L’épopée de Gilgamesh, le grand homme qui ne voulait pas mourir
Vieille de quelque trente-cinq siècles et de loin antérieure à l’Iliade et au Mahâbhârata, l’Epopée de Gilgamesh est la première oeuvre littéraire connue.
// en construction //
Edition de référence :
Edition NRF Gallimard, collection l’Aube des peuples [par défaut]
Traduit de l’akkadien et présenté par Jean Bottéro
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L’épopée de Gilgamesh – titre moderne courant, comme pour toutes les oeuvres mésopotamiennes, normalement désignées par le texte de leur premier stique – constitue un cycle de différents poèmes narratifs en langues sumérienne (Bilgames ou Gilgamesh, selon la lecture cunéiforme adoptée), akkadienne (version paléobabylonienne, dont on possède plusieurs morceaux importants, puis, un millénaire plus tard, recension intégrale en néo-assyrien, dite Version Standard, composée de 11 tablettes pratiquement au complet aujourd’hui, dont la douzième est partiellement occupée par une traduction de la seconde moitié du poème sumérien Bilgames/Gilgamesh et les Enfers), hittite et hourrite. S’agissant de fragments collectés seulement deux fois depuis l’érection de l’assyriologie en science, par R. Campbell Thompson en 1930 puis par Andrew R. George en 2003 (« The Babylonian Gilgamesh Epic. Introduction, Critical Edition and Cuneiform Texts », Oxford, O.U.P., 2 vol.; compléments sumérologiques dans Alhena Gadotti, « Gilgamesh, Enkidu, and the Netherworld and the Sumerian Gilgamesh Cycle », Boston / Berlin, De Gruyter, 2014), plus récente et ambitieuse (i.e. annotée) est la traduction consultée, plus complète, fiable et scientifique la présentation de ce cycle; on écartera donc comme obsolètes pour cause d’incomplétude flagrante, malgré le grand nom de leur auteur, les versions signées par Georges Contenau (Paris, L’Artisan du Livre, 1939; le texte y est arbitrairement amputé de la XIe tablette) et René Labat (dans le recueil « Ecrivains célèbres », Paris, Mazenod, 1962). Sachant que George a collecté 218 fragments suméro-akkadiens contre 112 seulement pour Thompson, il va de soi que la grande édition critique et commentée de ce dernier remplace toutes les traductions précédentes, y compris celle de Jean Bottéro, flamboyante mais pas aussi précise qu’on la voudrait et quasiment pas commentée, sauf pour ce qui est de l’annotation savante (encore importante en français à ce titre est la version commentée dans la collection ‘Littératures du Proche-Orient ancien’ [LAPO] par Raymond-Jacques Tournay et Aaron Shaeffer, Paris, Le Cerf, 1994; on notera que la vocation ecclésiastique de Tournay a déterminé une grande frilosité envers la question fameuse de l’homosexualité d’Enkidu et de Gilgamesh, or celle-ci ne semble plus guère faire de doute depuis certains des nouveaux textes rassemblés par George). On trouve facilement en téléchargement la grande édition George, qui comprend une traduction anglaise scrupuleuse; le même savant a donné une version plus lisible (« The epic of Gilgamesh. The Babylonian Epic Poem and Other Texts in Akkadian and Sumerian. translated with an Introduction », Londres, Allen Lane ou Penguin Classics, 1999, 2003, etc). Les recensions hittites et hourrites posant des problèmes techniques très spécialisés et n’ayant pas de portée génétique sur l’évolution de ce corpus poétiques, elles restent hors champ dans les travaux de George; le lecteur de tout venant ne devrait pas s’en préoccuper.
Pour ce qui est de la littérature secondaire sur le Gilgamesh, l’unique monographie reste l’étude datée mais encore perceptive et solide de Jeffrey H. Tigay « The Evolution of the Gilgamesh Epic » (Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1982; réimpr. Wauconda, Bolchazy-Carducci, 2002); une vue plus satisfaisante de l’évolution du cycle a été proposée par Daniel E. Fleming et Sara J. Milstein, « The Buried Foundation of the Gilgamesh Epic. The Akkadian Huwawa Narrative », Leyde/Boston, Brill, 2010, mais elle ne profitera guère qu’à des spécialistes. Une importante oeuvre exégétique, de type littéraire et comparatiste, a été accomplie par Tzvi Abush; on la lira commodément dans son recueil « Male and Female in the Epic of Gilgamesh. Encounters, Literary History, and Interpretation », Winona Lake, Eisenbrauns, 2012. Pour une plus ample bibliographie, je renvoie à J. F. Nardelli, Gnomon 89. 4, 2017, p. 295 note 1.
Un lapsus m’a fait écrire « la grande édition critique et commentée de ce dernier » au lieu de « la grande édition critique et commentée de George »; le lecteur voudra donc faire pour lui-même la rectification.
Merci infiniment pour cette toute première intervention sur le site.
Pas d’édition parfaite en français, donc…
Pour ceux qui voudraient mettre un visage sur un nom, Andrew R. George, que vous citez, apparaît à plusieurs reprises dans le reportage « grand public » :
https://youtu.be/DW2IvsZg7X0
Le cours de Thomas Römer au Collège de France intitulé « L’épopée de Gilgamesh », disponible sur http://www.college-de-france.fr/site/thomas-romer/course-2013-02-07-14h00.htm (vidéo et pdf) offre un bon résumé de l’épopée, sous l’angle de l’étude de la condition humaine. Ce cours étant le premier d’une série sur les écrits bibliques, plusieurs analogies sont relevées avec la Bible (dont on peut supposer que les rédacteurs connaissaient l’épopée babylonienne) notamment la Genèse, l’Exode et, peut-être pour les plus frappantes, l’Ecclésiaste.
Il y a aussi des similitudes avec des thèmes homériques et des tragiques grecs, qui ne sont pas mentionnés par Römer. Sur l’influence du Proche et Moyen-Orient sur la littérature grecque, l’helléniste Martin L. West a notamment écrit The East Face of Helicon, 1997 (dont je ne puis parler, ne l’ayant pas (pas encore?) lu).
Concernant les éditions de Gilgamesh, Römer conseille également la traduction de Andrew George, et confirme qu’il n’y a pas de traduction française satisfaisante (la moins « caduque » étant celle de Tournay et Shaeffer).
Que disait mon commentaire, sinon la même chose, avec des précisions spécialisées ? Ben, je vous trouve vraiment retardataire, votre approche de quatrième main commence à m’irriter. Voulez-vous bien, à l’avenir, essayer de calibrer vos interventions afin qu’elles n’enfoncent pas des portes ouvertes d’après des données disponibles en ligne par deux clics de souris ?
Je vous présente mes excuses, Neo, et n’écrirai plus que quiconque, fût-il professeur au Collège de France, apporte une confirmation à vos dires, puisque bien évidemment, une parole révélée n’a besoin d’aucune confirmation (où avais-je la tête ?). Mais ne vous souciez pas tant de mes commentaires: ils ne le méritent vraiment pas, et n’enlèvent rien à la gloire des vôtres.
Par contre, je suis désolé mais je ne compte pas recalibrer mes interventions. D’une part parce que vous n’êtes pas le seul lecteur de ce site (et pour reprendre votre image, certaines portes peuvent vous être ouvertes mais rester fermées à d’autres), et d’autre part car je ne pense pas que parce qu’une information est accessible, il faille s’interdire de la donner. (Mais nous assistons peut-être ici au choc malheureux des « deux cultures » au sens de C. P. Snow.)
J’ai déjà hésité à écrire cette réponse, et ne donnerai pas suite à d’autres commentaires de ce genre. Concentrons-nous sur les œuvres, et essayons d’informer le mieux possible, chacun à son niveau. Je vous conseille donc d’ignorer mes futurs commentaires, puisqu’ils ne vous apprendront rien. Quant à moi, je continuerai de lire avec intérêt les vôtres (tant qu’ils ne sont pas de la veine du précédent, qui, vraiment, ne vous fait pas honneur).
Neo-Birt7,
Ben est parfaitement dans le ton et l’esprit du site. Il est un amateur au sens noble du mot, et son enthousiasme à lire les antiques lui fait honneur. Ses interventions, différentes et peut-être moins techniques que les vôtres, sont néanmoins parfaites.
Propagerlefeu.fr vous doit beaucoup, et je comprends que vous puissiez être agacé lorsque l’on touche à votre domaine de compétence, mais cette morgue et ce souci de faire taire les autres ne vous grandit effectivement pas.