Charles Péguy (1873 – 1914)

A la demande d’Antoine, sur la page « Les classiques », et pour accueillir ce nouveau participant, j’ouvre la page « Charles Péguy » ; un auteur que je n’ai jamais lu pour l’avoir ostracisé – comme dans la vie quotidienne une personne nous inspire parfois une inexplicable anthipathie.

Il faut bien reconnaître que Charles Péguy correspond à la définition de « classique » tel que je l’ai donnée et qu’il a sa place sur le site propagerlefeu.fr

Comme souvent lorsqu’on veut avoir un aperçu d’un auteur en une heure de temps, on peut écouter avec profit Henri Guillemin :

  • Partie 1
  • Partie 2

…Qui nous décrit un personnage complexe, pas forcément très attachant.

Cette page est donc spécialement « ouverte » et je suis dans l’attente, non seulement des bonnes éditions ou références sur l’auteur ; mais aussi de votre avis et conseils sur l’oeuvre qu’il faudrait lire pour faire connaissance avec lui.

Je note qu’Henri Guillemin, en son temps, indiquait déjà que cet auteur était un peu passé de mode.

En parfait inculte, je pose la question : Faut-il donc encore lire Péguy ?

(J’ajouterai que mes recherches en ligne pour me faire une rapide idée de l’auteur (avant que de le lire) font rapidement échouer sur d’autres personnages qui me sont assez peu sympathiques : Yann Moix (pas le Yann Moix jeune et talentueux ; l’autre), Alain Finkielkraut… Tout comme la chronique de Henri Guillemin souligne que Charles Péguy était très peu élégant avec Romain Rolland ; un auteur que je n’ai pas plus lu mais pour lequel j’ai un capital sympathie de départ, l’une de ces citations étant reprise en en-tête de la page d’Accueil de propagerlefeu.fr et ayant donné son nom au présent site. Péguy : Rien pour lui, donc.)

Edition de référence :

  • La Pléiade [par défaut]

Les oeuvres en prose sont en trois tomes, édition de Robert Burac (1987, 1988, 1982)

Un tome pour les « oeuvres poétiques et dramatiques », sous la direction de Claire Daudin (2014)

A vous de jouer maintenant !

Pour mémoire, l’édition citée est suivie de la mention [par défaut] qui apparaît s’il n’y a pas encore eu de discussion sur le sujet.

En commentaires, libre à vous de :

  • discuter des mérites et défauts des différentes éditions
  • de la place de l’auteur ou de l’oeuvre dans la culture de son temps
  • de l’importance de l’auteur ou de l’oeuvre pour un lecteur contemporain
  • de ce qu’il représente pour vous
  • des livres ou autres sources très recommandables pour comprendre l’auteur / l’oeuvre / son influence
18 réponses
  1. DraaK fut là
    DraaK fut là dit :

    Cher Antoine,
    Vous avez indiqué « La difficulté à trouver une édition « praticable » de ses oeuvres mérite peut-être d’en discuter. »
    L’édition Pléiade n’est-elle pas praticable ?

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Je pense que Péguy est mille fois plus important, intéressant et utile que Romain Rolland.(Quant à la question de l’engagement dans la guerre de 14-18 – car je pense qu’il s’agit de cela ? – si je comprends qu’on soit pacifiste jusqu’à la déclaration de guerre, je ne peux pas comprendre, lorsque l’armée allemande est à une heure de Paris, qu’on soit « au-dessus de la mêlée ».)

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      • DraaK fut là
        DraaK fut là dit :

        Tiens, Domonkos, c’est intéressant. J’ai cité Romain Rolland et encore une fois, vous répondez comme si je l’avais mis sur le même plan que Péguy (comme Moix/Finkielkraut plus bas). Y a-t-il là matière à gratter ?

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  2. Neo-Birt7
    Neo-Birt7 dit :

    L’édition Robert Burac des « Oeuvres en prose complètes » (3 vol., 1987- 1988- 1992) nous laisse au milieu du gué. Si elle présente un texte en principe sûr car reposant sur le(s) manuscrit(s) avec justifications dans l’appareil critique (réduit à l’essentiel) et si elle collecte une assez vaste documentation scripturaire dans les ‘Notices, notes et variantes’, l’insigne faiblesse du commentaire exégétique, qui a permis la réduction de l’appareil scientifique aux proportions caractéristiques des nouveaux volumes de ces dernières années, rend l’exploitation de cet ensemble aléatoire pour le non spécialiste d’histoire de la France de la Belle Epoque. Aucune notice introductive n’est en effet proposée pour les textes péguyens ; les notes de civilisation, de politique, de critique ou d’histoire littéraires sont, au mieux, sporadiques, et ne sont jamais plus absentes que lorsque leur renfort se fait le plus cruellement sentir, en particulier dès qu’il s’agit de l’Affaire Dreyfus ; la personnalité de l’auteur ne fait jamais l’objet de synopses, si bien que son évolution au fil des Cahiers de la Quinainze demeure entièrement hors champ, ce qui est un comble ; enfin, le ‘Répertoire des personnalités’ rejeté en queue de chacun des volumes se compose de rubriques dont le style télégraphique ainsi que la brièveté ne procurent qu’une maigre partie de la mise en place historique nécessaire pour aborder la prose circonstancielle de Péguy. Pour ne rien arranger, le solide index nominum sur lequel se clôt le dernier volume (pp. 1847-2081) conjugue dans l’ordre alphabétique les entrées raisonnées pour les personnes et de sèches rubriques pour les noms de lieux, les institutions, les realia, etc. Je ne sais si Gallimard exigé un cahier des charges par trop draconien (la préface générale mentionne que l’édition était prévue en quatre tomes) ou si Durac n’a pu sans secours extérieur assurer la mise en place historique et culturelle de la prose péguyenne ; en tout cas, son édition ne rend qu’une partie des services que l’on en attendait.

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  3. Antoine
    Antoine dit :

    Bonsoir !

    En guise d’introduction, on pourrait commencer par présenter Péguy. Mais cela prendrait des heures, car il s’agit d’un personnage assez complexe à saisir parce qu’il s’est confronté à bien des intellectuels et idées de son temps. Un bon résumé serait celui-ci : http://charlespeguy.fr/La-cite-harmonieuse
    J’ai eu il y a quelques temps l’envie de m’immerger dans le style et dans les idées de Péguy. En essayant de le faire de manière complète, pas simplement en me confrontant aux quelques livres dont la lecture est assez obscure, à cause des nombreuses références à l’époque. Plus particulièrement, j’ai emprunté « Notre jeunesse » et « L’Argent », deux anciennes publications de la Blanche de Gallimard. Sans note aucune, juste le texte de Péguy. Autant dire que la frustration est assez grande.
    D’après le site précédemment nommé, (ici, plus précisément : http://charlespeguy.fr/bibliographie ) il n’y a eu que deux éditions « complètes » des œuvres de Péguy. La première dans l’ordre « d’importance » est celle de la Pléiade : trois éditions des Œuvres poétiques, deux éditions des Œuvres en prose. Péguy étant avant tout un intellectuel versant dans l’essai, c’est un regret de savoir que la première image de lui qu’a voulu en donner la Pléiade est celle du poète, d’ailleurs peu aimé de ses contemporains (l’exemple de Claudel revient souvent). Mais le fait est que la Pléiade est complète. Après, on peut reprocher la légèreté de l’appareil critique, probablement. Je n’ai pas encore consulté l’ensemble.
    La deuxième édition complète était une édition en 20 tomes réalisée par Gallimard de 1916 à 1955, d’après le site. Elle a totalement disparu de la circulation. Ce qui signifie que le seul corpus complet à disposition du vulgaire lecteur est la Pléiade.
    OR. Car, en fait, cela pourrait ne pas poser problème, il y en a une tripotée d’auteurs qui n’existent sous forme complète qu’en Pléiade (Saint-Simon, pour ne citer que lui). OR dans la recherche littéraire du XXe siècle, Péguy est l’un des trois auteurs du XXe siècle sur lequel il y a eu le plus de thèse. Dans le trio, il y a Proust aussi. Or, on ne saurait pas compter le nombre d’éditions qu’il y a eu de Proust, toutes plus complètes les unes que les autres. Pour Péguy, ce n’est pas le cas. En dehors de la Pléiade, ce sont quelques œuvres en prose isolées qui sont publiées. Et pour les plus chanceux, avec quelques notes.
    L’explication à cela est très simple, c’est un secret de Polichinelle : Péguy est considéré comme un intellectuel nationaliste. La très bonne idée étant de publier ses Œuvres poétiques « complètes » en Pléiade en 1941, afin d’exalter un peu plus les mythes français comme Jeanne d’Arc. Une édition qui a été par la suite plusieurs fois retapée, avant d’en faire une totalement nouvelle, en 2014, dont l’effet n’a pas encore été trop mesuré… Et d’ailleurs, tant qu’on y est à exorciser les démons, Jean Bastaire, dans sa préface à « Péguy tel qu’on l’ignore », excellente anthologie pour celui qui voudrait découvrir Péguy autrement que par son côté « exaltation nationale », disait que H. Guillemin notamment avait fait du mal à l’image de Péguy (n’ayant pas le livre, je ne peux le citer).
    Chacun au cours de ce siècle a donc pris ce qui lui convenait un peu de Péguy pour se l’approprier. Et aujourd’hui, d’autres figures peu sympathiques des médias aseptisés que sont Moix et Finkielkraut.
    Voilà pour ne pas être plus long. La question, le problème, est donc : n’y-a-t-il donc pas d’autre avenir pour Péguy que le papier bible et le cuir ?
    Une note d’optimisme : « Mystique et Politique », une sélection de quelques essais de Péguy réalisée par Alexandre de Vitry et Antoine Compagnon. L’alternative à la Pléiade la plus « praticable ». Un petit regret tout de même que ce soit Bouquins, encore une fois, qui fasse mieux que la Pléiade.
    (Je me réjouis de l’ouverture de cette page, j’y fonde beaucoup d’espoir pour ma découverte de l’auteur.)

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      Note (complètement) marginale : je suis un peu énervé par cet attelage Moix-Finkelkraut ; pour contestable que puisse être le second, sur certains points, il me semble tout de même autrement intéressant que le premier.
      Pour en revenir à Péguy, vous avez raison, il faudrait plusieurs pages pour creuser le problème. Son image souffre d’une certaine malédiction : Jeanne d’Arc (et le FN ?), le nationalisme sur fond de guerre de 14-18 (qui, après avoir été célébrée avec des accents aujourd’hui insupportables à nos coeurs et à nos oreilles, s’est vue, tout aussi excessivement, réduite au rang de simple boucherie sans signification).

      Péguy, l’homme et l’oeuvre, c’est tout de même autre chose que ces images d’Epinal !

      Je ne suis malheureusement pas assez savant pour faire ici l’analyse qu’il nécessiterait, mais j’espère que d’autres pourront et sauront le faire.

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      • DraaK fut là
        DraaK fut là dit :

        Cher Domonkos,
        Une réponse tout à fait marginale : J’ai cité deux noms dans une phrase sans atteler qui que ce soit ; sans les mettre sur un pied d’égalité ni même vouloir les comparer. Je suppose qu’Antoine a repris ces noms de la même manière.

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        • Domonkos Szenes
          Domonkos Szenes dit :

          Je plaide les circonstances atténuantes : mon léger énervement provient du fait que l’un des deux m’est particulièrement insupportable et la seule vue de son nom me fait voir rouge.

          Répondre
          • DraaK fut là
            DraaK fut là dit :

            Le plus triste chez Yann Moix, est que sa vie littéraire est l’histoire d’un gâchis. Ses premiers romans sont extrêmement prometteurs. « Les cimetières sont des champs de fleurs » et surtout « Jubilation vers le ciel » sont vraiment bons ; et j’assume cet enthousiasme. Mais foin de Moix, retournons à Péguy ; je sens qu’Antoine se décompose.

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            • Domonkos Szenes
              Domonkos Szenes dit :

              Gâché par le succès et la facilité, sans doute – et hélas. Tant pis (ça ne veux pas dire que je crache sur le succès, on peut être aussi gâché par l’échec).

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              • Domonkos Szenes
                Domonkos Szenes dit :

                Au fait, il conviendrait peut-être (en tous cas, je vous y autorise de bon coeur et même vous y encourage) de supprimer ces échanges sur des questions fort marginales, qui, pour le lecteur curieux, simple passager, risquent d’encombrer le site et atténuer la mise en lumière du commentaire de NéoBirt7 qui est autrement pertinent que mes petites sautes d’humeur.

                Répondre
  4. Antoine
    Antoine dit :

    Bonsoir !

    Un court message pour relancer un peu. J’ai été piqué d’intérêt de voir l’émission de Guillemin. Il est possible que je l’aie vue un jour. Mais cette fois-ci, je n’ai pu aller au-delà des 10 minutes, il y a effectivement quelque chose de dérangeant, cette fascination pour des aspects marginaux des grands hommes peut-être.
    N’ayant pas Péguy sur moi, j’ai décidé de m’y prendre d’une autre manière et d’explorer les références de celui-ci que je suis loin de maîtriser. J’ai lu ainsi, je ne sais plus trop où, ce qui est gênant, que Péguy, bien avant d’être poète, est pétri de philosophie, d’où sa fibre d’essayiste. Ses trois influences sont Descartes, Pascal et Bergson, ce dernier étant son contemporain direct. Il était grand admirateur de Bergson, et Bergson le lui rendait bien, car il estimait que c’était Péguy qui, à cette époque, avait le mieux compris ses thèses (peut-être que d’autres par la suite auront ce privilège, je ne sais). J’ai donc choisi de me replonger dans Pascal, ce qui effectivement est revigorant.
    Autre remarque, relative cette fois aux lecteurs de Péguy. Il y en a un autre qui l’a abondamment cité dans son essai « Scandale de vérité », c’est Bernanos. Il peut être opportun de faire la remarque ici, que Bernanos et Péguy, bien qu’estampillés « intellectuels nationalistes », ont une grande différence stylistique : Bernanos, du peu que j’ai lu, n’hésite pas à être très cru dans ses insultes, alors que Péguy, lorsqu’il se veut cruel, le fait plus subtilement. Malheureusement (ou heureusement), cette subtilité s’accompagne d’une sorte de mauvaise foi de Péguy, c’est-à-dire que lorsqu’il se décide à s’acharner sur quelqu’un, il le fait presque en dépit du bon sens. L’exemple emblématique est Jaurès, qu’il admirait avec ferveur pendant sa jeunesse, mais qui s’est, selon Péguy, laissé abuser par l’unification des partis socialistes. Chacun jugera s’il avait tort ou raison.

    Répondre
  5. Restif
    Restif dit :

    Sur Romain Rolland , on comprend encore moins qu’il ait été unj docile laudateur de Staline. Voir son entretient. Il faut lire sa Lettgre à Staline, et comment sous les airs d’un partisan de l’humanisme il avalise les bobards sur les « calomnies » à l’égard de l’Urss. Et il faut voir la date ! 1937. La Terreur pure. On est loin de Péguy? Pas tant que ça. Péguy fut toujours impeccable sur tous ces plans/. De plus, c’est un prodigieux écrivain, un sublime styliste avec ses phrases qui s’élancent les unes derrières les autres, ces guirlandes de mots qui foisonnent, se reprennent, reculent, sautent d’un bon vers l’avant en une danse du logos purement admirable. Lire le début de « Clio, dialogue avec l’histoire »
    Déjà cet extrait de « ànous ais, à nos abonnés » qui ne vaut pas Clio : » Nous sommes une génération sacrifiée. Nous ne sommes pas seulement des vaincus, une génération vaincue. Cela ne serait rien. Il y a des défaites glorieuses, des désastres retentissants, plus assis, qui fixent mieux la gloire, plus beaux, plus admis, plus commémorés que n’importe quel triomphe. Mais notre défaite est la pire de toutes, une défaite obscure, et nous ne serons pas même méprisés : nous serons ignorés ; tout au plus nous serons peut-être grotesques. Il y a des défaites, Waterloo morne plaine, qui plus que des victoires, plus
    Ah, si j’y a arrive, un morceau de Clio, le tout début :  » •
    — J’ai fait, dit-elle, (comme) soucieuse, et se parlant à elle-même tout en commençant de m’adresser la parole ; ruminante en soi-même ; mâchant des paroles de ses vieilles dents historiques ; marmottante ; marmonnante; mâchonnante ; soucieuse, ayant pris soudain un air sérieux, comme pour de rire, les sourcils froncés,e front froncé, j’ai fait ce travail moi-même. On
    n’est jamais si bien servi que par moi-même. J’ai (donc). fait cette recherche. C’est mon office et mon métier et ma raison d’être et mon ministère. C’est ma force et ma joie et mon pilier d’airain! Faire une recherche,faire des recherches, mots voluptueux ; tout pleins,tout gonflés des promesses ultérieures. J’ai tant prescrit de recherches, j’en ai tant fait faire à ces jeunes hommes, mes jeunes hommes, qu’il fallait bien que j’en vinsse à mon tour à en faire encore une moi-même.Sombre fidélité pour les choses tombées. Après ce sera peut-être ma fin. Mots voluptueux, tout pleins de mémoires, tout pleins de souvenirs, tout gonflés des anciennes promesses, des voluptés anciennes, des anciennes promesses (à développement) ultérieures. Je me croirais encore au temps de ma vieillesse.avantageusement, se fixent dans les mémoires des hommes, dans la commune mémoire de l’humanité. Nous serons mesquins, nous serons petits, nous serons ordinaires, nous serons moyens, ou plutôt nous ne serons pas du tout. On ne s’occupera pas de nous. Nous passerons inaperçus »

    *pour la lettre de Rolland : http://www.gabrielperi.fr/lettres-de-romain-rolland-%C3%A0-staline-correspondance-in%C3%A9dite-1935-1937.html

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    • Domonkos Szenes
      Domonkos Szenes dit :

      A la lecture de ces lettres de R. Rolland, on « hallucine », pour parler djeune : est-ce sincère ou est-ce une blague de la part de Rolland ? Ses lettres se présentent comme une défense et illustration de Staline et de l’URSS, à grand renfort de palinodies et de plate courtisanerie, mais on peut tout aussi bien les lire comme le pire des réquisitoires ! A se demander s’il ne s’agit pas d’une ruse d’un prétendu ami, en réalité secrètement vendu à l’ennemi de classe. Dans tous les cas, ces lettres sont du genre à accabler leur auteur d’un déshonneur dont on ne se relève pas.
      Déjà que, en « qualité » d’écrivain…
      ………………………………………………………..
      Bravo, Restif, de faire entendre la voix magnifique de Péguy.

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  6. Restif
    Restif dit :

    Pardon , pour l’écrivain Péguy, voilà le texte entier « A nos amis, à nos abonnés », Cahiers de la Quinzaine, treizième cahier de la dixième série, 1909, p. 24.
    Nous sommes une génération sacrifiée. Nous ne sommes pas seulement des vaincus, une génération vaincue. Cela ne serait rien. Il y a des défaites glorieuses, des désastres retentissants, plus assis, qui fixent mieux la gloire, plus beaux, plus admis, plus commémorés que n’importe quel triomphe. Mais notre défaite est la pire de toutes, une défaite obscure, et nous ne serons pas même méprisés : nous serons ignorés ; tout au plus nous serons peut-être grotesques. Il y a des défaites, Waterloo morne plaine, qui plus que des victoires, plus avantageusement, se fixent dans les mémoires des hommes, dans la commune mémoire de l’humanité. Nous serons mesquins, nous serons petits, nous serons ordinaires, nous serons moyens, ou plutôt nous ne serons pas du tout. On ne s’occupera pas de nous. Nous passerons inaperçus.

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