Jules Verne (1828-1905)
Son statut de classique de la littérature lui a parfois été dénié. Rappelons (même si ce n’est pas un critère en soi), qu’il est le second auteur le plus traduit, derrière Agatha Christie et devant Shakespeare.
Souvenons nous, excusez du peu, qu’il est l’auteur entre autres de :
Voyage au centre de la Terre
De la Terre à la Lune
Vingt mille lieux sous les mers
Le tour du monde en quatre-vingts jours
Quoi que l’on pense du style (les débats sur le sujet font rage), Jules Verne est incontestablement une référence culturelle.
Rappelons aussi que son nom ne prend pas de ‘s’ 😉
Edition de référence :
— indéterminée pour l’instant —
Une fois n’est pas coutume, la Pléiade n’est pas une édition de référence.
Elle a édité, semble-t-il du bout des doigts, une sélection de textes qui (devant le succès public) est amenée à être complétée bientôt. L’album 2012 de la Pléiade est consacré à l’auteur.
Jules Verne est bien connu des collectionneurs dans son édition Hetzel, pour ses cartonnages spécifiques (cartonnage « globe doré »; « aux deux éléphants » ; « au steamer rouge », etc.) Les prix de ces éditions sont assez déraisonnables (de 350 € à plus de 1.000 €), ce qui ne doit pas faciliter la lecture sereine.
Je n’ai pas d’édition de référence à proposer et suis à votre écoute.
A vous de jouer maintenant !
Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.
En commentaires, libre à vous de :
- discuter des mérites et défauts des différentes éditions
- de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
- de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
- de ce qu’il représente pour vous
- des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
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J’aimerais que vous m’éclairiez, cher Draak : qu’entendez-vous exactement par « édition de référence » ?
S’agit-il de l’édition idéale, qui peut ne pas encore exister ou bien n’exister que dans un monde éditorial idéal ?
S’agit-il de la « meilleure édition » existante, dans le monde éditorial existant, qu’elle réponde ou non aux critères d’une édition idéale ?
Dans le premier cas, effectivement, Verne en Pléiade ne remplit pas tous les critères d’une édition idéale, celle que nous continueront à attendre et espérer (mais quelques-uns quand même), et il n’y a aucune « édition de référence ».
Dans le second cas, si on ne se réfère qu’à l’existant, alors la Pléiade est tout de même recommandable, pour des raisons que j’ai déjà exposées chez Brumes (ce qui a donné lieu à un sain débat). J’ai exprimé ma déception et mes expresses réserves sur les insuffisances de cette édition, mais je ne voudrais pas qu’on l’accable sous trop de mépris. Telle quelle, et dans le contexte général de l’édition vernienne tel qu’il se présente, elle a des mérites qu’aucune autre collection ne peut lui disputer. Elle ouvre un nouveau cours dans l’édition de Verne, ne serait-ce que parce qu’il s’agit de… la Pléiade. Si vous êtes élu à l’Académie, même si votre costume n’est pas le plus riche, si votre siège est au dernier rang, derrière une colonne, proche de la sortie, vous êtes tout de même de l’Académie !
Certes, je ne méconnais pas les qualités de quelques romans en « Folio » ou « GF »… Mais, voilà, outre qu’il s’agit d’ilôts isolés, toujours les mêmes, j’ai le défaut (presque inavouable) de ne pas aimer payer des poches (bien trop cher à mon humble avis : quand j’arrive à trouver une Pléiade d’occasion au prix d’un ou deux gros poches neufs, il y a un loup dans la bergerie) dont la mocheté et la fragilité matérielle m’assurent qu’ils ne connaîtront point de pérennité : soit parce qu’ils tomberont rapidement en ruines, soit parce que, dégoûté de voir leur visage de plus en plus ravagé par l’âge, je finirai par les expulser de ma bibliothèque.
Disons que, pour moi, je considérerais la Pléiade comme une référence, tout de même, et j’y ajouterai, au coup par coup, telle ou telle édition en poche de tel ou tel roman, après les avoir sérieusement étudiés. L’un ne dispensant pas de l’autre.
Il va de soi (?) qu’une véritable édition de référence serait celle de l’oeuvre complète de Jules Verne (du moins les romans et nouvelles), qui, si elle comporte des oeuvres plus mineures que d’autres (encore a-t-on vu certaines d’entre elles réhabilitées ou réévaluées), n’en comporte aucune d’indifférente, aucune ne jouant aucun rôle dans la constitution du corpus vernien. Seule une sérieuse édition complète permettrait d’évaluer réellement cette oeuvre.
Par contre – c’est un de mes vieux dadas – je crois sincèrement et profondément que – à part pour les vrais bibliophiles et pour les Peter Pan – il faut vraiment oublier les vieilles éditions Hetzel. Ce sont des cénotaphes d’où l’âme ainsi que le corps de Verne s’est définitivement absentée, qui entretiennent une mémoire, mais une mémoire viciée.
Question intéressante.
L’édition idéale n’existe tout simplement pas. Et si elle existe pour quelqu’un (par exemple : la biographie de Sophocle par Jacques Jouanna chez Fayard est pour moi un idéal), elle n’est pas la même pour les autres (Neo-Birt7, qui n’est pas du genre à être rebuté par la lecture, la trouve trop longue…)
Donc : propagerlefeu.fr « site des meilleurs éditions » n’est que le pitch accrocheur et menteur d’un scénario plus riche. Il s’agit plus finement de signaler les mérites ou les défauts de chacune ; Une édition pourra être plus intéressante qu’une autre sur l’établissement du texte, sur la biographie, par la présence d’un index des noms, etc. A chacun, ensuite, de faire ses emplettes en connaissances de cause. Notre discussion à la page Villon, à ce titre, m’a comblé.
Le site est aussi le lieu pour signaler les éditions affreuses quand il y en a et éviter à d’autres des déconvenues (traductions déficientes, etc)
Comme vous en parlez : La qualité physique et la durabilité dans le temps est un critère important, encore que, dans mon objet qui est de « lire de mon vivant les meilleures éditions », la question patrimoniale passe un peu au second plan (avec un contre-bémol (?) supplémentaire que le plaisir de lecture est dépendant de la beauté/solidité de ce que l’on tient en main).
La Pléiade est un peu l’Académie des ouvrages ; c’est pour cela que j’ai pris l’option de l’indiquer comme édition idéale par défaut (sauf période de l’antiquité). Restif s’en était d’abord ému en me croyant un pléiadophile extrêmiste. Mais cette indication n’est qu’un prétexte à ouvrir la discussion.
Sur Verne, par exemple : j’avais déjà lu sous votre plume que vous considériez les éditions Hetzel comme un réceptacle vide. Ce serait intéressant d’étayer et de nous dire pourquoi…
A la réflexion, il me vient à l’esprit que le jugement qu’on portera sur les Pléiades Jules Verne sont très influencées par le point de vue de départ :
si l’on se place en amateur-amoureux de la Pléiade, alors, oui, ce sont de mauvaises Pléiades, en tous cas fort insatisfaisantes ;
si l’on se place en amateur de Jules Verne qui se désole chaque jour de la situation indigne dans laquelle se trouve encore l’oeuvre de Jules Verne, cent ans et plus après sa mort, sur le plan éditorial, on ne peut que se réjouir de l’apparition de ses Pléiades, aussi frustrante soient-elles sur bien des points.
J’y pense, on pourrait tout de même citer, pour mémoire, l’édition Rencontres.
Pas très séduisants ces petits volumes faussement reliés en carton mâchonné, mais au moins il y avait les « Voyages » au complet et chaque volume était affublé d’une petite préface pas plus bête que bien d’autres.
En son temps, elle a représenté un progrès par rapport à toutes les éditions infantiles ou infantilisantes qui l’avaient précédée.
L’édition des Voyages extraordinaires chez Michel de l’Ormeraie pourrait prétendre au titre d’édition idéale, quoique ce ne soit pas une édition critique. C’est un bon compromis entre les cartonnages Hetzel (hors de prix) et les Pléiades (de format trop réduit). On trouve des volumes de cette édition sur Amazon p. ex. :
https://www.amazon.fr/Voyages-extraordinaires-Tour-Monde-jours/dp/B0080R3SZ4
(Là, en l’occurrence, c’est du vol).
Je suis à la fois d’accord et pas d’accord avec vous. Bien sûr, en tant qu’amoureux de Jules Verne l’édition de Michel de l’Ormeraie a tout pour me combler. Mais elle ne peut représenter, à mes yeux, un « progrès » dans l’édition de Verne, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord et tout bêtement, il s’agit d’un « coup » ponctuel. Ceux qui l’ont manquée à parution peuvent, certes, la reconstituer par le canal du marché d’occasion, n’empêche qu’ils ne la trouveront pas couramment sur les rayons de leur librairie. Ensuite, plus grave à mes yeux, elle est, comme vous le dites, dépourvue d’appareil critique et elle entretient le « mausolée » dans lequel est encore, trop souvent à mes yeux, enfermé Jules Verne. (Draak a raison, il faudra un jour que je m’explique plus longuement sur ce que j’entends par là, mais je crains de lasser.)
Pour un peu – et avec un brin d’esprit de provocation – je la qualifierais de « réactionnaire ».
Ha ha !
D’occasion, entre 25 et 33 € le volume sur Abebooks.
Je reviens un instant sur Jules Verne (sans qu’on me le demande). Ayant relu un peu plus attentivement la première réponse de Draak, je m’aperçois que je n’y ai pas répondu quant aux raisons qui me font considérer l’édition Hetzel (et ses reproductions) comme un cénotaphe pour l’oeuvre de Verne. Je crois que je m’en étais expliqué chez Brumes (notre grand frère). Jules Verne lui-même avait fini par se sentir à l’étoirt dans les habits dont Hetzel avait paré ses romans et il avait tenté – en partie vainement – de s’en libérer. S’y attacher encore aujourd’hui revient à donner symboliquement raison à l’éditeur qui, après avoir aidé Jules Verne à progresser et s’exprimer, avait fini par l’envelopper de bandelettes momifiantes. Je veux pouvoir lire Verne comme n’importe quel écrivain, dans une belle édition, soignée et de préférence intelligente, sinon savante, qui le relie à l’histoire de la littérature de son temps et non pas comme l’éternel poulain de Hetzel. Ce dernier a d’abord parrainé le premier ? La belle affaire ! Il y a longtemps que l’élève a effacé le « maître » et à la fameuse question « qu’aurait été Verne sans Hetzel », à laquelle bien malin celui qui pourrait répondre, j’oppose la question : « que serait Hetzel sans Verne ? » Là, la réponse est évidente : pour le public, rien ; seuls les spécialistes de l’histoire éditoriale le mentionneraient encore. (D’autres éditeurs tout aussi importants ont pesé sur la scène littéraire française au XIXème siècle, mais n’ont pas eu la chance de voir leur nom accolé à celui d’un auteur qui a traversé les époques.)
Petit ajout : il semble que le (trop ?) fameux Jean de Bonnot a publié l’intégrale des « Voyages ». J’avoue que je ne m’en étais jamais soucié. La semaine dernière, mon bouquiniste se l’est vue proposer à l’achat par une cliente, en ma présence. Il n’a pas fait affaire et je n’ai pu la voir. Je mentionne son existence, tout en me doutant qu’elle n’a rien apporté à l’histoire éditoriale de Verne.
Autre remarque : j’aimerais que la question de l’édition de Jules Verne ne se limite pas à celle de l’édition des « Voyages Extraordinaires », mais s’élargisse à ses autres livres et à sa correspondance. Ce qui pourrait mettre fin à un autre cliché, celui du Verne auteur seulement des « Voyages » et donner une idée plus complète de l’écrivain, de son travail, et de ses ambitions.
« l’édition Hetzel (et ses reproductions) » ; je crains que ma formulation prête à confusion : je ne veux pas, en parlant de « ses reproductions », évoquer les reproductions des gravures d’époque, que je juge indispensables tant elles sont intégrées au texte et au travail de Verne, mais des « reproductions » modernes des éditions Hetzel (le plus souvent, d’ailleurs de mauvaise qualité matérielle).
« se l’est vue proposée » (suivi de surcroît, un peu plus loin, d’un « je n’ai pu la voir » qui ajoute au ridicule) : quelle horreur !
A propos de ma dernière remarque : au cours de la dernière décennie vernienne, au moins, l’appellation de « Voyages Extraordinaires » a été vidée de son sens, la plupart des romans écrits par Jules Verne s’éloignant de plus en plus ou sortant carrément, du concept de départ. En fait, l’éditeur nous refile de la fausse monnaie, et sous le nom de « Voyages Extraordinaires » (qui vaut de l’or commercialement) laisse paraître des romans qui lui sont étrangers.
Finalement, en éditiant l’ensemble des « Voyages » on édite déjà plus que les « Voyages ». C’est là la preuve que Verne ne se reconnaissait plus dans ce cadre et qu’il avait d’autres ambitions littéraires que celle que lui avait assignées vingt ans plus tôt l’autre Jules.