous to describe someone as a fellow-traveller. (…)

With love

George

A quoi Celia Kirwan répond le 17 avril 1949 :

Dear George, Thank you so much for your helpful suggestions. My department were very interested to see them… They have asked me to say that they would be very grateful if you could let us look at your list of fellow-travelling and crypto journalists: we would treat it with the utmost discretion.

C’est ce qui sera fait, Orwell a transmis la liste à Celia Kirwan, qui l’a transmise à ses supérieurs, et c’est une copie de cette liste de trente-huit noms qui a été versée dans les archives du Foreign Office. »

La portée du geste d’Orwell est une question polémique (De vifs échanges ont eu lieu sur le site de Brumes au mois de février 2020 (principalement entre petitrien et Domonkos ; avec intervention désabusée de Neo-Birt7)). Le sujet prend ici comme ailleurs trop de place, ce qui est dommage. Il ne vaut pas tant d’énergie, et c’est une erreur d’en donner.

Chacun se fera son avis.

Le mien est le suivant :

Sur les faits :

  • Orwell a-t-il donné une liste ? Oui. Il a donné une liste circonstanciée. Les documents sont là.
  • Cela est-il de la délation ? Oui, de fait ; même si le mot « délation » est aujourd’hui chargé de boue.

Sur leur portée :

  • Donner des noms de personnes à ne pas contacter pour défendre une cause est différent d’une liste noire de personnes à abattre. Cela reste donner des noms, en effet, mais le jour sous lequel on présente cette liste est fallacieux. Un exemple frappant : On a pu s’insurger et écrire que c’était comme si le Winston de 1984 avait collaboré avec la Police de la Pensée (« Mentopolice » dans la traduction chez Gallimard). Alors que c’est précisément l’inverse. C’est un acte de lutte contre la dite Police, accompli à l’abri des télécrans.
  • Est-ce un crime ? Non. C’est un acte dans une lutte assumée contre l’ennemi de sa vie, le communisme, à une époque (pas encore éteinte, d’ailleurs) où les enjeux étaient considérables. Les goulags et leurs X millions de morts valaient bien une liste (pour faire court !) et l’on ne savait pas encore dans quel sens le monde sur la crête pouvait basculer.
  • Orwell n’a pas trahi des amis mais des gens qu’en majorité il ne connaissait pas personnellement. Il avait déjà dressé cette liste pour ses besoins propres, avant la demande de Celia Kirwan. Les noms transmis reprenaient des données assez connues. L’un des cités notait « anglophobie » dans ses hobbies repris dans le Who’s who. Un autre, fonctionnaire au ministère de l’intérieur, essayait d’interdire La Ferme des animaux (et s’est révélé travailler pour le compte des services soviétiques).

Sur Orwell et l’idée que l’on peut s’en faire :

  • Orwell n’était pas un Saint, loin sans faut. Même Simon Leys qui présente « la liste » comme un non-événement reconnaît qu’Orwell, pour défendre ses idées, n’aurait pas été gêné par les pelotons d’exécution et les tribunaux expéditifs. Contre le communisme, il aurait certainement pu faire pire. Ici, personne n’est mort. La lutte me semblait juste. Et dénoncer les malhonnêtes et les cryptos me semble à moi un acte d’honnêteté et de salubrité.
  • Mais s’il n’est pas un Saint, toute la vie d’Orwell montre qu’il est un modèle de courage et d’honnêteté. Honnêteté dans la défense de ses idées ne veut pas dire que l’on n’emploie pas à l’occasion des moyens qui justifient une fin dans laquelle on croit fermement. « Les principes sont les principes, dussent les rues ruisseler de sang » (ça, comme vous le savez, c’est Kipling, qui n’avait pas sur la colonisation les mêmes idées qu’Orwell ; mais ils auraient pu partager au moins cette idée de fermeté dans les principes que l’on se donne).

petitrien, a transmis la fameuse liste :

Edition(s) de référence :

1/ Pour « 1984 »

L’édition « canonique » en français est due à la traduction de Amélie Audiberti (nom de traductrice de Élisabeth Cécile Amélie Savane (1899-1988)).

Ci-dessous l’édition Gallimard Folio, dont la couverture est illustrée de « L’homme et la machine », de Georges Rohner.

En 2018, le roman paraît chez Gallimard dans une autre traduction de Josée Kamoun. 

Voir ci-dessous : je ne conseille pas cette édition. Si vous devez acheter et lire 1984, essayez de trouver la traduction d’Amélie Audiberti.

…Et voilà que Propagerlefeu.fr prend tout son sens car les choix de Josée Kamoun sont radicaux.

Sur le plan des bonnes idées :

  • Les slogans du Parti ont été traduits :

GUERRE EST PAIX

LIBERTÉ EST SERVITUDE

IGNORANCE EST PUISSANCE

…là où la première traduction indiquait :

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

On note immédiatement la forme pyramidale qui se justifie par le récit, les slogans apparaissant dans le premier chapitre sur la façade pyramidale du ministère de la Vérité. (Ci-dessous, illustration de Jordan l’Hôte mise à disposition sur Wikipédia).

Sur le plan des mauvaises à très mauvaises idées :

  • De manière un peu plus choquante, le « novlangue » est traduit « néoparler »

Néoparler rend mieux le newspeak original ; mais surprend un peu pour un mot qui est passé dans le langage courant. Cela fait le même effet que « L’appel de la forêt » traduit récemment par « L’appel du monde sauvage ».

La traductrice, à la fin de la nouvelle édition s’en explique : « C’est précisément parce que le mot est passé dans la lange courante pour renvoyer à un classique brouillage rhétorique, euphémisation, jargon et autres procédés, et précisément parce que l’on peut parier qu’il a encore un bel avenir, qu’il fallait en créer un autre pour restituer la brutalité d’une entreprise théorisée et totalitaire, dont l’aboutissement est un parler qui n’a plus qu’une moitié de la langue, le son, d’une solution finale d’extermination de la pensée. »

Sur France Culture également :

« Orwell était extrêmement méticuleux dans ses choix de termes, son appendice est rédigé de manière extrêmement méthodique. S’il avait voulu écrire « novlangue », il aurait écrit « newlanguage ». Or ça n’est pas une langue, c’est une anti-langue. Comme si on introduisait un virus dans le logiciel de la langue pour qu’il la détruise. Je suis convaincue que l’expression « novlangue » va rester dans la conversation, mais pour traduire le terme qu’Orwell a choisi, « newspeak« , c’est « néoparler »

On peut se demander ce qui se passera si néoparler rentre dans le langage courant : faudra-t-il inventer alors un nouveau mot spécifique à la réduction totalitaire de la langue ?

Je remarque que la création d’un nouveau mot français a ceci de positif qu’elle est l’antithèse du néoparler dont le principe est précisément la destruction des mots afin de « dégraisser la langue jusqu’à l’os ».

  • Deux néologismes ont été créés : Mentocrime, Mentopolice (pour Police de la Pensée).

Mais venons-en au point essentiel de cette nouvelle traduction :

  • Le roman est traduit au présent, là où la traduction d’Amélie Audiberti utilisait le passé simple.

Ce point absolument essentiel n’est pas abordé par Josée Kamoun dans sa note de traduction.

Elle s’en justifie dans un « entretien » publié sur le site de Gallimard :

« L’écriture d’Orwell est nerveuse, sèche, coupante, même si certains passages sont au contraire très charnels bien que très retenus. Il fallait faire œuvre de sobriété. L’original emploie le prétérit, qui, en anglais, est tout à fait spontané, parfois presque oral. En français, c’est le présent qui rend le mieux ce côté presque ascétique de l’écriture. »

(Source : http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Josee-Kamoun.-Traduction-de-1984/(source)/302352)

petitrien, dans une intervention sur le site de Brumes a parfaitement résumé l’impression générale que donne cette mise au présent :

« On peut évidemment tout mettre au présent, pourquoi s’emmerder ? On l’a bien fait pour Fantômette, alors va pour Orwell, en attendant Victor Hugo et Flaubert. »

Je pense que tout est dit. Josée Kamoun ouvre là une brèche insupportable. S’agit-il donc d’une volonté de simplification pour se mettre au niveau de générations d’illétrés, ou le présent fait-il sens ? Cette idée du présent aurait-elle été prise chez « La Servante écarlate », de Margaret Atwood, roman lui-même très inspiré de 1984 ?

Pour avoir prêté attention à la traduction dans les premières pages de la lecture, j’ai été assez défavorablement tiré de ma lecture par :

« Il piaillait d’une voix hystérique, affirmant que la révolution avait été trahie. Véritable parodie du style des tribuns du Parti, son discours crépitait, truffé de mots-tiroirs et même plus riche que les leurs de vocables en néoparler. »

Comment une traductrice, qui pond une phrase aussi maladroite, à la limite du compréhensible, a-t-elle la légitimité pour modifier le temps utilisé pour la traduction d’une oeuvre majeure ?

(Dans la traduction d’Audiberti : « Il criait hystériquement que la révolution avait été trahie, et cela en un rapide discours polysyllabique qui était une parodie du style habituel des orateurs du Parti et comprenait même des mots de novlangue, plus de mots de novlangue même qu’aucun orateur du Parti n’aurait normalement employé dans la vie réelle. » p.25/26)

Quelques passages militent pour une simplification et une mise à (bas) niveau du vocabulaire :

« L’appartement des Parsons est plus grand que celui de Winston, et tout aussi décati dans un genre différent. Toute est fatigué, déglingué ; on croirait qu’il a été saccagé par un mastodonte en folie. » (p. 32)

Contre la première traduction :

« L’appartement des Parsons était plus grand que celui de Winston. Il était médiocre d’une autre façon. Tout avait un air battu et piétiné, comme si l’endroit venait de recevoir la visite d’un grand et violent animal. » (p.36)

ou p. 63 : « – Tu as été voir la pendaison des prisonniers hier ? »

(« Tu as été » pour « Tu es allé » fait toujours tâche…)

Contre la première traduction, plus conforme :

« – Êtes-vous allé voir hier la pendaison des prisonniers ? »

Tout cela (« déglingué », « Tu a été »…) pourrait n’être que détails mais peut aussi révéler ce parti pris de simplification outrancière.

D’autres erreurs de traductions sont plus gênantes. Voir l’article :

Ainsi que l’implacable :

Et également :

S’il s’agit bien d’une tentative de simplification (plutôt qu’une tentative pour rendre le sujet plus proche et immédiat), c’est très précisément sur un livre comme 1984 qu’elle n’aurait pas dû s’appliquer.

Toute simplification de la langue et de la pensée est un procédé qui mène aux dictatures, nous apprend Orwell.

2/ Pour l’ensemble des textes

  • Les éditions Ivrea

(qui ont repris le fonds de la maison d’édition Champ libre, qui publiait des ouvrages de critiques sociales reflétant les idées de gauche ou d’extrême gauche)

…ont édité les textes d’Orwell.

  • Agone

…a édité la correspondance d’Orwell ainsi que ses écrits politiques, dans sa collection « Banc d’essai ».

  • Les textes d’Orwell sont parus en édition Bibliothèque de la Pléiade, sous la direction de Philippe Jaworski, en septembre 2020.

Je n’ai pas étudié dans le détail cette édition, mais connaissant le maître d’œuvre, vous pouvez y aller les yeux fermés : il est responsable de l’édition de Moby-Dick et de Marc Twain en Pléiade et ces éditions sont formidables.

Quelques remarques :

Concernant Mil neuf-cent-quatre-vingt-quatre, la traduction de Josée Kamoun, qui n’a que deux ans, est disqualifiée puisque Gallimard a jugé bon de la refaire pour l’édition Pléiade (édition à laquelle elle n’a d’ailleurs pas participé). Les quelques journalistes qui ont cru bon de défendre sa traduction (des copines ?) feraient bien de revoir leur copie (qui ne comportait aucun argument sérieux).

Philippe Jaworski a conservé la traduction « pyramidale », qui était toutefois une bonne idée, en retenant :

GUERRE EST PAIX

LIBERTE EST ESCLAVAGE

IGNORANCE EST PUISSANCE

Sur les autres passages qui m’avaient hérissé le poil chez Mme Kamoun, nous trouvons ici :

(p. 975) « Il criait, d’une voix hystérique, que la Révolution avait été trahie – et cela dans un discours au rythme vif tout en polysyllabes, qui était une sorte de parodie du style habituel des tribuns du Parti, et comportait même des mots de néoparle, plus de mots de néoparle, même, qu’aucun membre du parti n’en employait d’ordinaire dans la vie réelle. »

On se rapproche de la traduction originelle d’Amélie Audiberti (qui est plus ramassée et que je préfère ; mais c’est du détail).

(p. 982) « L’appartement des Parsons était plus grand que celui de Winston, aussi miteux mais d’une autre façon. Tout y semblait comme ravagé et piétiné par le passage violent d’un énorme animal. »

(p. 1008) « Etes-vous allé assister à la pendaison des prisonniers hier ? demanda Syme. »

On peut critiquer le style d’Orwell, mais au moins n’est-il pas ici dégradé par une mise au présent et un vocabulaire enfantin.

Notons enfin qu’ici « BIG BROTHER » est « LE GRAND FRERE » et que le « novlangue » est le « néoparle ».

Livres et ressources recommandables :

La biographie d’Orwell unanimement considérée comme la référence est celle de Bernard Crick :

  • Bernard Crick, Georges Orwell, Chez Flammarion, Grandes biographies, 713 p., (2003), 26 €

Une biographie plus récente est parue en Folio Biographie :

  • Stéphane Maltère, Georges Orwell, Folio Biographie, 336 pages (mai 2015), 9,70 €

Pas encore lu. Je commenterai prochainement.

Toujours pour l’aspect biographique, ceux qui souhaitent aborder la vie d’Orwell de manière rapide et agréable peuvent passer par la bande dessinée :

  • Pierre Christin, Sébastien Verdier, Orwell, chez Dargaud, juin 2019, 160 p. 19,99 €

Vous passerez un moment agréable avec un Orwell très bien rendu. La biographie est fidèle.

Livres et ressources recommandables : Les essais ou études

  • Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, Flammarion Champs essais, mars 2014, 106 p. 6 €

…Est l’essai de référence sur l’auteur. 100 pages lumineuses pour 6 € : ce sera votre meilleur investissement si vous vous intéressez un tant soit peu à l’auteur. L’essai proprement dit ne fait que 69 pages.

Une annexe reprend des citations d’Orwell qui définissent parfaitement les traits saillants de son caractère.

L’annexe II est une lettre d’Evelyn Waugh à Orwell ; ce n’est pas le plus intéressant.

L’annexe III reprend en deux pages l’affaire de « la liste », qui est maintenant inséparable de l’auteur.

Dans une émission d’Apostrophe, Milan Kundera reconnaît qu’il avait des préventions contre Orwell et que c’est la lecture de l’essai de Simon Leys qui lui a fait mieux comprendre l’auteur.

  • Christopher Hitchens, Dans la tête d’Orwell, La vérité sur l’auteur de 1984, éditions Saint-Simon, octobre 2019, 172 pages, 19,80 €

…Est également un essai percutant sur Orwell.

Christopher Hitchens, journaliste au caractère bien trempé, athéiste convaincu, buvant quotidiennement « de quoi tuer ou assommer un mulet moyen », est en soi un personnage intéressant.

Après un bref aperçu biographique, Orwell est étudié dans ses rapports à l’empire britannique, à la gauche, à la droite, à l’Amérique, aux anglais et aux femmes, etc.

L’affaire de la liste est traitée en un chapitre (où il m’a semblé patent que Christopher Hitchens est assez mal à l’aise avec le sujet).

A vous de jouer maintenant !

Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.

En commentaires, libre à vous de :

  • discuter des mérites et défauts des différentes éditions
  • de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
  • de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
  • de ce qu’il représente pour vous
  • des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
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