Miguel de Cervantes Saavedra, romancier, poète et dramaturge espagnol, est l’auteur d’une oeuvre majeure de la littérature mondiale, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche.

Ce roman, paru en deux parties 1605 et 1615, met en scène Don Quichotte, accompagné de son valet Sancho Panza. Signe anecdotique mais révélateur de son importance culturelle : Certains de ses personnages sont devenus des noms communs (une dulcinée, une maritorne, une rossinante..)

Cervantes est pour l’Espagne ce que Shakespeare est pour l’Angleterre.

Les aventures d’un sympathique personnage qui dénie le réel pour le magnifier au travers de la littérature ne peut que parler aux lecteurs que nous sommes.

L’œuvre est multidimensionnelle : Elle interroge notre rapport à la littérature, à la réalité et à l’illusion, sans fournir de réponse définitive et laissant le champ ouvert aux analyses pour les siècles à venir.

On retrouve une part de quichottisme chez Emma Bovary, autre personnage majeur de la littérature mondiale.

Edition de référence :

  • La Pléiade [par défaut], Cervantes, en deux volumes :

1er volume :  La Galatée, Don Quichotte. Sous la direction de Jean Canavaggio. Texte traduit et annoté par Claude Allaigre (La Galatée), accompagné pour Don Quichotte de Jean Canavaggio et Michel Moner.

68 €

2nd volume : Nouvelles exemplaires, suivi de Les épreuves et travaux de Persilès et Sigismunda. Avec la participation de Jean-Marc Pelorson.

58 €

Le tout disponible sous coffret : Oeuvres romanesques complètes. 126 €

  • la Pléiade a édité pour le même prix Don Quichotte de la Manche, seul en un volume (il s’agit de l’exemplaire hors numérotation de 2015).

A vous de jouer maintenant !

Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.

En commentaires, libre à vous de :

  • discuter des mérites et défauts des différentes éditions
  • de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
  • de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
  • de ce qu’il représente pour vous
  • des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
10 réponses
  1. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Une remarque qui me semble d’importance pour l’appréhension de l’œuvre de Cervantès : Don Quichotte est moins dupe de ses illusions qu’on le pense. Ce point est illustré au chapitre XXXI de la seconde partie, chez la Duchesse (p. 1126 de l’édition Pléiade) : « Ce fut là le premier jour qu’il sut en toute certitude et crut vraiment être un chevalier errant véritable et non fantastique, en voyant qu’on en usait envers lui comme il avait lu qu’on le faisait envers de tels chevaliers dans les siècles passés. »
    (cité par Aline Schulman – merci à elle – dans l’émission France culture » la Compagnie des auteurs », Cervantes 2/4, vers 22’24 »)

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  2. Ben
    Ben dit :

    J’ai récemment lu « Don Quichotte » dans la Pléiade « Cervantes, Œuvres romanesques complètes » dirigée par Jean Canavaggio. Voici quelques remarques sur cette édition.

    Introduction d’environ 40 pages sur Cervantes, son œuvre, sa réception et sa postérité, intéressante et suffisamment détaillée pour une première approche (d’ailleurs, la vie de Cervantes demeure assez mal connue). Chronologie de 15 pages: plus qu’il n’en faut (mais on ne saurait se plaindre).

    Une courte note bienvenue sur l’édition et les principes de traduction. Un des objectifs était de réunir dans ces deux volumes les quatre œuvres romanesques de Cervantes (certaines de ses pièces sont dans le Pléiade « Théâtre espagnol du XVIe siècle » et un peu de sa poésie dans l’Anthologie bilingue de la poésie espagnole). La Galatée est plutôt une œuvre de jeunesse, dans la veine bucolique (une deuxième partie a été promise par Cervantes mais jamais publiée) et les travaux de Persiles ont été achevés quelques jours avant sa mort. Entre les deux, les Nouvelles exemplaires ont longtemps été considérées comme le chef-d’œuvre de Cervantes, tandis que Don Quichotte était considéré comme un agréable divertissement (un tournant ayant été initié par le romantisme allemand).

    Le principe directeur des traductions a été une modernisation non excessive de l’espagnol de Cervantes en français contemporain, qui conserve le rythme parfois haché et rude de la période cervantine, certaines répétitions et épithètes redondantes, les ruptures entre styles direct et indirect, ou encore les différences de registre, notamment dans les dialogues entre Don Quichotte et Sancho. Sans pouvoir comparer avec d’autres traductions ou l’original, la traduction de Don Quichotte me semble réussie, et est en tout cas agréable à lire. A noter que la Galatée et le Persiles, que je n’ai pas lus, comportent chacun sa propre note sur la traduction.

    De mémoire, une faute d’orthographe dans la première partie et quatre ou cinq dans la deuxième viennent ternir l’ensemble (notamment une confusion futur/conditionnel…).

    Alors que la première partie est entièrement traduite par Canavaggio, il partage avec Moner et Allaigre la traduction de la deuxième. Les traductions sont bien harmonisées, à part pour « Camacho » qui devient « Gamache » en fin de récit… Espérons que cela n’empêchera pas Sancho d’en écumer les marmites !

    Une notice de 26 pages, qui en cet espace limité indique l’essentiel sur la genèse du roman et ses principales problématiques, mais qui laisse un peu sur sa faim (et comporte les expressions « à notre intention » et « rappeller »…)

    Enfin, 115 pages de notes. Un point positif est qu’elles n’hésitent pas à citer l’original lorsqu’un jeu de mot intraduisible se présente (quoique la traduction comporte des trouvailles en ce domaine) ou pour d’autres difficultés de traduction. Elles apportent des références pour les proverbes de Sancho, pour les références faites aux romans de chevalerie, aux nouvelles italiennes ou œuvres espagnoles contemporaines, aux événements historiques, aux références antiques (dans les paroles de Don Quichotte et dans la narration). J’ai cependant noté quelques références à la mythologie gréco-romaine qui n’ont pas été relevées, ce qui peut faire craindre que d’autres soient passées inaperçues… (à noter, la malheureuse faute de frappe « le centaure Chinon »).

    Une note sur le coffret, aux couleurs de l’Espagne, avec un « Cervantès » imprimé en jaune sur fond rouge, et en noir un détail d’une gravure de Gustave Doré. Une belle idée. Malheureusement, « Cervantès » est affublé de l’accent grave de la francisation traditionnelle, et la réalisation du coffret est assez bas-de-gamme.

    Globalement, je recommande ce volume.

    Par curiosité, je suis allé feuilleter en librairie le Pléiade « Don Quichotte » (« tirage spécial »). Canavaggio y indique que les modifications par rapport au volume des Œuvres romanesques complètes sont minimes: des coquilles ont été corrigées et la bibliographie, actualisée.

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  3. Restif
    Restif dit :

    Pendant que je suis sur cette page je voudrais attirer l’attention sur la splendide édition des Romans picaresques espagnols par M Molho. C ‘est une authentique splendeur on y trouve des chefs d’œuvre absolus, notamment le Don Guzaman d’Alfaranche de’ Mateo Almean et l’incroyable, le fou, le burlesque,l’effrayant «  »Vie de l’aventurier Don Pablo de Segovie » de Quevedo. Un miracle se traduction. UN miracle tout court!

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    • Ben
      Ben dit :

      Comme quoi, le smartphone avec des moufles, ce n’est pas évident !

      Plus sérieusement, cher Restif, je pense que vos interventions, ici comme sur le blog de Brumes, sont suffisamment intéressantes pour mériter une saisie plus scrupuleuse, si vous me permettez cet humble conseil.

      En tout cas, merci d’avoir signalé ce Pléiade « Romans picaresques espagnols », édition de Maurice Molho de 1968, qui contient La vie de Lazarillo de Tormes (anonyme), Guzmán de Alfarache, de Mateo Alemán, et El Buscón, la vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie, de Francisco de Quevedo.

      Je vois sur la wikipedia espagnole qu’une quatrième édition originale du Lazarillo de Tormes a été retrouvée en 1992, mais je ne sais pas à quel point cela modifie nos connaissances sur le texte (ni donc à quel point l’édition de Molho devrait être revue).

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  4. Restif
    Restif dit :

    Je tape toujours trop vite, c’est rédhibitoire, mais c’est dit si gentiment que je vais tenter d’arrêter ce flux de pensées qui dépasse la frappe de toute sa vélocité. Ce sera inutile mais… J’essayerais. Ce que je voulais ajouter, c’est à propos d’un deuxième Lazare de Tormes. Il en est parlé dans l’annotation Pléiade des œuvres autobiographiques de Jean-Jacques en Pléiade (in Rousseau juge de Jean-Jacques) avec cette précision : Il ne s’agit pas là du premier Lazare mais d’une suite écrite par un certain Hurtado de Mendoza, cela étant dit par le savant annotateur de la Pléiade Robert Osmont. Il existe donc deux Lazarillo mais seul le premier voit son texte être édité en Pléiade. Anonymement. Inutile donc de rechercher l’anecdote contée par Rousseau.
    Ah, ce Pléiade des oeuvres picaresques espagnols,quel splendeur. J’adore vraiment le Quevedo,pure si étrange, si prodigieusement fantasque,avec sa galerie de monstre dont l’avare dont le vice est depuis longtemps devenu folie même si je m’incline dûment devant la superbe aventure théologique contée par Mateo Aleman dans sa Vie de Guzman d’Alfaranche – car tout y a un sens th »ologique, nous sommes en Espagne!

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  5. Restif
    Restif dit :

    Vous voyez…même en faisant attention un « pure » s’évade et un guillemet se promène en lieu et place d’un « é » disparu. Il est vrai que j’avais totalement oublié avoir écrit cette notule de suite de commentaire (donc pas de relecture), mais quand même ! Pardon !!! Ah, précipitations, horaires…

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Curiosité et indiscrétion. Sur quoi tapez-vous, Restif (à part sur vos ennemis) ? Un smartephone (n’écrivez pas pour dénoncer la faute, c’est exprès, un clavier d’ordinateur ? Avec combien de doigts ?

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      • Domonkos Szenes
        Domonkos Szenes dit :

        Même en faisant attention, nous faisons toujours des fautes, il faudrait non seulement se relire, mais avoir le droit au repentir et pouvoir « corriger sur épreuves avant impression ».

        Existe-t-il une pathologie inhérente au clavier, sur le modèle du dyslexisme ? Et des « redresseurs de tort » spécialisés, sur le modèle des orthophonistes ?

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  6. Neo-Birt7
    Neo-Birt7 dit :

    Les deux versions qui semblent désormais avoir les faveurs des hispanisants dans leurs bibliographies de premier ou de second cycle sont celles d’Aline Schuman, en Points Seuil, Paris, 2001, et de Jean-Raymond Fanlo, dans la collection Pochothèque coéditée par le Livre de Poche, Paris, 2008, avec l’appareil critique le plus important paru à date récente, en particulier une introduction exégétique de 120 p. où les problèmes traductologiques sont étudiés à fond. Par rapport à Schulman, qui a produit un texte français très dynamique et moderne, la traduction Fanlo, dont la principale caractéristique est son intelligente littéralité, ose, contre les tendances opposées de la recherche de la couleur d’époque, quitte à forcer le trait (s’y sont illustrés Oudin, Cassou et même Canavaggio) et de l’adaptation des realia espagnoles mutatis mutandis à la culture littéraire française (se rattachent à ce courant Viardot ou Schulman), simplifier les fausses fenêtres sémantiquement peu représentatives dans lesquelles s’englue le style, volontiers cumulatif, de Cervantes (de la même manière qu’en traduisant depuis le grec ancien ou du latin, on ne doit pas s’astreindre à respecter tous les καί et les « et », à chercher des équivalents à toutes les locutions introductives du discours direct, à restituer toutes les périphrases lourdes ou embarrassées). Le fait que Fanlo soit un éminent spécialiste de la littérature française de la Renaissance, ainsi qu’un éditeur justement réputé d’Agrippa d’Aubigné, ajoute à ses qualités de linguistes un sens aigu du cant de la période.

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